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TOYER-Tuer n’est jouer

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Toyer (le Joueur, en français) est un tueur en série qui sévit à Los Angeles. Il a déjà 9 victimes à son actif: 9 jeune femmes qu’il n’a pas violées, qu’il n’a pas tuées mais qu’il a plongées dans le coma, les transformant en légumes pour le reste de leurs jours. Le Docteur Maude Garance est la physiatre (et non pas psychiatre!) qui s’occuppe de ces « patientes » au Centre Kipness. Elle est veuve, séduisante et hait Toyer pour ce qu’il a fait à ses victimes. Sara Smith est journaliste à l’Herald. Elle enquête sur Toyer et cherche LE scoop. Elle va proposer à Maude une association pour stopper le monstre. Pendant ce temps-là, Telen Gacey, une jeune aspirante actrice s’installe à L.A. Le chemin de ces trois femmes va croiser celui de Toyer.

Voilà certainement le roman de « serial-killer » le plus brillant, tordu et dérangeant depuis le Dragon Rouge de Thomas Harris. Il est dû à Gardner McKay. Un type trés éclectique:skipper, éleveur de lions, sculpteur, animateur de radio, acteur ( il a joué le Capitaine Troy dans la série Aventures dans les îles) et écrivain! Toyer a été publié en 1998 aux U.S.A et seulement l’année dernière en France! Un retard fort dommageable vu que McKay est décédé en 2001, à l’âge de 69 ans. Enfin, mieux vaut tard que jamais!

L’histoire est passionnante. Les 760 pages se lisent toutes seules. On ne s’ennuie jamais. Le suspens est constant, pas une seule baisse de rythme. Mais ce n’est pas un thriller traditionnel. Oh, non! Déjà, c’est le portrait le plus intime et fidèle d’un tueur en série qu’on ai lu depuis belle lurette. La plongée directe et totale dans l’esprit d’un détraqué. On saura tout de Toyer. Son trauma (bouleversant) qui le pousse à tuer, ses névroses, ses doutes et…son amour. McKay nous balance son identité à la moitié du livre. Mais le suspens est ailleurs. Et l’histoire emprunte des routes sombres, mal éclairées et originales.

C’est une danse de mort et de séduction entre Toyer et le docteur Garance. Fascination, répulsion, amour, haine. Un combat ou le plus déterminé et retors n’est pas forcement celui qu’on croit. Cela culminera lors du final, hallucinant de tension, qui s’étire sur prés de 200 pages! Un véritable miracle narratif. Et un voyage dont on ne sort pas indemme.

Le style de McKay est hallucinant. On croirait du James Ellroy: rapide, sec, nerveux et précis comme une lame de scalpel. Il rentre dans la psyché de ses personnages et nous livre leurs pensées les plus intimes. Du voyeurisme littéraire. D’ailleurs le voyeurisme est un thème central du roman, Toyer épiant ses futures victimes dans leur intimité. Quand on sait que Brian DePalma, autre grand adepte du voyeurisme, planche sur une adaptation ciné du bouquin, on salive d’avance  tant ce bouquin est fait pour lui!

Enfin, c’est un roman trés sexuel. Le sexe y est trés important: fantasmes, passages à l’actes brutaux mais aussi romance et passion. Parfois, c’est trés indécent. Si vous êtes prude, passez votre chemin! Ah oui, le lectorat de Marc Lévy va tirer la tronche, c’est sûr!  McKay n’hésite pas à tordre le cou aux clichés, en montrant, par exemple, une héroïne que son veuvage a frustré sexuellement. DePalma étant aussi un obsédé sexuel (dans ses films, hein! Je ne me permettrais pas sinon!), on attend son adaptation de pied ferme!

Toyer est une bombe. Un bouquin monstrueux qui, tel Le Dahlia Noir de James Ellroy, vous ravage le coeur et l’esprit. Note: 17/20

Toyer de Garner McKay, Le Cherche Midi éditeur, 2011

30 mars, 2012 à 15 h 18 min


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