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BEETELJUICE-Les autres (1988)
Résumé: Adam et Barbara Maitland (Alec Baldwin et Geena Davis) sont un jeune couple installé dans un petit village du Connecticut. Victimes d’un accident de la route, causé par un chien, ils meurent. Ils reviennent, en tant que fantômes, dans leur maison. Mais de nouveaux propriétaires, bruyants et horripilants, s’installent. Même si ils se lient d’amitié avec la fille de la famille, Lydia (Winona Ryder), ils décident de chasser les intrus de leur demeure. N’y parvenant pas seuls, il décide de faire appel à un « bio-exorciste », Beetelgeuse (Michael Keaton). Malheureusement, ce dernier s’avère être une vraie calamité doublé d’un escroc…
Contexte: Il s’agit du deuxième long-métrage de Tim Burton, après Pee Wee Big Adventure, en 1985. Malgré le succés de ce dernier, Burton doit encore prouver son talent à la Warner Bros s’il veut réaliser l’adaptation de Batman que prépare le studio et qui l’intéresse. Il tombe par hasard sur un scénario signé de l’écrivain Michael McDowell et propose à la Warner de le réaliser. Le deal est accepté et Burton recoit 13 millions de dollars de budget dont un seul consacré aux effets spéciaux. Malgré des réécritures de scénario demandées par le studio, Burton boucle son tournage en trois mois et parvient à livrer son film. Beeteljuice sera un succés, remportant 73 millions de dollars aux Etats-Unis, permettant à Burton de réaliser Batman.
Décryptage: Il est remarquable de considérer que Beeteljuice contient toutes les obsessions et les thèmes fétiches de Tim Burton, alors que ce n’est que son second long-métrage. En plus de livrer l’une des meilleures comédies fantastiques de ces 25 dernières années, Tim Burton parvient à imposer un style et un univers uniques dans leur genre.
Tout d’abord, comme dans nombre de ses films, les personnages principaux sont des inadaptés sociaux qui vivent en marge du monde. Bien qu’étant propriétaires et gérants de la quincallerie du village, Adam et Barbara vivent à l’écart, sur une colline où se dresse leur demeure. Une demeure isolée qui surplombe le reste de la ville? Bigre, voilà qui rappelle le château d’Edward (Edward aux mains d’argent), le manoir de Bruce Wayne dans les Batman ou l’usine de Willy Wonka dans Charlie et la Chocolaterie!
Adam est aussi une sorte d’artiste. Dans son grenier, il a reconstitué le village dans une somptueuse maquette, dévoilée dans le magnifique générique d’ouverture sur la musique de Danny Elfman. Comme pour Edward, Ed Wood ou Willy Wonka, l’artiste est un solitaire qui exerce son art loin du monde extérieur, tel un incompris. A travers ce type de personnage, c’est un véritable autoportrait que nous livre Tim Burton. Barbara, quant à elle, se passionne pour les oiseaux. Mais ce couple ressent un manque dans son existence: ils n’arrivent pas à avoir d’enfant. La mort les privera de cette joie. Mais ils se trouveront une fille de « substitution » avec Lydia. « Je veux rester avec Lydia » avouera Barbara à Adam.
Personnage étrange et attachant que cette Lydia! Interprétée à la perfection par une Winona Ryder touchante et espiègle, le personnage est pourtant sombre: une ado gothique dépressive et suicidaire, attirée par la mort. Elle envisage même de mourir pour rejoindre ses nouveaux amis. Burton fut lui même un ado solitaire, préférant regarder des films d’horreur plutôt que de fréquenter ses contemporains. Lydia rappelle fortement Vincent, le petit garçon du court-métrage éponyme de Tim Burton.
Mais le père et la belle-mère de Lydia, Charles et Dehlia Deetz, sont aussi des marginaux dans leur style. Lui est un homme d’affaires qui veut simplement se reposer dans son bureau, loin du stress de la ville. Elle est une sculptrice. Encore une artiste à part, d’ailleurs, tant ses oeuvres sont morbides et hallucinées! Tous les personnages de Beeteljuice sont des marginaux. Les morts de l’au-delà vivent dans un monde à part où ils passent leur temps dans des espaces administratifs (l’administration est-elle synonyme de mort pour Burton?) ou à hanter leurs anciennes demeures sans que les vivants ne les voient, comme Adam et Barbara. Seul Lydia les voit car elle se définit elle-même comme quelqu’un d’étrange.
Beetelgeuse (Michael Keaton dans un rôle de dément! Lubrique, paillard, bref, hilarant!) est lui-même un rejeté . Rejeté par les morts parce que c’est un escroc qui ne pense qu’à 2 choses: revenir parmi les vivants (les morts étant des exclus, revenir à la vie est une hérésie!) et…le sexe! Même si le personnage est maléfique, il est trés drôle et annonce le Joker du Batman.
Beeteljuice reste un film « positif ». Car les époux Maitland et Deetz finiront par apprendre à se connaître et à vivre ensemble . Etre accepté et accepter l’autre: une constante dans l’oeuvre de Burton. Si les marginaux et les associaux sont rejetés par l’humanité, ils ne doivent pas rester seuls et doivent vivre ensemble pour être plus forts contre le monde extérieur. C’est ce qui arrive aussi à la fin de Mars Attacks! ou Charlie et la Chocolaterie.
Et le film se finit sur la lumineuse Winona Ryder dansant et chantant dans les airs. La petite fille solitaire et angoissée s’est ouverte au monde et aux autres et a guéri de son trauma grâce à deux fantômes bienveillants.
Beeteljuice malgé son humoir noir et son univers macabre assumé, reste une comédie drôle mais aussi trés émouvante. Le film est devenu culte depuis.
Beeteljuice (1988) de Tim Burton, avec Alec Baldwin, Geena Davis, Winona Ryder et Michael Keaton. En dvd Zone 2 chez Warner.
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