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MONSTRES ET MERVEILLES (1987)-Il était une fois

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Le conteur (John Hurt) et son chien (Brian Henson)

 

Résumé: Dans un château quelque peu délabré, un vieil homme (John Hurt) raconte des histoires à son chien, au coin du feu.

Liste des épisodes: 

1- Le géant sans coeur

2- La quête de la peur

3-Le soldat et la Mort

4-La promise

5-L’enfant de la chance

6-Les trois corbeaux

7-Une histoire en moins

8-Hans Pique-doux

9-Belle Chagrin

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Le splendide griffon de L'enfant de la chance: amateur de chair humaine!

 

Contexte: En 1986, Jim Henson (créateur du Muppet Show et de Fraggle Rock) sort fatigué de l’aventure Labyrinth, son deuxième long-métrage de fantasy aprés Dark Crystal. Labyrinth s’avère être un échec artistique et commercial. Et surtout, Jim Henson se montre déçu de sa collaboration avec George Lucas, le producteur du film. Un Lucas qui oriente le projet du côté de la comédie familiale un peu lourde, alors qu’à l’origine il s’agissait d’une version sombre d’Alice au Pays des Merveilles. De plus, la rumeur (largement confirmée par des témoins de l’époque) veut que Lucas ait complétement remonté le film en post-production. Bref, Henson est esseulé aprés cette malheureuse expérience. Pour rebondir, il se tourne vers la petite lucarne qui lui a déjà tant apporté. Il s’associe avec le producteur Duncan Kenworthy, qui produira par la suite Quatre Mariages et un Enterrement (1994) ainsi que le téléfilm Les Voyages de Gulliver (1996). Les deux hommes se sont rencontrés sur Dark Crystal où Kenworthy était producteur associé. Ce dernier a toujours été intéressé par l’univers des contes de fée, en particulier ceux des frères Grimm. Il propose à Henson de travailler avec lui sur une série adaptant ces contes. Henson, lui aussi amateur de fantasy, accepte. Il devient le producteur éxécutif de la série, en supervisant tous les aspects narratifs et visuels  avec la collaboration du designer Brian Froud, son « bras droit » sur Dark Crystal et Labyrinth. Les effets spéciaux, et notamment les créatures en animatroniques (marionnettes animés  »à la main » et avec des mécanismes) sont confiés à la boîte de Jim Henson, le Henson’s Creature Shop. Les adaptations sont signées par le scénariste Anthony Minghella (futur réalisateur du Patient Anglais). Côté réalisation, Jim Henson en signe deux (Le géant sans coeur et Le soldat et la Mort), les autres sont assurées par Steve Barron (épisodes 2, 8 et 9), Peter Smith (La promise), Jon Amiel (L’enfant de la chance) et Charles Sturridge (Une Histoire en moins). Côté casting, le conteur est joué par John Hurt (Elephant Man, Midnight Express, Alien) et son chien par Brian Henson (fils de Jim) qui s’occuppe de son animation et de son doublage vocal.  Pour le reste, on croise des comédiens encore peu connus (tels Sean Bean) ou d’autres qui commencent à se faire un nom (Brenda Blethyn, Miranda Richardson, Jonathan Pryce ou Philip Jackson). 9 épisodes sont donc tournés. Malheureusement, la série fait un flop (du moins aux USA). Son coût, trop élevé, la condamne. Il n’y aura pas de suite. Sauf une brève résurrection en 1995, les Mythes Grecs, avec Michael Gambon en lieu et place de John Hurt. Mais là aussi, ça ne marche pas. Par contre, la série rencontre un petit succés en Europe, et devient un peu culte. En France, elle fut diffusée pour la première fois, en décembre 1987, dans la dernière saison de Récré A2 (présentée par Marie Dauphin, Charlotte Kady et Alain Chauffour). C’est là que votre serviteur la découvrit.

A noter que le titre original de la série est The Storyteller, littéralement le raconteur d’histoire, le conteur donc!

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Un trés étrange monstre aquatique (La quête de la peur)

 

Décryptage: Il y a une chose qu’on ne pourra jamais ôter à Jim Henson: c’est sa volonté de ne jamais prendre les enfants pour des crétins (comme Hayao Miyazaki d’ailleurs). L’humour non-sensique du Muppet Show est là pour le prouver. Monstres et Merveilles ne fait pas exception à la règle. Car ce qui fait d’abord la réussite de la série c’est que la noirceur des contes originels n’est jamais éludée et édulcorée. Les thèmes abordés par la série sont sérieux et n’ont rien de joyeux: inceste, infanticide, mort, pouvoir qui corrompt, innocence perdue (passage enfance/âge adulte), etc. Le traitement est donc adulte et un peu sombre. Mais Henson veut parler à toute la famille et surtout aux enfants. L’aspect merveilleux et le plaisir enfantin des contes ne sont jamais sacrifiés pour autant. Henson veut simplement montrer aux enfants la cruauté du monde qui les entoure, tout en les enchantant. La preuve avec Le Géant Sans Coeur où un enfant fait la douloureuse expérience de la trahison en amitié ou avec La Promise où une jeune fille est séquestrée par un troll qui en a fait son esclave (violence domestique). L’inceste dans Belle Chagrin et l’infanticide des Trois Corbeaux montrent aussi la cruauté du monde. Mais il y a surtout Le soldat et la Mort (sans conteste le meilleur épisode de la série) où Jim Henson apprend aux enfants que la mort fait partie de la vie et qu’il faut l’accepter sous peine de vivre dans la folie. On est trés loin de Walt Disney!

Sur le plan visuel, la série est un enchantement de tous les instants. Les créatures comptent parmi les plus belles sorties des ateliers Henson: un suberbe griffon, des Trolls hideux, un fort étrange monstre aquatique, un magnifique lion blanc, des diablotins inquiétants et drôles, un homme coupé en deux, un géant inquiétant,un curieux homme-hérisson… Mais surtout, il ya le chien du Conteur, doué de la parole: un peu poltron, un peu bougon mais terriblement attachant. Son duo avec le Conteur est irrésistible. Celui-ci est campé de façon impériale par John Hurt. Mais c’est la V.F qui est incroyable: la voix, grave, mélodieuse et hypnotisante de Jean Barney colle admirablement bien à la voix du Conteur. Mais la plus étrange créature de cette série est la Mort elle-même: loin de l’image d’Epinale de la Grande Faucheuse, elle prend içi les traits d’un être petit au visage rond et peu effrayant. Et c’est là que réside toute l’originalité de ce concept.

Au niveau de la réalisation, tout est parfait. Henson souhaitait appliquer les techniques du cinéma à la télévision. D’ailleurs l’effet le plus remarquable est souvent employé au cinéma (notamment dans Millenium Actress de Satoshi Khon ou Keoma de Enzo G. Castellari): c’est l’interraction entre fiction et réalité dans un même plan. C’est à dire que quelquefois, le Conteur et son Chien sont projetés brièvement dans l’histoire au milieu des personnages. D’ailleurs, dans Une Histoire En Moins, le Conteur raconte un épisode de sa vie passée, ce qui nous vaut un petit plan-séquence astucieux où il marche dans la salle de son château…pour se retrouver dans l’histoire qu’il va nous narrer (logique vu qu’il en est le personnage principal).

Monstres et Merveilles est sans conteste l’une des plus belles séries fantastiques des années 80. Dommage que son édition DVD, en 2004, chez LCJ édition, se soit révélée aussi catastrophique: image non retravaillée (ce qui nous vaut des pixels par moments), son 2.0 mono faiblard (un conseil: poussez le volume à fond!), pas de VOSTF ni de VO (scandale!), quant aux bonus, passons cette hérésie sous silence… C’est simple, ce n’est qu’une mauvaise copie de VHS. Mais c’est la seule façon de revoir cette merveille.

Monstres et Merveilles (The Storyteller), 3 DVD (3 épisodes par dvd), zone 2, LCJ édition   

Le chien du Conteur: un peu poltron, un peu bougon, mais trés attachant!

 

 

 

 

 

19 mai, 2012 à 9 h 26 min


Un commentaire pour “MONSTRES ET MERVEILLES (1987)-Il était une fois”


  1. lefeuvre écrit:

    Bonjour,
    je suis conteur et admiratif de cette série. Ces imaginaires ouvrent l’intelligence et ce choix artistique de quelques uns (peu nombreux)
    pour ces histoires là doit être reconnu comme salvateur.

    Yannick

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