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COSMOPOLIS-Le blues du businessman

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Robert Pattinson en pleine crise, existantialiste et économique.

 

Un nouveau film de David Cronenberg est toujours un évènement. Le réalisateur canadien fait partie de ces cinéastes fascinants dont l’oeuvre, riche et variée, suscite l’admiration ou le rejet, selon ses goûts. Mais il y a un avant et un après Spider (2002) chez lui. En effet, depuis 10 ans, Cronenberg a laissé de côté les films trashs, gores et psychanalytiques ( Rage, Chromosome 3, Scanners, Videodrome, La Mouche, Faux Semblants, Crash,…) pour une forme de cinéma plus mainstream, plus accessible mais toujours aussi froide, clinique et….psychanalytique comme le prouve son avant-dernier film, A Dangerous Method (2011). Certains fans de la première heure ont crié à la trahison. Il est vrai que le cinéma de Cronenberg a un peu perdu en viscéralité mais il demeure passionant et finalement pas aussi « commercial » et « grand public » que ça (voir A History of violence et Les Promesses de l’Ombre pour s’en convaincre).

Cosmopolis nous relate 24 heures de la vie d’un golden-boy millionaire (Robert Pattinson) dans un New-York en plein apocalypse de rue (manifestations anti-capitalistes assez violentes). Le monde de notre riche ami va peu à peu se fissurer et s’écrouler. Tout l’intérêt de Cosmopolis est que l’action, pour les 3/4 du long-métrage, se déroule dans la limousine du « héros ». Un véritable monde en lui-même, clinique, aseptisé et ne laissant filtrer aucun bruit du monde extérieur. On voit là la métaphore évidente d’un capitalisme devenu fou et complètement déconnecté du monde réel. De ce point de vue la réalisation de Cronenberg est magistrale. Le canadien arrive à rendre passionant et fascinant les échanges à l’intérieur de cette limousine en variant les cadres et les positionnements des personnages à l’intérieur avec une certaine aisance. D’un point de vue purement formel, Cronenberg réussit son pari.

D’un point de vue thématique, le film est aussi assez réussi. Comme dit plus haut, c’est une charge contre nos sociétés capitalistes et cet univers de la finance qui régente le monde sans le connaître. Le protagoniste principal est un être froid et dénué de sentiments véritables. Il est complètement déconnecté de la vie, dans sa limousine. Son mariage avec une riche héritière est un mariage sans émotion, sans sexe, sans rien du tout en fait!  Il reçoit sa maîtresse (Juliette Binoche) dans sa limo pour avoir une relation sexuelle parce qu’il lui faut du sexe. Ses collaborateurs subisssent le même traitement. C’est un univers triste mais faut-il plaindre un individu pareil qui s’avérera dénué de tout sens moral et de tout sens des valeurs? Cronenberg nous laisse seuls juges.

Il y a aussi pas mal d’humour, souvent noir, dans le film: l’obsession du « héros » d’aller chez le coiffeur malgré les manifestations et les menaces de mort qui pèsent sur lui, une oscultation de la prostate hilarante, certaines répliques absurdes, un personnage d’entarteur (Matthieu Amalric) plus obsédé par le fait d’entarter que de délivrer un quelconque message, etc. Il y a une scène de baise entre Pattinson et une garde du corps assez étrange où le golden-boy essaie de ressentir quelque chose en enjoignant sa partenaire à l’allumer avec son taser. Surtout, il y a  la scène chez le coiffeur, décalée et…émouvante car on a la sensation de voir la mort d’un monde entier, happé par le capitalisme moderne.

Mais pas d’angélisme chez Cronenberg. Les quelques manifestants anti-capitalistes étant trés violents (tentative d’assassinat brutale sur le directeur du FMI en pleine interview télévisée) ou un peu dérangés (les manifestants « aux rats »). Enfin, la « némésis » du golden-boy, un ancien employé revanchard (excelllent Paul Giametti) s’avère être assez pitoyable: un homme seul, broyé par le système et basculant dans la folie.

Malheureusement pour le spectateur, Cronenberg a choisi d’adapter à la lettre le roman de Tom DeLillo dont le film est tiré. Ce qui se traduit par le fait que Cronenberg a laissé tels quels toutes les répliques du livre. Or, la plupart sont assez obscures et incompréhensibles. Et elles nous passent complètement au-dessus de la tête! Ajoutez à cela que nous sommes face à un film qui ne raconte pas une histoire mais qui nous montre des échanges entre des personnages et vous obtenez un résultat certes fascinant, assez drôle et sombre mais aussi long et chiant, il faut bien le dire! Au détour de scertaines scènes longuettes, le spectateur baille et ferme ses yeux. Et c’est dommage car le film se tient et demeure assez réussi. Allez comprendre!  En tout cas, vous êtes prévenus!

Et Robert Pattinson? Il joue bien mais comme il ne devait pas comprendre la moitié de ses répliques, il joue avec un air absent ce qui, paradoxalement nourrit le côté déshumanisé du personnage. Note (du film, pas de Robert!): 12/20

Cosmopolis de David Cronenberg, avec Robert Pattinson, en salles depuis le 25 mai.

27 mai, 2012 à 15 h 09 min


Un commentaire pour “COSMOPOLIS-Le blues du businessman”


  1. Zig Zag écrit:

    Pas accroché du tout, l’ennui mortel du motel dans toute sa splendeur et décadence réunies, ma note 6/20.

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