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SCREAM (1996)-La nuit du cri

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Casey (Drew Barrymore) menacée par un tueur invisible mais pourtant proche.

Résumé: Un tueur masqué cinéphile, fan de films d’horreur, terrorise les adolescents de la ville de Woodsbooro. Ses armes: un téléphone et un grand couteau.

Contexte: Le slasher-movie est un sous genre bâtard du cinéma d’horreur. Il s’agit d’un film où un tueur masqué décime un groupe de jeunes adolescents (généralement bien cons) à l’arme blanche. Il est né avec les films Black Christmas (1974) de Bob Clark et surtout Halloween (1978) de John Carpenter. L’énorme succés de ce dernier va donner naissance à toute une série de suites et de copies, plus ou moins inspirées. La mode du slasher-movie est née. Ces films ne coûtent rien aux producteurs et leur rapportent beaucoup d’argent. Jusqu’en 1985, la formule est gagnante, avec des titres comme Le Bal de l’Horreur, Massacre dans le Train Fantôme, Vendredi 13,etc. Mais à partir de 1985, le jeune public se lasse et se détourne du slasher. Le genre ne fait plus recette et les films sont de plus en plus nuls. Le slasher va lentement mourir.

Mais tout va changer en 1995. Un jeune scénariste américain ,au chômage, décide d’écrire un slasher. Son nom: Kevin Williamson. Fan du chef d’oeuvre de John Carpenter, Halloween donc, il décide d’écrire LE slasher des années 90, adapté au public jeune de l’époque: la génération MTV. Il accouche d’un scénario baptisé A Scary Movie (« Film Effrayant » en v.f) et fait le tour des maisons de production avec. Et là, tous sont soufflés par la qualité du script. Les propositions affluent. Oliver Stone (oui, celui de JFK!) s’intéresse même au projet. Mais Williamson ne donne pas suite car on lui demande d’édulcorer son histoire, ce qu’il refuse. Finalement, l’offre la plus alléchante vient des fréres Weinstein et de leur filiale fantastique, Dimension Films. Le script sera filmé tel quel. Seul le titre change: Scream (« cri »). Wes Craven, le papa de Freddy himself, est chargé de la réalisation. La suite entre dans l’histoire. Scream sort le 25 décembre 1996 aux States et devient le premier film d’horreur à franchir la barre des 100 millions de dollars de recettes sur le sol américain. En France, à sa sortie durant l’été 97, il fera prés de 2 millions d’entrées.

Le film devient culte pour toute une génération. Il relance l’industrie moribonde du film d’horreur. Son succés a encore des répercussions aujourd’hui. Il a aussi donné naissance à une courte vague de néo-slashers (Souviens-toi l’été dernier, Urban Legend) qui s’est rapidement échouée sur le rivage. Mais surtout, Scream connaîtra trois séquelles. Deux autres succés au box-office: le sympathique et réussi Scream 2 (1997) et le trés mauvais Scream 3 (2000). Et un échec cuisant et injuste pour l’excellent Scream 4 (2011).

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Les jeunes héros de Scream.

Décryptage: Dés la première scéne, le film prend le spectateur à la gorge et ne le lache plus. Dans une maison, une jeune fille (incarnée par Drew Barrymore) passe la soirée seule, ses parents étant sortis. Elle reçoit le coup de téléphone d’un inconnu qui semble, de prime abord, se tromper de numéro. Finalement, ils sympathisent et flirtent gentiment. Mais cet inconnu se révèle être un psychopathe. Il va terroriser la pauvre lycéenne. Il lui pose des questions sur les films d’horreur. Si elle ne répond pas, elle meurt. Longue d’une douzaine de minutes, cette scène est un modèle du genre. On suit la jeune fille dans sa maison. On sursaute avec elle. La tension est à son comble. Craven en profite pour donner une leçon de mise en scène: le suspense est rigoureux et l’espace trés bien utilisé. On est proche de Alfred Hitchcock. D’ailleurs, le film aura une autre référence au cinéma de Hitch, au début de l’acte final. Mais la première scène de Scream se finit d’une façon éprouvante, violente et dramatique. A ce jour encore, elle demeure une référence dans le cinéma d’horreur, au même titre que le prologue du Halloween de Carpenter.

Le reste du long-métrage tient toutes ses promesses et marche admirablement sur deux tableaux. D’abord, Scream est un slasher rigoureux, pur et dur avec tueur masqué et énigme quant à son identité. On soupçonne tous les personnages que l’on rencontre. Chaque entrée dans le champ, chaque réplique, chaque regard peut-être interprêté comme un indice et alimente la paranoïa des protagonistes et du spectateur. De plus, le film reprend les personnages-types du slasher: la jeune vierge courageuse (formidable Neve Campbell), son fiancé taciturne (l’extraordinaire Skeet Ulrich), le copain blagueur (Matthew Lillard), le lycéen cinéphile (Jamie Kennedy), la bimbo (Rose McGowan), l’adjoint benêt du shériff (hilarant David Arquette), la journaliste arriviste (Courteney Cox). Les meurtres sont assez brutaux (mais les auteurs iront plus loin dans les opus suivants, surtout le 4), les apparitions du tueur font sursauter. Le suspense est total jusqu’au twist final, assez inattendu et malin.

Mais ce qui distingue Scream, c’est son humour…trés noir! Williamson a brillament anticipé le fait que les spectateurs connaissent les codes du slasher-movie et sont blasés. Ses personnages seront donc le reflet de ce public. Ils commentent les films d’horreur, se moquent de leurs clichés et se prétendent plus malins que le tueur. C’est une erreur car ce qu’ils vivent est bien réel. Un meurtre n’est pas une blague et reste choquant. D’autre part, les personnages sont eux-même les protagonistes du genre de films dont ils se moquent. La mise en abîme est assez futée. Et finalement, ils feront les mêmes erreurs que les victimes des films d’horreur, des erreurs qu’ils prétendaient ne pas commettre. Et voilà quel est l’angle d’attaque de Wes Craven et Kevin Williamson: se moquer d’un genre, en proposer une critique et une relecture tout en faisant un film classique du dit genre. Le second degré règne en maître. Par exemple, Sidney (Neve Campbell) fustige les blondes stupides qui se réfugient à l’étage au lieu de sortir de la maison. Quand le tueur l’attaquera, ….elle montera à l’étage. Quant à la blonde de service, elle s’avérera plus coriace que le tueur ne le croyait!

La dernière partie de Scream va plus loin dans la mise en abime. Durant une fête, le tueur va frapper alors que les jeunes regardent Halloween en v.h.s. Et Craven de calquer son rythme sur le film de Carpenter, en utilisant les ressorts et bien sûr la musique, içi en fond sonore. Ce qui ne se passait qu’à l’écran vient de contaminer le réel. Craven poursuit le travail qu’il avait commencé avec le brillant Freddy sort de la Nuit (1994). Sur ce plan, il ira encore plus loin dans Scream 2 et 4. D’autant que Craven ajoute un élément pertubateur: l’effet retardateur. Aidé de son caméraman, la journaliste cache une caméra dans la maison des jeunes pour essayer d’avoir un meurtre en direct. Malheureusement, un fois dans le camion-régie, elle se rend compte qu’elle capte les événements en différé de 30 secondes! Les protagonistes assistent, impuissants à ce qui se déroule dans la maison et ont beau crier: »Attention derrière toi! », rien n’y fait, ils ont 30 secondes de retard! Comme quand on regarde un film d’horreur pour la 250ème fois et qu’on met en garde les personnages alors que leur destin est immuable. D’autant que dans Scream, 2 personnages observent, dans le camion-régie, un troisième qui regarde Halloween en exhortant Jamie Lee Curtis à faire attention, tandis que le tueur s’approche derrière lui! 

Voilà ce qui fait le sel d’un film comme Scream. il enfreint et se moque des règles d’un genre, tout en épousant ses codes narratifs. D’autre part, Wes Craven se permet une apparition (comme Hitchcock dans ses films) où il fait référence à un de ses personnages cultes. Le genre de chose qui ravit les fans!     

Scream de Wes Craven, en dvd Zone 2 chez GCTHV.

ATTENTION! A NE LIRE QU’APRES AVOIR VU LE FILM!

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Courteney Cox, Jamie Kennedy et Neve Campbell: attention, devant vous!

Le dénouement de Scream est assez unique dans les annales du slasher. En effet, contrairement à d’habitude, il y a deux tueurs complices: Billy Loomis et Stuart Marker. Mais c’est le premier, le véritable cerveau de l’affaire. Le deuxième étant plus un demeuré, symbole de ces jeunes décrébrés qui passent leur temps devant la télé. La personnalité de Billy Loomis est assez fascinante (tout comme l’interprétation de Skeet Ulrich). Le tueur est içi un metteur en scène qui décide de « réaliser » son propre film d’horreur. Il se montre malin, cruel et inventif. C’est un tueur cinéphile et ses camarades n’ont aucune chance contre lui. Ses références sont plus anciennes. Il prend un complice, le fait appeler quand lui-même est emprisonné au commissariat pour se disculper. Ce qui lui permettra aussi de monter sa propre mort. Cela rappelle fortement des films comme L’Assassin Habite au 21. D’autre part, une fois démasqué, il cite la réplique culte du Psychose (1960) de Hitchcock: We all go a little mad (on est tous un peu fou à notre façon).

Car Billy est un petit garçon traumatisé par le fait que sa mère a quitté son père et n’est jamais revenue. L’absence et la présence lourde d’une mère, comme dans Psychose. Sa première victime sera la mère de Sidney, car elle avait couché avec son père et précipité le départ de sa propre mère. On le voit, c’est un traumatisme ancien pour un jeune homme qui a ruminé sa vengeance en regardant des films. Il deviendra même le petit ami de Sidney pour la manipuler et la traumatiser à son tour. Dans les films d’horreur, la vierge survit. Billy la déflore pour qu’elle devienne une victime comme les autres. « Quel effet ça fait de coucher avec un psychopathe? » lui rappelle-t-il cruellement à la fin du film. Et Sidney elle-même est marquée par la mort de sa mère. Un événement crée par le tueur/réalisateur. Mais la rendre orpheline de mère ne lui suffit pas…

A la fin du film, Sidney devra vaincre Billy et Stu avec leurs propres armes: de l’intelligence, un téléphone et un masque. Ironiquement, c’est en sortant d’un placard dans le costume du tueur, qu’elle porte le coup fatal à Billy. Enfin, presque fatal….

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15 juillet, 2012 à 13 h 22 min


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