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THE SECRET-Les innocents

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Julia Denning (Jessica Biel) se lance à la poursuite du Tall Man.

A Cold Rock, petite ville minière désaffectée et ruinée du nord-ouest des Etats-Unis, les enfants disparaissent. La police et le FBI n’arrivent pas à résoudre ces cas de disparitions. La population locale accuse une créature légendaire qui vivrait dans la forêt, le Tall Man (littéralement « le grand homme »), d’autant que certains prétendent l’avoir vu. L’infirmière de la ville, Julia (Jessica Biel), une jeune veuve, ne semble pas trop croire en ces histoires. Jusqu’à ce que son fils de 6 ans se fasse enlever à son tour, sous ses yeux. Mais Julia se met à poursuivre celui qui lui a volé son enfant…

Quatre ans après l’électro-choc Martyrs, Pascal Laugier revient avec un film qui va diviser profondemment ses spectateurs. Pas de demi-mesure içi, on aime ou on déteste. Amateurs de thrillers consensuels et télévisuels, passez votre chemin. Laugier va provoquer des réactions qui vont se traduire par une passion enthousiaste…ou une haine dévastatrice. Au vu de la bande-annonce, tout le monde s’attend à un schocker horrifique. C’est un état de fait que la première partie du long-métrage entérine. L’atmosphère est lourde et pesante, tout comme la misère dans laquelle survivent les habitants de Cold Rock. Le réalisateur s’attarde sur leur quotidien, via le regard du personnage de Julia. Laugier va ensuite multiplier les petits signaux inquiétants avant de balancer, à mi-parcours, une scène d’enlèvement et de poursuite incroyable et prenante. On est agrippé à notre siège. Tous les espoirs que les fantasticophiles plaçaient en Laugier se réalisent. Et puis, arrive la deuxième partie…

Et là, jusqu’à la fin, les spectateurs vont se scinder en deux: ceux qui seront surpris et les déçus. Si vous vouliez voir un mix entre Martyrs et Sixième Sens, passez votre chemin. Si en revanche, vous aimez être surpris par un film et être emmené vers une direction inconnue, alors allez-y! Car Laugier va vous proposer une manipulation narrative qui va chambouler tous vos repères. Vous allez être déstabilisés. Une même scène sera répétée mais elle aura un sens complètement différent. Car le point de vue aura changé. Et c’est le point de vue qui va dicter les surprises narratives.

The Secret est réalisé d’une façon efficace et classique. La mise en scène de Laugier est techniquement irréprochable. Ce mec aime le ciné de genre, ça se voit, ça se sent. Il passe d’une scène angoissante à une scène bouleversante, en un tour de main. Et avec le même talent. Mais il ne singe pas le cinoche américain. Il a un point de vue trés européen, tout en plongeant tête baissée dans les clichés inhérents au genre. Honnêtement, on a hâte qu’il revienne faire un film en France!

The Secret est donc un film angoissant et bouleversant, formellement irréprochable et efficace mais dont le contenu narratif et thématique va plaire ou déplaire. Mais Laugier ne juge pas ses protagonistes et ne donne aucun avis. Il constate. C’est un témoin. Comme Martyrs, The Secret n’est que le triste reflet du triste monde dans lequel nous vivons. Tous ceux qui font des mauvais procés à Laugier se fourvoient, et en plus ils dévoilent toute l’intigue, les saligauds! Voilà, vous êtes prévenus! Pour ma part, j’ai beaucoup aimé le film car il m’a surpris, touché et…manipulé, tout en étant un peu déçu, quand même, de ne pas avoir vu le pur film d’horreur que j’attendais. 

Et Jessica Biel y est magnifique et trouve là un rôle trés fort à la mesure de son talent!

Je mets un 15/20 et j’assume cette note! Et je donne rendez-vous quelques lignes plus loin à ceux qui ont vu le film….

The  Secret (The Tall Man, titre américain) de Pascal Laugier avec Jessica Biel, en salles depuis le 5 septembre. 

 

ATTENTION! A NE LIRE QU’APRES AVOIR VU LE FILM!

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Julia aux mains du Tall Man.

Jusqu’à la moitié du film, nous voyons une femme (Jessica Biel) qui poursuit le ravisseur de son fils; un ravisseur qui aurait déjà enlevé plusieurs autres enfants. Elle n’arrivera pas à l’avoir. Nous nous identifions à cette femme et à sa douleur. Nous voyons toute cette histoire par le prisme de son regard mais Laugier nous a sciemment caché certaines choses. Nous ne voyons qu’une « partie » de la situation mais nous l’ignorons encore. Nous sommes dans un thriller où un maniaque a kidnappé des enfants, dont le fils de l’héroïne. Fausse piste.

Ensuite, Julia se rend compte que les autres habitants savent où est son fils et lui mentent (scène du resto-route). Elle s’enfuit mais la meute se lance à ses trousses, armée et dangereuse. Nous sommes alors dans un film de complot où une femme est seule face à toute une population complice et hostile. Fausse piste.

Enfin, survient la scène où elle retrouve son fils et son ravisseur. Et c’est là que nos repères éclatent. Pendant toute une bobine, nous nous sommes identifiés à Julia et nous avons compatit à son malheur. Laugier nous avait raconté l’histoire de son point de vue et nous n’avions aucune raison de douter (malgré la voix-off d’un autre personnage de l’histoire qui s’improvise narrateur mais ça ne bouleverse pas le point de vue). Or, Julia n’est pas la mère de l’enfant. C’est elle, la vraie ravisseuse. Celle qui lui a repris l’enfant n’est autre que sa propre mère qui avait découvert, par hasard, que Julia l’avait enlevé. Elle s’était confiée aux autres villageois qui l’avaient cru. Pour eux, c’est l’infirmière qui est le « Tall Man » et c’est pour ça qu’ils la poursuivaient. Julia, la prétendue héroïne, est le Tall Man, responsable de l’enlèvement des autres enfants. Donc le spectateur voit ses repères bouleversés. Il ne peut plus s’identifier à Julia. Pourtant, Laugier continue de créer de l’empathie pour elle. C’est une situation inconfortable et trouble. Mais le meilleur arrive avec les raisons des enlèvements…  

A la lumière de ces raisons, nous ne pourrons ni tout à fait condamner, ni tout à fait pardonner à Julia. Laugier refuse toute posture de moralisateur et laisse le spectateur avec ses doutes et ses questions. Il existe donc un réseau de personnes qui se charge d’enlever des enfants qu’elles jugent malheureux et qui les placent dans un environnement plus stable (un environnement bourgeois, donc. Le film reprend la thématique de la lutte des classes, exacerbée par la crise). Mais Laugier ne les enscence pas, loin de là. Qui sont ces gens qui s’arrogent le droit d’enlever des gosses à leur famille, sous prétexte de les aider? Ne condamnent-ils pas un peu trop vite certains parents? La mère de David, le prétendu fils de Julia, n’arrivait plus à payer ses factures. N’y avait-il pas une autre solution que d’enlever David? On pouvait aider la mère, en lui donnant de l’argent. Car toute l’intelligence de Laugier est de ne pas montrer des parents « caricaturaux » (genre pédophiles et violents) mais des gens usés par leur quotidien de misère à l’image de la mère du personnage de la narratrice. Une femme triste mais aimante qui a juste baissé les bras. Le réseau la traumatise encore plus et la laisse dans une situation assez horrible (son mec se met en couple avec sa première fille et lui a fait un bébé). Enfin, c’est plus sa fille qui la traumatise. A-t-elle raison de fuir une vie sans avenir pour une autre meilleure, tout en sachant que sa mère vivra à jamais, dans le chagrin de l’avoir perdue. A-t-elle raison?

Laugier pose des questions mais se garde de juger et de prendre parti. Mais les insultes commencent à pleuvoir sur lui, venant de personnes qui n’ont pas compris son film et qui se drappent dans une morale bobo bien-pensante et écoeurante. Qu’on aime pas un film pour des raisons ayant trait au scénar ou à la réalisation est une chose et chacun son avis! Mais qu’on prête à un artiste un discours qu’il ne tient pas, c’est dégueulasse. Quand on n’a pas compris un film, on évite d’écrire des conneries dessus! 

7 septembre, 2012 à 9 h 49 min


4 Commentaires pour “THE SECRET-Les innocents”


  1. Lemercier écrit:

    Je n’ai pas l’habitude de, comme vous l’avez dit « changé de camps », ce qui est provoqué en début de deuxième partie et qui a boulversé ma vision du film, je cherchais donc des explications mais aucune ne pouvait prouver l’innocence de Julia. Je suis donc tombée sur votre analyse et mes explications son tombé.
    Une analyse très bien écrite et agréable à lire, les questions sont poussés jusqu’aux bouts et les réponses en citant le films complètent le tout. Continué jusqu’aux dernier moment du film!
    Bonne continuation…

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  2. Auré écrit:

    Merci beaucoup pour vos explications , vous m avez largement eclairé !

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  3. Solene écrit:

    Merci beaucoup pour ces explications ! Je tournais depuis 30 min pour en trouver des répondants parfaitement à mes questions.
    Continuez comme ca, votre site est super merci à vous

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  4. Totor écrit:

    Merci beaucoup pour vos explications, elles m’ont vraiment aidé à comprendre le film. Génial !

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