Un site utilisant unblog.fr

FRENCH CONNECTION (1971)-La colère de Popeye

FRENCH CONNECTION (1971)-La colère de Popeye dans Un oeil dans le rétro french-connection-300x169

Buddy Russo (Roy Scheider) et Jimmy Doyle (Gene Hackman), en planque, sous la pluie de New-York.

Dans les rues de New-York, une voiture fonce à toute allure. Au volant, un homme déterminé et farouche. Son nom: Jimmy Doyle. Mais tous ses collègues de la police le surnomment Popeye. Car Popeye est policier. Il travaille aux Stups. Il lutte contre le trafic de drogue. Là, il est lancé à la poursuite d’un tueur à gages français qui travaille pour la fameuse French Connection, la « Filière Française ». Ce tueur est dans une rame de métro. Il menace le conducteur avec son arme afin que ce dernier n’arrête pas la rame dans les stations. Le tueur veut échapper à Popeye. Il met en danger la vie des passagers. Et Popeye fonce. Sa voiture suivant le parcours, en parallèle, de la rame de métro. Car l’homme qu’il traque a essayé de le tuer, quelques minutes auparavant. Il a tué une passante innocente. La poursuite se finira mal pour un des deux hommes.

Cette poursuite dantesque a fait entrer le réalisateur William Friedkin (L’Exorciste, Cruising, Police Fédérale Los Angeles, Killer Joe) au panthéon des grands réalisateurs hollywoodiens. C’est devenu une scène culte, au même titre que la poursuite en voitures de Bullitt. Réalisé et montée au cordeau, elle est (encore aujourd’hui) un modèle d’efficacité et de suspense. Mais ramener le film de Friedkin à cette seule scène, serait réducteur.

L’histoire du film est basée sur l’enquête visant la fameuse French Connection, dans les années 60. Une enquête qui précipitera la chute de ce mouvement criminel. Pour faire simple, des gangsters français, basés à Marseille, exportaient de l’héroïne aux Etats-Unis où ils la revendaient aux parrains italo-américains de la Côte Est, qui l’écoulaient sur le marché américain. Un animateur de télé français, Jacques Angelvin, y fut mêlé.

Mais ce qui intéresse le plus Friedkin, ce ne sont pas tant les ramifications internationales de ce trafic que l’enquête des deux policiers des Stups, Jimmy Doyle (Gene Hackman) et Buddy Russo (Roy Scheider). Le précepte de mise en scène érigé içi par Friedkin est simple: tout est filmé avec réalisme. Friedkin, comme bon nombre de jeunes réalisateurs américains de l’époque (ceux qui ont formé le Nouvel Hollywood, comme Scorsese, Coppola ou Spielberg) était fasciné par les cinéastes français de la Nouvelle Vague des années 60 (Godard et Truffaut, entre autres). Ceux-ci se sont coupés des règles du cinéma classique, sont sortis des studios et sont partis tourner, avec du matériel léger, dans les rues des grandes villes. Une petite révolution esthétique pour l’époque. William Friedkin, pour son film, décide de marier les codes du polar américain (flics solitaires et pugnaces, gangsters violents et impitoyables) avec une approche réaliste héritée de la Nouvelle Vague.

En résulte un film toujours en mouvement. On ne compte plus les scènes, filmées caméra à l’épaule, où le réalisateur suit les policiers quand ils filent des suspects ou font des planques. Popeye et ses collègues passent d’un trottoir à l’autre, au milieu de la foule, sans perdre de vue les voyous. French Connection est une sorte de ballet, où flics et truands cherchent à se semer mutuellement, dans les rues de New-York. Ceci culmine avec cette formidable scéne de filature où Popeye colle au train d’un parrain français jusque dans le métro. Le truand, non sans humour, arrivera à semer le policier, ce qui énervera beaucoup ce dernier.

Le réalisme de la mise en scène s’allie içi au réalisme des décors et des situations. Friedkin montre la réalité telle quelle, sans fioritures. Les bars y sont louches et mal famés. La fusillade finale se déroulera même dans un entrepôt abandonné, sale, dégoulinant et suintant une humidité malsaine par ses murs. On est loin du glamour des années 40 et de Humphrey Bogart! Tout cela s’étend à l’enquête des policiers et à leurs méthodes, parfois violentes et borderlines. Car les flics des Stups de l’époque n’avaient aucun moyens et leurs enquêtes étaient trés dures. Il fallait mettre les mains dans le camboui!

Mais ce qui reste le plus important dans ce film est la personnalité de son « héros », interprété par un Gene Hackman incroyable et magnifique. Popeye est un homme en colère. Têtu, déterminé mais en colère. En colère contre les dealers, contre ses supérieurs qui ne l’écoutent pas, contre ses collègues qu’il juge trop timorés. Le seul qui trouve grâce à ses yeux est son collègue Buddy Russo, lui aussi déterminé mais plus calme et réfléchi. Il est le seul à pouvoir calmer et à comprendre Popeye. Le regretté Roy Scheider livre aussi une solide interprétation. Mais il ne pourra pas sauver Popeye de sa fureur. Celui-ci, en traquant sa némésis, à la fin du film, commettra un acte irréparable. Friedkin le filme alors qui disparait au fond d’un décor sordide, perdu à jamais dans son propre enfer.

French Connection remportera 5 oscars en 1972: Meilleur Film, Réalisateur, Acteur (Gene Hackman), Scénario Adapté et Montage. Et c’était pas volé!

French Connection de William Friedkin, en dvd Zone 2 chez Fox Video.

frenchconnection1-300x253 dans Un oeil dans le rétro

Popeye, un personnage inoubliable, incarné par le grand Gene Hackman.

1 octobre, 2012 à 16 h 16 min


Laisser un commentaire