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LE TRIBUNAL DES AMES-Cold Cases

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Rome, Italie. Des infirmiers sont appelés dans une maison où un homme vient de faire un infarctus. En le ranimant, ils découvrent une étrange inscription tatouée sur son torse: Tue-Moi. Mais c’est la présence d’un objet dans la pièce qui semble bouleverser l’infirmière Monica. De son côté, un enquêteur souffrant d’amnésie suite à une fusillade, Marcus, est chargé par un de ses collègues de retrouver une étudiante disparue à Rome. Sandra, une policière s’occuppant des scènes de crime, quant à elle, n’arrive pas à faire le deuil de son mari David, tombé d’un immeuble six mois auparavant. Tous ces personnages se croiseront et découvriront une vérité qui risque de bouleverser leur vie.

Le Tribunal des Ames est le deuxième roman de l’italien Donato Carrisi, un an après Le Chuchoteur. Ce dernier était sans doute l’un des meilleurs thrillers de l’année 2010, une histoire de serial-killer originale et assez perverse dans son genre. Autrement dit, on attendait avec impatience le nouvel effort de Carrisi. Et franchement, celui-ci s’avère largement à la hauteur.

L’histoire est complexe à souhait. L’enquête est double. Il y a celle de Marcus, concernant l’étudiante disparue. Et celle de Sandra, concernant la mort mystérieuse de son mari. Bien sûr, ces deux histoires vont se rejoindre. Mais bien malin qui pourrait prévoir jusqu’où tout cela mène. Il faudra passer par des affaires criminelles prétendument résolues…. Si vous aviez trouvé le tueur du Chuchoteur machiavélique, sachez que vous allez croisé içi un autre spécimen de tueur, encore plus intelligent…D’autant que l’enquête s’avère…triple! Car il y a des flashs-backs sur la traque que mène un chasseur d’une proie trés particulière. Cette troisième « enquête » se déroule quelques années avant l’histoire principale et n’a, à priori, aucun rapport avec elle. A priori….

Sur le plan de l’intrigue, rien à jeter, ou si peu. Le livre est bourré jusqu’à la gueule de suspense et les révélations pleuvent au long des chapitres. Donc impossible de s’arrêter, préparez-vous à la nuit blanche! Il serait criminel d’en révéler plus. Mais vous croiserez beaucoup de crimes…et pas forcemment commis de la même main. On est perdu et Carrisi nous manipule de main de maître. Jusqu’au double twist final. Le premier est suffisamment innatendu pour que le lecteur se dise « Putain de merde! C’est incroyable! ». Le deuxième, et c’est là le petit défaut de ce roman, est moins inattendu et on s’y attend un peu mais il reste trés original quand même et surtout trés fort sur le plan dramatique, mais chut!

Le style de Carrisi est précis, direct et non dénué de personnalité. Il a choisi de montrer Rome sous la pluie, et d’en faire visiter des lieux, comme des églises, qui donne un aspect gothique à l’intrigue. On se croirait dans Seven. D’autant que l’auteur sait susciter l’effroi chez son lecteur. Il y a même un passage se déroulant à Tchernobyl. Et ce lieu est remarquablement utilisé. L’un des personnages y découvrira les racines du mal qu’il recherche…Bref, une ambiance pesante, triste et noyée par la pluie….et les larmes de certains personnages.

Car Carrisi ne sacrifie pas, sur l’autel de l’efficacité dramatique, ses personnages. Marcus, Sandra et les autres prennent vie sous nos yeux. Leurs doutes et leurs tourments, nous les partageons avec eux. Par moments, leur chemin de croix est douloureux et bouleversant. Le lecteur s’interroge à son tour. Car Carrisi laisse le choix entre le pardon et la vengeance. Que ferions-nous à la place des personnages? Une question qui nous trotte dans la tête, tout au long de notre lecture. Carrisi aborde des thémes forts et qui bousculent: crimes impunis, conscience, pêché, rédemption, pardon, vengeance, quête de spiritualité,… Le roman baigne dans une ambiance catholique (on est en Italie, après tout), mais n’est pas un ouvrage théologique et moralisateur, rassurez-vous!

L’autre grand théme du livre, comme dans Le Chuchoteur, est le Mal et sa nature. Qu’est-ce qui pousse l’homme à se tourner vers son côté obscur? Cette question obsède, visiblement, Carrisi. D’autant que le Mal est toujours fascinant chez lui. Jamais où on l’attend. Jamais avec des motivations simplistes. Il se cache, vit dans l’ombre, autour de nous. Car il y a une ou des présences maléfiques, tapies dans l’obscurité, qui se dissimule dans les pages de ce roman. Le Diable est dans les détails…

Le Tribunal des Ames est donc un formidable suspense qui se lit d’une traite et que vous n’oublierez pas de sitôt! Le renouveau du thriller européen est à chercher du côté de chez Carrisi, n’en déplaisent aux fans de Grangé et Chattam. Mais ceci est une autre histoire… Note: 16/20

Le Tribunal des Ames ( Il Tribunale Delle Anime) de Donato Carrisi, éditions Calmann-Levy (2012), 460 pages.

12 octobre, 2012 à 9 h 28 min


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