STAR TREK: INTO DARKNESS-La colère du Vulcain
Après une mission périlleuse, le commandant James T. Kirk (Chris Pine) est démis de ses fonctions de commandant de l’Enterprise suite à son non-respect des régles de Star Fleet. Son antagonisme avec Spock (Zachary Quinto) se creuse un peu plus, ce dernier ayant fait un rapport à leur hiérarchie. Mais bientôt, ils devront faire front commun contre un ennemi redoutable: un ancien membre de Starfleet, John Harrison (Benedict Cumberbatch), responsable d’un double attentat sur Terre. La chasse à l’homme s’engage jusque dans l’empire Klingon. Mais Harrison va s’avérer être un individu retors et plus dangereux qu’il n’y paraît…
Il y quatre ans, J.J Abrams et son équipe réinventait la mythologie Star Trek avec un formidable reboot. Dépassant justement le cadre du reboot rajeuni, grâce à un astucieux tour de passe-passe scénaristique (un paradoxe temporel) qui permettait de s’affranchir de tout ce qui avait précédé tout en respectant l’univers Star Trek, le film avait conquis tous les trekkies de la planète tout en fédérant un nouveau public. On pouvait craindre une baisse d’inspiration pour la suite. Mais non, le résultat étant un petit miracle.
Evacuons d’abord la réalisation et les sfx. Star Trek: Into Darkness est mené de main de maître par J.J Abrams qui semble avoir abandonné ses réflexes de téléaste pour devenir un vrai réalisateur de cinéma (ce que la mise en scène de l’excellent Super 8 avait démontré). Que ce soit au niveau des scènes d’actions (trépidantes, jouissives et lisibles) ou de séquences plus intimistes, J.J Abrams donne du relief et du coffre à son film. Lui qui n’était pourtant pas un fan de Star Trek à la base, se passionne pour son histoire et, du coup, passionne le spectateur tant son enthousiasme à filmer est communicatif. Cela se sent dès la formidable scène pré-générique. Du rythme certes, mais pas de précipitation pour autant. Oui, sur le plan strictement technique, c’est ébouriffant. Tout est incroyable (décors, costumes, design des vaisseaux). Mais le film n’est pas juste un blockbuster calibré pour cartonner en salles, comme certains critiques (assez méprisants pour le coup, n’est-ce pas M. Eric Libiot?) l’ont déploré, à tort.
L’histoire a, en apparence, un canevas assez classique (en gros, les gentils poursuivent le méchant, comme dans 75% des films de genre) mais elle emprunte des bifurcations bienvenues. Les cartes sont redistribuées à mi-parcours et on ne sait plus trés bien à qui se fier. Il y a beaucoup de rebondissements. Cela se suit donc avec intérêt. Le suspense est constant et il n’y a aucune baisse de régime. Mais le plus important, ce sont les personnages et leurs relations. Car c’est cela qui fait avancer l’intrigue. La scène d’ouverture n’est pas anodine car elle est appelée à se répéter et elle fonde, en quelque sorte, les dilemmes des personnages. La relation quasi-fraternelle Kirk/Spock est au centre du film. Il est intéressant de souligner qu’elle a des répercussions sur le reste de l’équipage et sur la mission. Les évolutions de ces deux personnages sont indissociables. Elles finissent par se compléter même si les problèmes des deux hommes sont différents. L’un est trop impulsif et ne se rend pas compte qu’il met la vie des autres en jeu (immaturité), l’autre est trop rigoureux et ne laisse pas parler ses émotions quitte à passer pour une personne froide et méprisante (trop grande maturité). Chris Pine et Zachary Quinto sont tous les deux excellents, il faut le dire. Quinto ferait presque oublier Leonard Nimoy, tant son interprétation de Spock est juste phénoménale.
Mais la grande attraction de cette séquelle est son méchant, John Harrison. Un personnage mystérieux et énigmatique, incarné par le charismatique et puissant Benedict Cumberbatch. Chacune de ses apparitions, chacun de ses gestes, chacune de ses paroles vous glacent le sang. Dépassant tous les autres personnages en stature (même Spock!), c’est lui qui mène le bal. Mais ses motivations peuvent nous apparaître compréhensibles, après coup. C’est une vengeance. Et il n’est pas le seul à s’y abandonner vu que Kirk y cède en se lançant à sa poursuite. La notion de famille est aussi trés importante. L’équipage de l’Enterprise est une grande famille. Kirk et Spock devront intégrer cette notion. Ils sont un peu les parents de cette équipage soudée et solidaire. Ils doivent les protéger et penser à leur sécurité. On le voit, le script devient trés riche et se rapproche ainsi des deux meilleurs films de la saga, La Colère de Khan et Terre Inconnue, réalisés par Nicholas Meyer.
Car l’univers et l’esprit Star Trek sont respectés. Toutes les règles et toute la « philosophie » de la Fédération sont présentes. D’ailleurs, on voit (comme dans Terre Inconnue) qu’il y a peut-être quelque chose de pourri à l’intérieur et qui va à l’encontre des valeurs pacifiques de la Fédération. Les fans seront ravis. L’humour est présent, notamment dans les joutes verbales Spock/Kirk. Il y a de nombreux clins d’oeil aux épisodes précédents. Mais certaines scénes sont détournées, voire inversées…..ce qui apporte quelque chose de frais. Mais c’est surtout l’acte final qui emporte le morceau. D’une puissance émotionnelle forte (attendez-vous à voir un Spock comme vous ne l’avez jamais vu!), se concluant sur une vertigineuse poursuite à San Francisco, il constitue l’apothéose d’un grand film de SF. Note: 17/20
Star Trek: Into Darkness de J.J Abrams, avec Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch, Zoe Saldana et Simon Pegg, en salles depuis le 12 juin.
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