WOLVERINE, LE COMBAT DE L’IMMORTEL-Le dernier samouraï
Le cas James Mangold est à part dans le cinéma américain. On ne peut pas vraiment le qualifier d’auteur ni de simple technicien, son style étant empreint d’un classicisme absolument renversant et qui renvoie à l’Age d’Or hollywoodien. D’ailleurs, Mangold se serait éclaté à cette époque, passant d’une commande à l’autre tout en conservant un talent incroyable de conteur. Tel un ronin sans maître, Mangold brouille les pistes et saute d’un genre à l’autre avec une aisance déconcertante: chronique intimiste (le superbe et méconnu Heavy), polar noir (Copland), chronique psychiatrique (Une Vie Volée), comédie romantique fantastique (Kate et Léopold), thriller psychologique et claustro (Identity), biopic (Walk The Line), western (3H10 pour Yuma), comédie romantique d’action et d’aventure (Night and Day) et maintenant, film de super-héros (The Wolverine). Mangold n’a jamais fait deux fois le même film (même s’il vient d’enchainer deux blockbusters estivaux avec ses deux derniers….mais dans des genres différents!). Finalement, Mangold est un samouraï, qui a pour maître le Cinéma….Alors, le voir s’attaquer à une franchise connue (un spin-off des X-Men) avait de quoi intriguer et susciter l’attente.
Dès le magnifique plan d’ouverture (une baie maritime tranquille puis un lent panoramique qui dévoile l’armée japonaise qui doit faire face à un bombardement américain, durant la Seconde Guerre Mondiale) et sa formidable scène d’introduction, Mangold enterre sans problème le pas terrible X-Men Origins: Wolverine (2009). Avec ses militaires qui se font hara-kiri devant une explosion atomique et son mutant enfermé dans un puits et qui sauve la vie d’un officier japonais, le résultat est magnifique. Le film embraye sur un Wolverine qui se terre dans les forêts du Grand Nord, traumatisé par la mort de Jean Grey (cf X-Men: l’Affrontement Final). Le traitement de Mangold sur le personnage de Wolverine (Hugh Jackman, en totale osmose avec le mutant griffu) est délicat (les flashs où Logan/Wolverine parle avec le spectre de son amour perdue) et plein de colère rentrée qui ne demande qu’à sortir (scène de l’ours). Le début est excellent.
Ensuite, Wolverine part au Japon et là encore, Mangold fait mouche. Wolverine est perdu dans un monde qu’il ne connait pas et affaibli par la perte de ses pouvoirs de régénération. On assiste donc à une remise en cause brillante du personnage. D’autant que Mangold donne toute la mesure de son talent. Les relations entre Wolverine et Mariko Yashida sont trés bien rendues. La jeune fille est trahie par les hommes de son entourage. Le mutant connait ce sentiment de solitude, de rejet et de trahison. Juste avec des regards, on voit poindre un trés touchant amour entre eux. Les scènes où ils se retrouvent isolés sur une ville du littoral sont, peut-être, les plus belles du film. Mais Mangold n’oublie pas l’action et s’en donne à coeur joie! La scéne de poursuite qui démarre des funérailles du grand-père de Mariko est rapide, vive et grisante. Surtout que Wolverine se rend compte que son métabolisme a changé… Il y aussi un personnage mystérieux d’archer protecteur qui en 5 minutes a dix fois plus de présence et de prestance que ce pauvre Jeremy « Hawkeye » Renner dans Avengers. Et tout cela culmine avec une scène de baston sur le toit d’un train à grande vitesse où Mangold retrouve l’énergie burlesque et malicieuse de Night and Day! (côté comédie toujours, la « visite » au fiancé de Mariko est trés drôle). Ah, si seulement, la deuxième partie avait été aussi réussie….
Car ensuite, les scénaristes semblent avoir démissionné. Tous les enjeux dramatiques amorcés dans la première partie se règlent trop vite et surtout sont atrocement bâclés. Tout cela manque d’un vrai suspense et surtout d’une figure maléfique charismatique (La Vipère n’est pas trés vive, par exemple). Et le rebondissement final est facile à anticiper. Ajoutez à cela un combat entre Wolverine et le Samouraï d’Adamentium beaucoup trop court et vous obtenez le type même du blockbuster insipide et manquant d’enjeux. Et pourtant, Mangold continue d’assurer derrière la caméra. Des images restent (Wolverine cherchant à rejoindre Mariko et pris au piège des flèches des archers qui le transforment en vulgaire pantin). Mais surtout, le combat entre Wolverine et le Samouraï d’Argent est sauvage, iconique à mort et fait regretter que le père de Mariko n’est pas eu plus de présence à l’écran. Et puis Mangold sait donner un aspect pulp à son film (la façon dont bouge le Samouraï d’Adamentium, la mue de la Vipère) qui le font, légèrement, sortir du lot. Au final, nous avons un film plaisant où éclate le talent de Mangold mais qui ne révolutionne pas le genre. Un en-cas en prévision du nouveau X-Men de Bryan Singer prévu pour l’année prochaine (restez bien au générique de fin!). Note: 13/20
The Wolverine, de James Mangold, avec Hugh Jackman, en salles depuis le 24 juillet.
Un commentaire pour “WOLVERINE, LE COMBAT DE L’IMMORTEL-Le dernier samouraï”
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Une première 1/2 H intéressante pour ensuite sombrer dans le néant le plus intense..
11 avril, 2014 à 8 h 22 min