Un site utilisant unblog.fr

INSIDE LLEWYN DAVIS-Un héros trés discret

INSIDE LLEWYN DAVIS-Un héros trés discret dans Cinéma picture-of-oscar-isaac-in-inside-llewyn-davis-large-picture1-300x199

New-York, 1961, Llewyn Davis est un chanteur de folk qui tente de subsister comme il peut. Entre le manque d’argent, les hébergements à répétition chez des amis, la course aux cachets d’un soir, la copine d’un ami qu’il a mise enceinte et un chat perdu, les galères s’enchaînent…

Ethan et Joel Coen déçoivent rarement, si l’on excepte deux comédies paresseuses: Intolérable Cruauté (2003) et Ladykillers (2004). A chacun de leur film, on est frappé par l’excellence de leur réalisation et la qualité de leur écriture, quelque soit le registre abordé (comédie, polar, western,). Un fois de plus, cela se vérifie avec leur nouveau film. Certains diront: « Pfff, encore une critique dithyrambique d’un film des Coen! » Ben oui, encore! Ce n’est pas la faute de l’auteur de ces lignes si, encore une fois, les frères Coen réussissent un grand film!

Cette fois, ils s’attachent aux pas d’un looser magnifique, Llewyn Davis. Celui-ci est incarné à la perfection par l’extraordinaire Oscar Isaac, qui se révèle aussi bon chanteur qu’acteur. Llewyn est un chanteur de folk qui a beaucoup de talent. Mais il a aussi une poisse monumentale. Pas besoin de tout révéler, mais il faut dire que le sort s’acharne sur le malheureux héros de ce film. Mais les Coen ne le prennent pas de haut et ne se moquent jamais de lui. C’est un personnage qu’ils savent rendre attachant et qu’on finit par plaindre. Parce qu’avec ce film, les Coen rendent hommage aux petits musiciens qui ne connaîtront jamais la gloire mais qui vivent leur passion jusqu’au bout.

Car que faut-il faire? Avoir un travail que l’on n’aime pas et vivre confortablement ou vivre de sa passion et tirer le diable par la queue? Ce dilemme-là se pose à Llewyn via le personnage de sa sœur qui le méprise ouvertement. Llewyn choisira de vivre sa passion. Vus les problèmes qu’il rencontre, on se dit qu’il fait preuve d’un grand courage. Et les Coen de transformer un looser en héros. Un héros souvent pathétique, voire assez lâche et qui fuit toute responsabilité. Mais un héros quand même qui choisit de vivre de son art.

Le film oscille constamment entre l’humour le plus décalé (le running gag du chat, le voyage quasi-surnaturel avec les jazzmen) et le tragique le plus bouleversant (la scène avec le père, celle chez le médecin-avorteur). Il distille une profonde mélancolie. La réalisation des Coen est à ce titre exemplaire. Remarquablement éclairé par le frenchie Bruno Delbonnel (déjà à l’œuvre sur le Dark Shadows de Tim Burton), leur film nous livre des plans absolument inoubliables et qui impriment la rétine: la silhouette d’un chat au bord d’une route, Llewyn marchant dans le froid et la neige, une route où des voitures roulent dans un silence ouaté,… Bref, le film est de toute beauté et nous plonge comme dans un rêve.

Sans la dévoiler, la fin bascule dans un fantastique discret où la répétition du quotidien condamne le héros à toujours vivre sa petite vie de misère, sans aucun espoir. Une image terrible. Mais le plus ironique, c’est que pendant qu’un artiste sombre et se voit fuir par la célébrité, un autre émerge et va rentrer dans l’Histoire. Pour un chanteur qui réussit, une dizaine se cassent les dents. Peut-être faudrait-il montrer ce film à tous les candidats de télé-crochets à la The Voice? Pour leur montrer la réalité…. Note: 18/20

Inside Llewyn Davis de Ethan et Joel Coen, avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, John Goodman et Justin Timberlake, en salles depuis le 6 novembre.

11 novembre, 2013 à 12 h 10 min


Laisser un commentaire