MONUMENTS MEN-Les aventuriers de l’art perdu
Durant la Seconde Guerre Mondiale, les nazis ont entrepris de voler toutes les plus grandes œuvres d’art présentes sur le continent européen. Les biens des familles juives étaient spoliés, les musées étaient pillés, etc. Les œuvres étaient aussi menacées par les bombardements des Alliés. En 1943, un contingent d’hommes est formé, aux Etats-Unis, pour préserver ces œuvres mais aussi pour retrouver les œuvres volées et les restituer à leurs propriétaires. La plupart des membres de ce « commando » ne sont pas de vrais soldats mais des conservateurs de musée, des collectionneurs d’art voire des artistes (sculpteurs notamment). Ce film est l’histoire de leur quête et s’inspire de faits réels.
Et c’est bien de là, que peuvent venir les premiers reproches qu’on puisse faire à George Clooney, qui signe là son cinquième long-métrage en tant que réalisateur. Clooney se base sur une histoire vraie mais décide de la romancer au maximum, afin de ne pas faire un film trop ennuyeux pour le public américain de base. Car George veut faire œuvre de mémoire mais veut aussi plaire au plus grand nombre. Il opte donc pour un film d’aventures quelque peu rigolard et décontracté. Dommage pour la vérité historique, on aurait aimé voir un film plus sérieux sur cet aspect méconnu de la guerre de 39-45. Nous sommes donc loin de La Liste De Schindler.
Des défauts, Monuments Men en compte d’autres. A commencer par la partie qui se déroule à Paris, quelque peu lente et sans intérêt. Le personnage que joue Cate Blanchett n’est pas très intéressant. L’actrice joue bien. Mais pourquoi ne pas avoir pris une Française? Dujardin joue bien un Français! La love story qui s’esquisse entre elle et Matt Damon manque de saveur et demeure assez timorée. Néanmoins, une scène très émouvante retient l’attention: quand Matt Damon va raccrocher un tableau volé dans l’appartement vide d’une famille juive. Une image poignante sans discours superflu.
Le film souffre d’un manque de rythme évident dans son milieu et Clooney peine alors à conduire son récit. L’aspect de la France occupée fait un peu carte postale. Et certaines situations ne sont pas très vraisemblables. Tarantino pouvait se le permettre dans son génial Inglorious Basterds (2009) vu que son film était totalement invraisemblable dès le début. Là, Clooney veut rapporter une histoire vraie et c’est moins pardonnable de l’avoir romancée à l’excès.
Pourtant, on ne peut pas détester ce film. Déjà, il est bien réalisé. La réalisation de Clooney est classique, sobre et efficace et renvoie (parfois) au style de l’Age d’Or hollywoodien. Clooney aime ce cinéma là et ça se voit (son jeu d’acteur s’en ressent aussi d’ailleurs). Mais surtout le film a une certain entrain et fait montre de beaucoup d’humour. On rit souvent et de bon cœur avec ces Monuments Men. Le second degré est parfois une arme contre des évènements douloureux. Tous les acteurs sont parfaits. Nous avons ici une bande de comédiens qui s’entendent comme larrons en foire (mention spéciale aux hilarants Bill Murray et Bob Balaban). Jean Dujardin y trouve parfaitement sa place mais son rôle est, hélas, trop court.
Mais c’est sur le terrain de l’émotion que Clooney surprend. Il ne prend pas le contexte de la guerre à la légère. Derrière la bonhomie de façade (on pense à la scène où Murray et Balaban démasquent un nazi dans une ferme), surgit une grande tristesse et une grande douleur. Des scènes comme la lettre de Hugh Bonneville, celle sur le front des Ardennes, celle du face à face étrange entre Murray, Balaban et un jeune soldat allemand ou celle, rapide, où un Jean Dujardin désabusé (en un seul regard!) livre un enfant allemand à un camp de prisonniers, restent dans la mémoire du spectateur et sont émotionnellement fortes. Le film pose aussi la question de savoir si une œuvre d’art vaut la vie d’un homme. Peut-être pas. Mais ces œuvres sont la vie des Hommes; elles sont leur mémoire, leur histoire, leur passé bref, leur identité et leur culture. Ce film est l’histoire d’un homme qui tenta de s’accaparer ce passé, voire de le détruire (Picasso, les surréalistes) pour réécrire l’Histoire et remodeler le monde suivant sa pensée. Et c’est l’histoire d’hommes courageux qui l’en empêchèrent et sauvèrent la mémoire de l’humanité.
Monuments Men est un film d’aventures à l’ancienne, assez plaisant, émouvant auquel on prend un certain plaisir. Imparfait mais sympathique.
Note: 13/20
The Monuments Men, de et avec George Clooney, avec aussi Matt Damon, Hugh Bonneville, Bill Murray, John Goodman, Bob Balaban, Jean Dujardin et Cate Blanchett, en salles depuis le 12 mars
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