LA PLANETE DES SINGES: L’AFFRONTEMENT-L’âme des guerriers
Dix ans se sont écoulés depuis les évènements de La Planète Des Singes: Les Origines. Le virus dit de la grippe simiesque a ravagé l’humanité. Pendant que le monde des humains sombrait dans la mort et le chaos, la petite colonie du singe César a prospéré dans les montagnes aux alentours de San Francisco. Le groupe s’est agrandi et est devenu une véritable tribu. Désormais père de famille, César veille sur les siens et demeure le leader des singes, épaulé par son bras droit Koba. Mais une colonie d’humains s’installe dans les ruines de San Francisco. La rencontre est inévitable….
En 2011, la Fox lançait un reboot de La Planète Des Singes, une de ses franchises les plus rentables: 5 films (dont un, le premier, devenu un des grands classiques de la SF), une série TV et un remake en 2001. Ce dernier, réalisé par Tim Burton, n’a pas convaincu les fans malgré un gros succès commercial. Une suite avait été envisagée mais rapidement abandonnée. Au bout de dix ans, la Fox décide de tout reprendre a zéro. D’abord craint et décrié sur Internet, le reboot sort à l’été 2011 et fait un carton au box-office. Mais la plus grande réussite (et surprise) c’est la qualité du film présenté. La Planète Des Singes: Les Origines est un bon film, très émouvant, qui relance avec talent et originalité une franchise moribonde. La Fox se frotte les mains et donne son feu vert à la suite. Malheureusement, suite à des désaccords avec la production (notamment sur les délais de tournage) le réalisateur du premier volet, Rupert Wyatt, quitte le navire, bientôt suivi par l’acteur principal James Franco. Matt Reeves (Cloverfield, Laisse-Moi Entrer) est engagé pour remplacer Wyatt. Ces problèmes de pré-production font craindre le pire au public. Jusqu’à ce que la première bande-annonce tombe et jusqu’à ce que le film sorte enfin.
La réussite de ce deuxième long-métrage est incontestable. Dés les premières séquences, Matt Reeves (ancien collaborateur de J.J Abrams) prouve qu’il est bien l’homme de la situation. Le début du film est entièrement centré sur la tribu de César et nous montre son quotidien. Les humains n’ont pas leur place ici. D’ailleurs César et les siens pensent qu’ils sont tous morts et qu’il n’y a aucun survivant (au détour d’un dialogue, on apprend qu’ils n’ont plus vu d’humains depuis deux ans). Le film s’ouvre sur le regard et le visage de César, avec des peintures de guerre. Puis le réalisateur embraie sur une scène où les singes chassent du gibier. C’est rapide, barbare et brutal. On voie les rapports complexes qui se tissent entre César, son fils aîné et Koba, fidèle jusqu’à la mort à César. Les scènes de la vie en communauté sont formidables. La photographie est juste fabuleuse. on a la sensation de ressentir les bois, le froid, l’humidité et la brume. A plus d’un titre, on pense au 13éme Guerrier de John McTiernan. On assiste à une scène de naissance d’une émotion à fleur de peau. Et on découvre que César, sous ses airs de guerrier farouche, est un personnage calme et réfléchi.
Bien sûr, tout ceci ne va pas durer. L’arrivée d’un groupe d’humains va tout changer. Les humains cherchent juste à rallier un barrage pour faire repartir l’électricité. Mais dans les deux camps, le ressentiment est profond envers l’autre bord. Les humains rendent les singes responsables de la propagation du virus qui les a décimés (en fait, les deux se sont échappés du même laboratoire mais les singes n’ont rien à voir avec la contamination). Quant aux singes de la première génération (celle de César), ils ne peuvent oublier les tortures dont ils ont été les victimes durant leur captivité. Koba est animé d’un profond sentiment de vengeance et demeure partisan de tuer tous les humains, sans exception, même si César est contre. Matt Reeves fait intelligemment monter la tension durant tout le milieu du film. En fait, le film va à l’encontre du tout spectaculaire en vogue dans les blockbusters actuels et prend le temps de raconter une histoire. Les relations entre les personnages sont ainsi très bien écrites. Dans les deux camps, il y a deux personnages, ayant beaucoup souffert, et qui souhaitent la paix entre les communautés: César et Malcolm (Jason Clarke). Ils vont apprendre à se connaître et à se faire confiance. L’amorce d’un dialogue se crée. Malheureusement, la haine de l’autre et le fanatisme vont conduire à l’affrontement inévitable. Il est remarquable de constater que le film est proche de l’actualité: intolérance, communautarisme,…
La dernière partie du film concentre des morceaux de bravoure spectaculaires. L’assaut des singes contre la « forteresse » des humains est tétanisant. Matt Reeves le filme d’une façon classique mais spectaculaire. C’est du grand Cinéma! La violence n’est pas éludée. Le spectacle est guerrier et galvanisant. Tout ceci se déroule de nuit, à la lumière des flammes. Il y a un retour à l’état primitif évident. Une fois de plus, on pense à McT et son 13ème Guerrier (Matt Reeves est-il un fan de ce film?). Des images restent: Koba chargeant sur un cheval, mitraillette à la main, ou le plan-séquence sur le char avec la bataille en arrière-plan. Koba est un personnage très important et assez terrifiant voire retors (CF sa parade face aux deux gardes). Dreyfus, le personnage de Gary Oldman, prend son ampleur à partir de ce moment: un ancien militaire, leader malgré lui d’une communauté, mais qui ira jusqu’au sacrifice pour la protéger. Le film s’achève sur un duel épique entre deux personnages, sur une ancienne tour en construction: là aussi un formidable morceau de bravoure cinématographique.
Le film est aussi politique. Il évoque le pouvoir et les responsabilités qui incombent à celui qui l’exerce. La trahison et la manipulation politique ainsi que la terreur (début de dictature) et le concept d’extermination d’une race sont aussi traités. Pas mal pour un simple blockbuster! Mais ce qui fait le plus mal, c’est l’amère déception qui domine à la fin. Ceux qui veulent la paix, malgré l’amitié et le respect qui les unissent, ne peuvent accomplir leur rêve d’unité. Et la guerre se profile dans les yeux d’un chef juste et pacifique, qui doit redevenir un guerrier sans pitié pour protéger les siens… Note: 17/20
(à souligner les extraordinaires performances de Andy Serkis (César) et Toby Kebbell (Koba), qui méritent tous les oscars du monde! Et, bien sûr, le boulot formidable des responsables des effets spéciaux!)
Dawn Of The Planet Of The Apes, de Matt Reeves, avec Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell et Toby Kebbel, en salles depuis le 30 juillet.
Un commentaire pour “LA PLANETE DES SINGES: L’AFFRONTEMENT-L’âme des guerriers”
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C’est dingue ce que l’on peut faire avec les moyens d’aujourd’hui. Cet opus de La Planète des singes en est l’exemple parfait.
21 août, 2014 à 20 h 42 minDernière publication sur Point de Style : Dragons 3 : Le Monde Caché, de Dean DeBlois