LES GARDIENS DE LA GALAXIE-Risque minimum
Alors le voilà, le space opera ultime, le chef d’œuvre auto-proclamé de Marvel, le film que certains vendaient comme culte bien avant sa sortie… et son tournage! Pour le studio Marvel, ces Gardiens représentaient un risque. Les personnages (inventés dans les années 70) ne sont pas les plus populaires auprès du grand public, faisant même figure de parfaits inconnus. Marvel ne choisit pas la facilité, d’autant qu’elle engage, comme réalisateur de la chose, James Gunn. Ancien scénariste de la firme Troma, réalisateur de Horribilis et Super, deux films politiquement incorrects et rentre-dedans (surtout le deuxième), Gunn réalise ici son premier blockbuster. Le doute était parmi. Alors qu’en est-il à l’écran? Et bien, mes amis, ce film est le prototype même du film sur lequel il est très dur d’écrire. Pourquoi? Parce qu’on ne peut ni crier au génie, ni crier à la purge tant le métrage suscite une sorte de léthargie intellectuelle et émotionnelle.
Pourtant tout démarre formidablement bien: un prologue prenant et émouvant qui expose le trauma du personnage de Peter Quill/Starlord, un générique de début où le même personnage danse sur fond de tube des années 80. C’est assez percutant et original pour un space opera. Gunn nous présente ensuite ses personnages d’une façon assez réussie. Le réalisateur a recours à l’humour façon burlesque lors d’une course poursuite entraînante où quatre des futurs Gardiens s’affrontent. Il embraye ensuite sur une longue séquence carcérale qui culmine lors d’une évasion jouissive. Gunn fait des miracles. Tout le long, son film est agréable à l’œil, ses scènes d’action sont bien découpées, les sfx et les décors sont prodigieux. Et puis nous avons 5 personnages principaux qui sont loin d’être conventionnels et font figure d’anti-héros badass. Les personnages de Rocket et Groot sont irrésistibles et demeurent la grande attraction du film. Gunn nous fait rire avec eux et aussi émouvoir, lors de scènes assez déchirantes. Bref, on se dit qu’on tient le blockbuster ultime! Patatra, la suite fait tout retomber par terre.
Il est vraiment curieux de remarquer qu’une première partie aussi jouissive est suivie par une deuxième d’une banalité confondante. Les défauts s’accumulent pour notre plus grand déplaisir. Le principal tient au méchant de l’histoire: Ronan. Encore un méchant monolithique, avec un balai dans le cul, doté d’une grosse voix, qui veut tout casser et détruire les autres. Un personnage sans relief, que Gunn essaie de nous présenter comme terrifiant, et se fait avoir comme une merde par un ahuri qui danse devant lui! Incroyable! On a l’impression de revoir Thor 2! Visiblement, Marvel tient une recette et se contente de l’appliquer sagement de film en film sans rien renouveler, ou si peu. D’autres défauts? Le combat entre Gamora et Nebula, vite expédié. Comment se satisfaire de ça quand on vient de voir l’affrontement entre César et Koba dans La Planète Des Singes-L’Affrontement? Et la liste s’allonge avec le personnage du Collecteur qui ne sert strictement à rien dans le développement de l’histoire et n’a droit qu’à une scène et un retour après le générique de fin en compagnie d’un des personnages les plus insupportables de Marvel! Un gros camouflet pour Benicio Del Toro qui n’a rien à défendre! L’humour et toutes les répliques drôles finissent par tomber à plat et plombent, quasiment à chaque fois, un moment d’émotion très réussi. Quant au personnage de Starlord, il est parfois insupportable!
James Gunn a réalisé un film qui a le cul entre deux chaises. Pas totalement personnel et trop déférent envers le studio qui le produit. Où est passé l’auteur de Super? La bataille finale est très bien faite mais le manque d’intérêt de la trame principale et le rythme poussif (on se surprend à bailler) font trouver le temps long. Et puis ces anti-héros qui rejoignent rapidement le camp de l’autorité et de l’ordre établi…Lamentable! On a même droit à une tirade de Drax le Destructeur sur « mon dieu, toute cette colère, cette haine. Mais maintenant j’ai des amis et c’est bien! Soyons tous unis et heureux! » Voilà, un tueur qui devient un boy-scout! Heureusement qu’il reste Rocket et Groot! On a droit à un début de love story qui ne s’assume pas entre Gamora et Starlord (pas de bisous, pas de sexe, on est chez Disney!). James Gunn livre, au final, un blockbuster lisse, aseptisé, sans aspérité. Franchement décevant de sa part! Tout est calibré pour plaire au public de base: une scène d’action, une scène d’émotion, une scène de rigolade, une scène d’action, une scène d’émotion, une scène de rigolade,… Jusqu’à ce final moraliste sur l’air de « l’union fait la force »….comme dans Avengers, quel hasard, dites donc! Allez, on se console avec les trois premiers quarts d’heures qui restent excellents ainsi qu’avec le personnage de Yondu (hilarant Michael Rooker), plutôt réussi. Quant à Thanos, s’il n’est pas raté sur le plan du design, il n’est pas non plus très effrayant. Vivement la suite? On verra bien… Note: 09/20
Guardians Of The Galaxy, de James Gunn, avec Chris Pratt, Zoé Saldana, Bradley Cooper, Glenn Close, Benicio Del Toro, en salles depuis le 13 août.
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