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HORNS-Ange déchu

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La vie de Ig Perrish (Daniel Radcliffe) est devenue un véritable cauchemar: sa fiancée Merrin (Juno Temple) a été assassinée et il est accusé du meurtre. Comme si cela ne suffisait pas, il se réveille un beau matin avec une paire de cornes sur la tête. Il va se rendre compte que ses cornes poussent les gens qui l’entourent à lui dévoiler tous leurs petits secrets inavouables. Ce qui va pouvoir peut-être l’aider à retrouver le meurtrier de Merrin…

Horns est le sixième long-métrage du français Alexandre Aja et le quatrième qu’il réalise de suite aux Etats-Unis après La Colline A Des Yeux (2006), Mirrors (2008) et Pirahnas 3D (2010). Ayant mis en stand-by son projet d’adaptation de Cobra pour cause de financement insuffisant (mais Aja n’a pas renoncé à ce film pour autant!), il se voit confier la réalisation de Horns, l’adaptation d’un très bon roman de l’américain Joe Hill. Ce qui n’aurait pu être qu’une commande alimentaire se transforme en un beau film fantastique dans lequel Alexandre Aja s’est beaucoup impliqué.

Niveau réalisation, le frenchie expatrié à Hollywood n’a rien perdu de son savoir-faire. Sa mise en scène est élégante, classique et dotée de plans qui impriment la rétine. Il faut signaler la magnifique lumière dans laquelle baigne le film et qui lui donne un aspect de rêve éveillé. Dès le début, on est scotché au personnage d’Ig, incarné par un excellent Daniel Radcliffe enfin affranchi de ses binocles de petit sorcier et qui livre une magnifique prestation sur le fil du rasoir entre émotion à fleur de peau et accès de colère. Le film s’ouvre sur le magnifique plan d’un couple allongé dans l’herbe. Puis il enchaîne sur Ig, filmé à l’envers sur le sol, qui émerge d’une cuite. Comme le personnage, nos repères sont brouillés. Nous avancerons doucement dans l’histoire au rythme des souvenirs d’Ig. Le film a parfois des allures de rêve obsédant.

Comme le roman de Joe Hill, le film a un ton particulier. On pourrait dire qu’il y a trois films en un: un film fantastique, une satire au vitriol de la nature humaine et une déchirante histoire d’amour perdu. Le côté fantastique vient des cornes de Ig et de leur pouvoir. Ig doit expier ses fautes et assumer sa part d’ombre pour retrouver la lumière. Le personnage ressemble parfois à un démon tentateur qui pousse les gens à avouer leurs fautes. Ce qui débouche sur l’aspect satire. On rit beaucoup des aveux des « victimes » de Ig. Toutes les petites mesquineries, les petites rancoeurs et les désirs coupables éclatent au grand jour. L’hypocrisie des soi-disant bonnes mœurs de l’Amérique est ici mis à mal. Le film possède un vrai humour noir frontal qui n’a peur de rien. Mais depuis Pirahnas 3D, on savait que Aja était un cinéaste malpoli et qui ne s’en excusait pas! Il nous gratifie ainsi d’une attaque jouissive de serpents sur un personnage particulièrement détestable…

Mais là où le film nous cueille, c’est avec cette formidable histoire d’amour entre Ig et Merrin. Ils se sont rencontrés enfants. Il faut signaler, à ce propos, la formidable séquence où Ig se souvient de son enfance. Ce long flash-back enfantin rappelle les productions Amblin des années 80 et décuple encore plus la sensibilité du film. Cette sensibilité se retrouve dans la manière dont Aja filme, avec délicatesse et romantisme, nos deux tourtereaux (soyons clair, Juno Temple est magnifique). Ig se souvient de son amour décédé et culpabilise de sa mort. Le personnage est un ange déchu, chassé du paradis de l’amour et qui se retrouve confronté au Mal, celui des autres et celui qu’il porte en lui. Le film se mût alors en un vrai mélodrame fantastique, sans cynisme aucun. Et puis impossible d’oublier une scène aussi forte et terrible que celle où Ig confronte son frère Terry ( extraordinaire Joe Anderson) à ses démons.

Alors on pourra regretter des effets spéciaux too much sur la fin qui décrédibilisent un peu le climax émotionnel final, même si l’imagerie fantastique convoquée est hallucinante. Et puis la résolution de la mort de Merrin demeure un poil convenue (cela passait mieux dans le roman). Néanmoins, Horns demeure un film fantastique singulier  et attachant, donc à voir!  Note: 14/20

Horns de Alexandre Aja, avec Daniel Radcliffe, Max Minghella, Joe Anderson, Juno Temple et David Morse, en salles depuis le 1er octobre.

5 octobre, 2014 à 9 h 47 min


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