THE NOVEMBER MAN-Le retour de l’Irlandais
Cinq ans après une mission qui a mal tourné, l’agent de la CIA Peter Devereaux coule une retraite paisible en Suisse, au bord du lac Léman. Mais l’un de ses supérieurs et amis lui demande de reprendre du service pour exfiltrer une agent de Russie, une femme dont Deveraux semble très proche. Mais elle est tuée, et Deveraux se trouve pris dans un complot où ses anciens employeurs semblent tremper. Il va devoir aussi affronter son ancien élève qu’il a formé, David Mason (Luke Bracey).
Cela faisait douze ans, depuis le catastrophique Meurs Un Autre Jour (2002), que Pierce Brosnan n’avait pas revêtu le costume d’agent secret et d’action man. Viré de la franchise James Bond, Brosnan revient au genre qui l’a rendu mondialement célèbre, avec un thriller d’espionnage à l’ancienne, réalisé par ce vieux briscard de Roger Donaldson (Sens Unique, La Mutante, Braquage à l’Anglaise). A 61 ans, l’acteur irlandais prouve ici qu’il est toujours en forme. Que ce soit dans les scènes d’action, où il se montre froid et brutal, et dans les scènes dramatiques, où sa sensibilité montre les fêlures de son personnage, Brosnan n’a rien perdu de son talent et de sa classe. Retour réussi pour l’acteur.
Et le film? Sans être révolutionnaire et sans un être un futur classique du genre, il remplit son contrat haut la main. Donaldson a du métier et c’est un solide artisan. Le rythme est prenant, les scènes d’action nerveuses et lisibles, et Donaldson prend le temps de faire respirer son intrigue avec des scènes plus intimistes qui sont bien écrites. Bref, à ce stade, c’est un bon film de divertissement, bien fait, et qui donne du plaisir au spectateur. Mais pas que.
Le scénario a des côtés prévisibles et clichés comme dans la majorité de ces films. Cela limite un peu l’impact du métrage. Pourtant, le ton général est assez surprenant. Le film est souvent sombre et désenchanté: les héros d’hier sont fatigués, désabusés…et un peu alcoolos (voir le sort que fait Deveraux à toutes les bouteilles de mini-bar qu’il croise sur sa route!). Mieux, le film est parfois cruel. On pense à cet séquence hallucinante où un Pierce Brosnan sadique menace la petite copine de son ancien élève pour le déstabiliser. Ce n’est pas le héros hollywoodien lambda et propre sur lui qui se permettrait ça! Les rapports père/fils entre Devereaux et Mason (excellent Luke Bracey) sont bien vus, mais derrière l’estime qu’ils se portent, chacun est prêt à tuer l’autre pour sa propre survie. Deux de leur face à face se règlent en deux mots et en un long regard. Sec, comme le whisky que s’envoie Devereaux.
Le film regarde aussi l’horreur en face et s’intéresse aux victimes de crimes de guerres. Le conflit tchétchène, la corruption et la responsabilité de l’état russe, ainsi que le silence coupable (et complice?) des Etats-Unis, sont abordés sans fard. Le film prend même des allures anti-Poutine par moments. L’actrice Olga Kurylenko apporte beaucoup de sensibilité à son personnage. Enfin, il y a des scènes doucement émouvantes comme celle où Olga Kurylenko joue du piano tandis que Brosnan, le verre à la main, épie son rival par la fenêtre de son hôtel. On retiendra aussi le face à face tendu, pervers et tragique où une victime retrouve son bourreau, à la fin. Bref, The November Man est loin d’être aussi conventionnel que de prime abord.
Malheureusement, quelques menus défauts plombent un peu le film, comme cette tueuse russe dont on se débarrasse trop vite. Mais The November Man est une petite réussite du genre. Et revoir Pierce les armes à la main n’a pas de prix! Note: 14/20
The November Man, de Roger Donaldson, avec Pierce Brosnan, Luke Bracey et Olga Kurylenko, en salles depuis le 29 octobre.
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