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INTERSTELLAR- Au-delà

Interstellar-2014-Poster-Wallpaper

 

 

Interstellar est le prototype du film dont il est difficile de parler sans tout raconter de lui. Tenter de donner envie aux gens d’y aller sans tout dévoiler, est très dur. Aussi, si vous souhaitez en débattre, vous pouvez utiliser les commentaires, je serai ravi de vous répondre!

Ceci posé, on peut quand même dire quelques mots sur ce film. Christopher Nolan (Memento, The Dark Knight Trilogy, Inception) est en passe de mener une petite révolution à Hollywood. Cela va-t-il perdurer? On verra. Nolan, depuis The Dark Knight en 2008, vend de faux blockbusters familiaux au public. Il livre des films amples, qui prennent le temps, aux scénarios parfois alambiqués et qui possèdent une touche sombre et mélancolique. Pour l’instant, cela marche au box-office. On peut remercier Nolan de nous sauver de tous ces films formatés qui ne prennent plus aucun risque. Nolan a de l’ambition, du talent…et beaucoup de courage voire d’inconscience! Ses détracteurs le décrivent comme prétentieux, pompeux et n’ayant aucune aptitude pour la réalisation. Enfin, ce sont surtout les fans de Batman qui lui en veulent car il a osé s’attaquer à une icône des comics pour en livrer une vision personnelle qui a eu l’ire de ne pas plaire à des gens parfois bornés et sectaires. Mais revenons plutôt à Interstellar.

Interstellar est un voyage. Un voyage à travers les étoiles mais aussi dans le cœur et l’âme de ses personnages, surtout Cooper. Le film est un parcours émotionnel. C’est l’instinct de survie de l’homme qui est en question ici. Il faut bien sûr préserver et sauver l’espèce humaine. Mais le personnage principal est animé de la volonté de sa survie propre et de revoir ses enfants. Il ne veut pas n’être qu’un souvenir pour eux. Et pourtant, c’est ce qu’il est déjà, une fois le voyage commencé. Nolan nous montre que le cœur humain et l’amour qu’on porte aux autres peuvent transcender les barrières du temps. Le réalisateur, au cœur d’un film se déroulant aux trois-quarts dans l’espace, réussit un formidable drame humain et familial. On n’est pas prêt d’oublier Cooper et sa fille. Leur relation est l’âme du film. Nous ressentons fortement leur peine et leur désarroi. Mais il y a encore plus dans ce film…

Nolan a accordé beaucoup d’importance aux théories scientifiques dans ses dialogues. On y parle beaucoup de temps, de relativité, de trou noir, etc. Sans que cela soit obscur. On se prend à se passionner pour les problèmes évoqués. En plus, ils ont une conséquence directe sur les personnages et leur destinée. L’approche de la temporalité dans le récit est ici originale. Le film, au début, montre aussi que la science est mal vue dans une société devenue pauvre et qui se concentre uniquement sur la production de la nourriture, pour sa survie. La fille de Cooper est ainsi renvoyée de l’école pour y avoir amené un livre sur la conquête spatiale, conquête spatiale carrément remise en question par une enseignante! Difficile de ne pas voir ici un parallèle avec les intrusions des créationnistes dans l’éducation, aux Etats-Unis. Enfin, Nolan aborde le thème de ce que l’on est censé faire et de ce que cela implique: quelles sont nos aspirations réelles? Sommes-nous condamnés à effectuer des tâches que nous n’aimons pas? Dans le film, Cooper déteste sa reconversion dans l’agriculture et son fils est obligé de prendre sa suite.

Nolan a centré son film sur peu de personnages, pour ne pas perdre le spectateur dans une fresque trop ambitieuse. Pourtant, il y a un formidable parallèle entre le voyage dans l’espace de Cooper et la vie de ses enfants sur Terre, simultanément mais pas sur la même ligne temporelle…Nolan fait monter l’émotion avec un montage fluide et bien géré. Le film a beaucoup de puissance de ce côté. La réalisation est ample, avec des mouvements de caméras aériens mais qui savent aussi revenir sur les personnages quand il le faut. Nolan n’oublie pas le spectaculaire et livre des séquences bardées de suspense. Les effets spéciaux sont fantastiques. Le voyage est de toute beauté. L’espace et ses mystères nous paraissent presque à notre portée. La solitude qu’on peut y rencontrer aussi. Cette solitude capable de rendre fou et de pousser un homme à la folie….

Interstellar est un grand film de SF adulte, humain, émouvant et profondément exaltant. Bien sûr, il comporte quelques défauts (le personnage du frère pas assez développé, certaines longueurs) mais il nous entraine loin, au coeur de l’espace, du temps …et des émotions.  Note: 17/20

Interstellar, de Christopher Nolan, avec Matthew McConaughey, Anne Hataway, Jessica Chastain et Michael Caine, en salles depuis le 5 novembre.

9 novembre, 2014 à 17 h 25 min


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