GODS OF EGYPT-L’oeil du faucon
Il y a très très longtemps, dans l’Egypte ancienne, les Dieux vivaient parmi les Hommes sur lesquels ils régnaient de façon éclairée et pacifique. Le roi d’Egypte, Osiris, décide de faire passer la couronne du royaume sur la tête de son fils, Horus. Malheureusement, Seth , frère d’Osiris et maître du désert, décide de prendre le pouvoir. Il tue son frère, arrache les yeux de son neveu et se met à régner de façon tyrannique et violente sur le pays. Mais c’est compter sans un voleur au grand cœur, Bek….
Le nouveau film d’Alex Proyas (The Crow, Dark City, I Robot, Prédictions) semble être maudit. Le studio qui le produit ne semble pas croire en son potentiel et le bazarde dans les salles, au terme d’une promo calamiteuse et quasi-inexistante (pourquoi alors financer un film si on ne croit pas en lui?). Pire, la bande-annonce est faite avec si peu de subtilité que le film passe pour un gros nanar numérique. Les réseaux sociaux se mettent à condamner le film et à se moquer de lui, alors que personne ne l’a encore vu. Très mauvais signe! Et quand le film sort enfin, la critique l’éreinte et le public le boude. Gods Of Egypt semble être destiné à être un bide monumental. Et c’est bien dommage!
Alex Proyas s’est complètement mis à nu sur ce film, sans aucun filet. D’une façon suicidaire, il s’investit à fond pour livrer un spectacle premier degré, sans cynisme, à la fois naïf et terriblement sincère. C’est bien simple, Gods Of Egypt s’avère être l’un des blockbusters les plus euphorisants de ces dix dernières années. Proyas livre un spectacle généreux, jamais hystérique, un superbe livre d’images, qui fait rêver et enchante le spectateur qui saura s’y abandonner. Le réalisateur australien retrouve l’esprit des films d’aventures d’antan et leur charme suranné ainsi que leur aspect sérialesque et leur énergie juvénile.
Niveau réalisation, c’est tout simplement merveilleux. Proyas s’autorise des plans, des mouvements de caméra incroyables et qui ne virent jamais à la démonstration stérile. Toute la virtuosité technique de Proyas est entièrement mise au service du récit qu’il conduit. Comment ne pas rester bouche bée devant les combats de Seth et Horus? Devant la scène des serpents géants? La scène des chutes d’eau (avec des plans en contre-plongée qui donnent une sensation physique de vertige et de danger)? Celle se passant au Royaume des Morts? Proyas part même dans le cosmos (avec un plan techniquement bluffant qui ravira les fans de Dark City) et nous fait sentir toute la portée mythologique de son récit. On passe du film d’aventures à la Indiana Jones (Bek s’introduisant dans la salle du trésor) au film merveilleux voire au film de super-héros (si, si!) avec une fluidité déconcertante. Et non, le film n’est pas une avalanche numérique dégueulasse avec un abus de fonds verts hideux! Malgré quelques menues faiblesses d’incrustation, le production design tient la route et nous éblouit. Rien que pour le cinéphile qui s’intéresse au style de la réalisation, le film est un régal.
Le scénario, quant à lui, est loin d’être idiot ou sacrifié sur l’autel du spectaculaire. Sans tout dévoiler, on peut parler du duel entre Seth et Horus. Seth (campé par un Gerard Butler puissant et inspiré) est loin d’être un bad guy monolithique. On devine, derrière l’implacabilité du guerrier, un être torturé et dévoré par la jalousie, luttant pour ne pas se laisser déborder par ses sentiments. La scène entre lui et son ancienne épouse est à ce titre incroyable, commençant dans la douceur et finissant dans la cruauté et la violence. Le parcours d’Horus (formidable Nikolaj Coster-Waldau) est aussi intéressant. Jeune guerrier vaillant mais vaniteux, héros déchu vivant en reclus, il doit redevenir un héros au sens noble, c’est à dire pas seulement sur le plan guerrier mais aussi sur le plan humain. Son alliance avec Bek le voleur (le fougueux et sympathique Brenton Thwaites) est plutôt bien vue et leur duo, d’abord drôle et mal assorti, débouche sur une vraie camaraderie au final. Le film verse aussi dans un romantisme bienvenu avec deux histoires d’amour touchantes et contrariées: celle de Bek et Zaya (la mimi Courtney Eaton) et celle entre Horus et Hator (superbe et divine Elodie Yung). Ces deux histoires d’amour défient la mort et sacralisent les sentiments amoureux des protagonistes.
On pourra regretter, toutefois, que le film n’exploite pas certains aspects mis en place jusqu’au bout (le plan pour conquérir le Royaume des Morts) et certaines maladresses (la scène du Sphinx). Néanmoins, on tient là un spectacle galvanisant et rafraîchissant, tour à tour trépidant, drôle (la scène dans le repaire de Thot) et émouvant. Un film qui se conclut de la plus belle des façons, comme un conte: il y aura toujours un amour à sauver, des ennemis à défier et des aventures à vivre…
Note: 4/5
Gods Of Egypt, de Alex Proyas, en salles depuis le 6 avril
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