INSTINCT DE SURVIE-La bimbo et le grand blanc
En 1975, Steven Spielberg débutait Les Dents De La Mer par l’attaque violente d’une baigneuse par un requin invisible aux yeux du spectateur. La scène se montrait aussi traumatisante qu’une agression sexuelle. En 2016, Jaume Collet-Serra (La Maison de Cire, Esther) débute son film de requin par un gamin qui trouve une vidéo sur une plage. En appuyant sur Lecture, le môme voit des surfeurs s’amuser dans l’eau et un requin fonçant, gueule ouverte, vers l’objectif. Cette scène d’introduction ratée n’installe aucune frayeur chez le spectateur. Au contraire du film de Spielberg, Collet-Serra choisit un début anodin et insipide. Il embraie ensuite sur une jolie surfeuse américaine (Blake Lively) parti faire du surf sur une plage secrète du Mexique. On la voit parler par écran interposé à sa sœur et à son père et consulter des photos de sa maman décédée sur son smartphone. Le réalisateur se montre même incapable de filmer simplement son héroïne marchant sur la plage, en proie au doute, sans parasiter l’écran avec les vidéos du smartphone. Enervant et symptomatique de l’époque. On a l’impression d’assister à la mort du cinéma.
Heureusement, dès que son héroïne se fait attaquer par un grand requin blanc et se retrouve isolée sur un rocher, à 200 mètres de la plage, le réalisateur arrive à installer une tension et ménage ses effets (assez chocs) avec un certain bonheur. Filmant son actrice principale sous toutes les coutures (il faut dire que Blake Lively est canon), il soigne ses plans et ses cadrages, installe un rythme paisible faussement trompeur, s’appuie sur une photo magnifique (l’usage de la couleur rouge est bien vu) et livre des moments « bizarres » réussis (le cadavre de la baleine et la menace qui en découle, Blake Lively commençant à perdre pied au milieu de son propre sang, le ban des méduses multicolores). Si on excepte l’amitié gnangnan entre la surfeuse et une mouette (non mais sérieux…), c’est plutôt réussi. D’autant que les attaques du squale sont spectaculaires, même si, une fois de plus, le comportement à l’écran du requin n’a rien à voir avec la réalité!
Malheureusement, d’un film angoissant et prenant, on en arrive aux rives du navet avec une dernière partie ridicule et hilarante qui fait tout retomber: requin déchiquetant du métal, héroïne avec une jambe bousillée qui nage comme Laure Manaudou, requin jusque là intelligent qui devient subitement bête comme ses pieds et mise à mort consternante. On se croirait dans un Bis italien type La Mort Au Large! Cerise sur le gâteau, on nous sert un épilogue familial dégoulinant à souhait de mièvrerie. Vous l’avez compris, Spielberg peut dormir tranquille…
Note: 2/5
The Shallows, de Jaume Collet-Serra, avec Blake Lively, en salles depuis le 17 août.
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