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Kings and vagabonds

« Rover, wanderer, nomad, vagabond, call me what you will… »  Metallica, Wherever I may roam (1991)

 

Ils nous disent que nous ne sommes que des voleurs et des moins que rien, des lâches et des profiteurs, des assassins et des violeurs, des vagabonds et des va-nu-pieds. Nous ne sommes chez nous nulle part. Nos maisons sont détruites, nos proches sont morts, les barbares tiennent notre pays. Nous fuyons. Nulle part où aller. Rêves de l’Eldorado. Rêves du pays de la Liberté. On nous accueille mais certains nous regardent de travers, nous insultent et nous crachent dessus. Nous aimerions retrouver notre pays si joli et libéré de l’obscurité mais nous en sommes loin. Nous sommes là, nous existons. Mais c’est déjà trop pour certains. Nous attendons et profitons un peu du soleil et du bon air d’ici. Peut-être serons-nous à nouveau chasser et devrons-nous à nouveau errer? Nos enfants grandiront peut-être apatrides…

Nous dormons dans la rue. Nous mangeons dans la rue. Nous buvons dans la rue. Nous vivons dans la rue. Nous mourrons dans la rue. Pas de maison, pas de repos, pas de famille, pas de boulot. Rien. Quelquefois un ami à quatre pattes, fidèle et loyal. Nous mendions. On espère attirer l’attention pour quelques pièces afin de nous nourrir. Nous portons des guenilles, nous ne sommes pas toujours propres, nous buvons beaucoup parfois, pour nous réchauffer et parce que la bouteille, hélas, console et remplit le vide de notre solitude. Certains nous aident. La plupart nous ignorent ou feignent de nous ignorer. On ne nous voit pas. Les sourires sont rares. On ne le sait pas mais les mêmes qui nous ignorent ou nous traitent d’alcoolos écrivent parfois sur leurs réseaux sociaux qu’au lieu d’aider des migrants, on ferait mieux de s’occuper de nos pauvres dans la rue. S’ils savaient comme on s’en fout, comme on est loin de tout ça! Qu’ils la gardent leur bonne conscience! Nous avons déjà changé d’emplacement ou de ville. Ou bien nous sommes partis vers le grand nulle part car le froid et la faim ont eu notre peau…

Nous n’avons pas la bonne couleur de peau, le bon nom de famille, la bonne religion. On doit jouer des coudes pour s’imposer car on nous méprise et on nous montre du doigt. Etrangers dans notre propre pays. Nous aimerions fuir, nous sommes encore jeunes. Mais ailleurs, est-ce que ça sera mieux?

Nous n’avons pas de boulot. Nous sommes pauvres. Nous avons des enfants. On ne vit pas, on survit. Et les autres nous traitent de feignants et  d’assistés de luxe. Le luxe dans un taudis? C’est comment chez eux? En hiver, on a pas le chauffage, on a des courants d’air. Ah oui, on aimerait partir pour que nos gosses aient un avenir radieux. Mais sans argent…

Nous avons travaillé toute notre vie, très dur, jour après jour. Et on nous donne pas grand-chose pour vivre, à la fin du mois. On est vieux, on a qu’à aller à l’hospice! Nous aussi, on voudrait partir, avoir une retraite dorée au Sud. Mais on ne peut pas tous se la payer. Ils nous narguent avec leurs croisières Costa quand on peine à remplir le frigo. Partir pour mourir ailleurs, mais où?

On devrait tous rester. On devrait vivre ensemble, se serrer les coudes, être solidaires les uns envers les autres. Mais nous sommes trop concentrés sur nos propres problèmes. Alors, on rêve d’ailleurs et de vie meilleure. Certains ne partiront jamais. Certains seront sans cesse sur les routes de ce vaste monde. Pourtant, nous sommes les rois du monde car nous sommes nombreux. Mais nous ne le savons pas…

 

 

29 octobre, 2016 à 9 h 37 min


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