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SKYFALL-La chute de l’ange

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James Bond 007 (Daniel Craig), l'homme de l'ombre

50 ans que James Bond arpente le grand écran et vit des aventures incroyables. 50 ans que l’espion préféré de Sa Majesté séduit les plus belles filles de la terre et sauve le monde des vilains terroristes. 50 ans qu’il opère sous différents visages: Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig. On aurait pu croire que le public se lasserait de lui mais non, James est toujours présent dans son coeur et les films marchent toujours trés bien au box-office. La preuve avec le petit dernier, Skyfall, qui vient de récolter 77 millions de dollars de recettes dans le monde en moins de 5  jours. Et ce n’est qu’un début, le film sortant aux Etats-Unis le 9 novembre prochain. En France, 1 million de spectateurs s’est pressé pour le voir sur ses trois premiers jours d’exploitation. Mais penchons-nous, justement sur le petit dernier de James Bond.

Lors d’une mission visant à récupérer un disque contenant les identités réelles des agents du MI6 infiltrés dans divers cellules terroristes, James Bond (Daniel Craig) est laissé pour mort. A Londres, sa supérieure, M (Judi Dench), doit faire face aux attaques politiciennes suite à l’échec de cette mission. Mais le danger se rapproche d’elle et James Bond sort de sa retraite pour venir à la rescousse…

Casino Royale avait relancé, en 2006, brillamment la saga Bond après l’essouflement des deux derniers films avec Pierce Brosnan. Les producteurs avaient décidé de revenir aux sources, en adaptant le premier roman écrit par Ian Fleming. Malheureusement, et malgré l’interprétation de Daniel Craig, la suite directe, Quantum Of Solace, s’est avéré un véritable désastre. Par sur le plan financier (le film a cartonné) mais sur le plan artistique. Rien à sauver (ou presque) dans ce film qui a déclenché la colère de nombreux fans. Skyfall se devait de laver l’affront.

Et…c’est chose faite! On pouvait craindre que l’arrivée sur ce projet d’un réalisateur comme Sam Mendes (American Beauty, Les Noces Rebelles) peu rompu aux films d’action ou d’espionnage, serait un handicap (il n’y a qu’à voir le travail ignoble de Marc « Neverland » Forster sur Quantun Of Solace pour s’en convaincre). Et force est de reconnaître que Mendes s’en sort haut la main. Niveau scènes d’action, Mendes fait preuve d’un savoir-faire indéniable et d’une certaine efficacité. Sans toutefois jouer la carte de la surenchère, il s’impose, avec aisance, sur ce terrain. Le prologue est l’un des meilleurs de la saga et propose une savoureuse poursuite en moto et en train. Une autre scène de poursuite, cette fois dans le métro londonien, retient aussi l’attention et s’avère palpitante à suivre mais elle tient plus du cache-cache entre Bond et son adversaire.

Sam Mendes donne une tonalité trés british et trés européenne à son film. Un film toujours élégant, aux images léchées. Certains moments sont trés beaux sur le plan visuel: au sommet d’un gratte-ciel et juste éclairé par des enseignes publicitaires lumineuses, les scènes dans un casino de Macao, ou cette incroyable ville-fantôme dépeuplée et où se cache le grand méchant du film. Trés surréaliste, on se croirait dans Chapeau Melon Et Bottes De Cuir! Bref, le film a une vraie identité visuelle jusqu’à ce final westernien en diable et assez inédit chez James Bond! Il s’y développe une tension et une ambiance incroyables et qui le rapprochent du cinéma de genre des années 70.  Tout finit entre une poignée de personnages. Car Skyfall est un James Bond…trés intimiste!

L’histoire est certes trés classique (trop par moments) mais elle donne une nouveau souffle à la saga en s’intéressant aux personnages et à leurs relations. Les relations M/Bond sont à revoir sous l’angle mère/fils, avec le retour du fils diabolique, Silva (le monstrueux et onctueux Javier Bardem, décidemment trés étonnant!), véritable figure de l’ange déchu cherchant vengeance. La progéniture de M est effrayante et vient de l’ombre (tout comme Bond, d’ailleurs). Une ombre qui est synonyme d’enfer. Skyfall est trés religieux sur le plan thématique (voir le final, dans un lieu sacré et baigné des flammes de l’enfer). Quant à Bond, on en apprend plus sur lui et son passé. Car lui aussi vient de l’enfer. Mais parfois, nous avons besoin d’un chevalier noir…

Le film est aussi trés léger avec de petits moments d’humour trés réussis: le personnage de Q (Ben Wishaw, so british!) et…le retour d’un accessoire culte de Bond, musique à l’appui. Bref, et malgré une baisse de rythme dans l’acte central, Skyfall est un excellent James Bond, peut-être le meilleur depuis Demain Ne Meurt Jamais (1997). Quant à la toute fin, les fans seront aux anges… Note: 15/20

Skyfall de Sam Mendes, avec Daniel Craig, Javier Bardem, Ralph Fiennes, Naomie Harris, Ben Wishaw, Albert Finney et Judi Dench, en salles depuis le 26 octobre.

James Bond will return…

Actu DTV: THE HOLE (2009)-Notre ami Joe

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Nos jeunes héros face au mystére de la cave...

Ainsi donc, le dernier long-métrage de Joe Dante débarque directement en DVD, trois ans après sa réalisation. Une injustice évidente tant ce film, même s’il n’est pas le meilleur de son auteur, déborde de qualités et s’avère être une trés bonne série B fantastique…à destination du jeune public. The Hole aurait mérité d’être vu sur grand écran. C’est le prototype même du film familial, certes assez effrayant par moments, mais fédérateur sur le public visé.

Le sentiment d’injustice est encore plus fort quand on sait que le film n’est même pas sorti en salles aux Etats-Unis. Trois ans qu’il prend la poussière vu qu’aucun distributeur n’a pris le « risque » de le sortir. A cause d’effets 3D* qui auraient rebuté le public. C’était quelques mois avant la sortie et le succés d’Avatar, succés qui allait précipiter l’ère du blockbuster en 3D. Tragique ironie. Joe Dante a essuyé les plâtres pour le reste de la profession. L’autre excuse avancée etait que les films fantastiques mettant en scène des enfants n’étaient plus rentables (hormis Harry Potter, du moins au début de la saga). En 2011, J.J Abrams a démontré de façon éclatante le contraire avec Super 8. Décidemment, Joe Dante est maudit sur ce coup-là. Lui qui a donné à la Warner l’un de ses plus gros hits, en 1984, avec Gremlins. Lui qui a réalisé des films cultes comme Piranhas, Hurlements, Explorers, L’Aventure Intérieure, Les Banlieusards, Gremlins 2, jusqu’à son chef d’oeuvre de 1993, le magnifique Panic sur Florida Beach. Ce réalisateur-là fut banni des grands studios suite à l’échec cuisant des Looney Tunes Passent A L’Action, en 2003. Six ans sans réaliser de long-métrage et à se cantonner à la TV (quelques épisodes de Masters Of Horror, Les Experts, Hawaï Police D’Etat 2.0,…). Et puis voilà The Hole, un film que personne ne verra en salles et qui sort tardivement en DVD, trois ans après. Il est temps de rendre justice à Joe Dante et à ce film!

Dane et son petit frère Lucas emménagent dans une maison de la petite ville de Bensonville, avec leur mère. Tous les trois semblent fuir quelque chose. Si Lucas semble apprécier sa nouvelle maison, ce n’est pas le cas de Dane qui se montre assez hostile. C’est alors que les deux frangins découvrent une trappe cadenassée sur le sol de leur cave. Ils l’ouvrent et y découvrent un trou qui semble sans fin. Aidés de leur nouvelle (et mignonne) voisine, dont le charme trouble Dane, ils font diverses expériences pour sonder le trou. Mais la nuit venue, quelque chose va en sortir…

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Small Soldiers...

Ce qui frappe d’entrée dans The Hole, c’est que l’on y retrouve intact le ton habituel du cinéaste: une vision doucement ironique et mélancolique des choses couplée à un sens du frisson et de l’humour noir toujours aussi efficace. Cela fera plaisir à tous ses fans de constater que le style Joe Dante est toujours là! En y regardant de plus prés, le traitement apporté aux jeunes personnages de l’histoire est remarquable et renvoie  directement aux deux frères de Panic Sur Florida Beach. Il est rare dans un film américain où les héros sont des enfants que ceux-ci soient traités d’une façon intelligente et sensible. C’est le cas içi (autre exception: Super 8). Nos trois héros sont des enfants mais aussi des êtres drôles, émouvants et victimes de frayeurs et de traumas personnels. Ce sont des gosses mais Dante les traite comme des adultes. C’est déjà un bon point d’autant que les jeunes acteurs sont formidables (bien épaulée par la lumineuse Teri Polo, qui joue la mère de Dane et Lucas).

Mais The Hole est avant tout un film d’effroi pour le jeune public. Et de ce point de vue, le film fait peur et est souvent inquiétant, voire sombre. Chacun de nos trois amis devra affronter ses peurs les plus intimes. Dante dépeint et explore les peurs de l’enfance avec accuité et efficacité. Pour Lucas (le plus jeune, donc le plus « petit »), il s’agira de se confronter à sa peur des clowns. Basique mais efficace. Pour ses deux ainés, le danger est plus original. La jeune fille verra ressurgir une peur liée à sa culpabilité portant sur un évènement traumatique de son enfance (et qui permet à Dante de livrer une séquence magnifique dans un parc d’attractions à l’abandon). Quant à Dane, c’est l’ombre de la violence domestique qui le pourchassera (ce qui nous vaut une référence trés pertinente au film La Nuit Du Chasseur). Comme on le voit, des thèmes adultes! Et les scènes de frisson sont parfaitement éxécutées: l’attaque du clown, l’attaque dans la piscine, la fin dans un monde parrallèle inquiétant (où plane l’amour de Joe Dante pour l’univers du cartoon). Le film fait souvent peur et rappelle que Joe Dante a débuté dans l’horreur. Avec son savoir-faire et sa foi dans le cinéma, Dante réussit à nous inquiéter. Magique!

Les fans du réalisateur verront plein de références (inconscientes selon lui) à ces films antérieurs: Gremlins, Piranhas, son segment pour le film La Quatrième Dimension et même…Hurlements (avec un personnage ayant un look similaire à celui de…)!  Alors bien sûr, c’est un petit budget (mais les SFX sont trés réussis) et cela se voit parfois (peu de figurants, un seul plan d’ensemble de la ville). Il y aussi des aspects de l’histoire qui sont laissés de côté (comme le personnage de Bruce Dern). Mais qu’importe! The Hole remplit son contrat haut la main sur une trés courte durée (88 minutes) et on espère retrouver Joe Dante prochainement!  Note: 14/20

The Hole de Joe Dante, dispo en DVD et BLU-RAY chez Seven 7. Une édition réussie sur le plan technique mais dépourvue de bonus. Pas de commentaires audios, de scènes coupées ou de making-of. Honteux!

* Le film a été tourné directement en 3D. Malheureusement, avec cette édition, dur de s’en rendre compte. Dommage….

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GOD BLESS AMERICA-Frank et Roxy s’en vont en guerre

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GOD BLESS AMERICA-Frank et Roxy s'en vont en guerre dans Cinéma 145557-300x168

Roxy et Frank, tueurs nés?

 

Frank, un petit employé de bureau, apprend le même jour qu’il est licencié et qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau qui lui laisse peu de temps à vivre. Il est divorcé, sa fille est une petite peste capricieuse qui ne veut plus le voir. Seul, au bout du rouleau, Frank rumine devant sa télé. Et ce qu’il y voie le dégoute: télé-réalité, talk shows,… Frank est en colère. Il décide d’aller tuer une vedette de la télé-réalité. C’est le début d’une cavale meurtrière à travers les States, où il est rejoint par une lycéenne paumée, Roxy. Ensemble, ils décident de débarrasser leur pays des gens méchants et stupides.

Voilà un petit film indépendant américain d’une méchanceté et d’une corrosivité absolument jouissive. Il est du au comique Bobcat Goldthwait. Et ce dernier ne recule devant rien. Son film n’est pas une satire morale politiquement correcte. God Bless America n’est pas un film tiède. C’est un film frondeur et rageur qui ne recule devant rien. Vous n’aimez pas les stars vulgaires de la télé-réalité? Les journalistes fachos grandes-gueules? Les antisémites? Les militants anti-avortement? Alors ce film est fait pour vous! Goldhwait n’aime visiblement pas ce que son pays est en train devenir: une sorte de paradis pour la bêtise humaine. Il appuie sur le champignon et renvoie à la face de l’Amérique sa propre laideur spirituelle. Mais il ne justifie pas pour autant le comportement de ses deux personnages. Il montre ce que la colère et la frustration peuvent déclencher chez les gens. Le film demeure quand même un jeu de massacre drôle et féroce. Les personnes que tuent Frank et Roxy sont à peine caricaturales. Allumez votre télé, si vous ne me croyez pas…

Mais le tour de force c’est que l’émotion n’est pas laissée de côté. Frank et Roxy sont deux personnages trés attachants (leurs interprètes, Joel Murray et Tara Lynne Barr sont vraiment magnifiques, drôles et touchants). Leurs scènes de discussions sont trés réussies. On ressent leur solitude et leur colère. Le traitement est même parfois subtil. On pense notamment à cette scène où Frank tue un homme « normal » car celui-ci lui a fait remarquer l’ambiguité de sa relation avec Roxy. Comme si Frank se tuait lui-même ou plutôt son coté « obscur ».  Assez dérangeant.

Souvent jouissif (la scène du cinéma), le film est malheureusement freiné par deux défauts. La réalisation est assez impersonnelle et manque d’un véritable sens du cinéma. Et certaines tirades dans les dialogues sont parfois trop longues. Mais ça vaut le coup de rester jusqu’à la fin. Déjà, parce qu’on se marre pendant tout le film et de plus, la fin est suffisamment jusqu’au-boutiste et rentre-dans-le-lard pour qu’on la signale! Bref, un petit film bien méchant, à consommer sans modération. Note: 14/20

God Bless America de Bobcat Goldthwait, avec Joel Murray et Tara Lynne Barr, en salles depuis le 10 octobre.

 

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Roxy: la fuck attitude!

KILLER JOE-Les rejetons du diable

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KILLER JOE-Les rejetons du diable dans Cinéma killer-joe-11-300x200

Joe (Matthew McConaughey), le diable au regard bleu azur.

Chris (Emile Hirsch) est un petit dealer minable qui doit de l’argent à un gros caïd. Comme c’est un garçon intelligent et charmant, il décide, avec l’accord de son abruti de paternel (Thomas Haden Church) de faire buter sa mère pour toucher son assurance-vie. Il engage alors Joe (Matthew McConaughey), un flic ripou qui arrondit ses fins de mois en effectuant des « contrats ». Mais Joe réclame une avance que Chris ne peut payer. Ce dernier remarque que Joe semble avoir un faible pour sa jeune soeur, encore mineure, Dottie (Juno Temple). Il décide de l’offrir à Joe comme caution. Et l’enfer se déchaînera…

A la lumière du résumé précédent, on se rend compte que le dernier film de William Friedkin (French Connection, L’Exorciste, Police Fédérale Los Angeles, Bug) est assez sordide. Le mot est faible. Il n’y a aucun personnage positif. Tous les protagonistes sont cupides, bêtes et peu enclins à la sympathie envers leur prochain. Le pire étant atteint avec Joe, un psychopathe illuminé, froid et implacable, interprété par un Matthew McConaughey puant de charisme, au regard homicide et qui trouve là le rôle de sa vie.  Car Joe va jouer un rôle de déclencheur de violence dans le foyer de Chris. C’est une sorte de patriarche maléfique qui va finir par s’imposer. On peut y voir là une image déréglée et obscure du cow-boy américain, et donc du rêve américain. D’autant, que le personnage a des allures de prédicateur illuminé qui font froid dans le dos.

S’appuyant  sur un excellent scénario de la dramaturge Tracy Letts (déjà auteur du dérangeant Bug), Friedkin nous concocte un petit conte immoral, cruel et trés méchant. Entre les scènes troubles de séduction entre Joe et Dottie (formidable Juno Temple), la tension qui va crescendo et la violence finale d’une brutalité et d’une sauvagerie assez limites, Friedkin appuie sur le champignon et ne nous épargne rien dans cette virée au coeur d’une Amérique pauvre. Mais aucune morale sociale, Friedkin dépeint des protagonistes qui ont renoné à leur humanité au profit de l’argent, qui n’a jamais senti aussi mauvais.

Aucune lumière ne viendra illuminer ces ténèbres. A part les éclairs (divins?) et les flammes (de l’enfer?) .Ou le personnage de Dottie, sorte de baby-doll nunuche et romantique, qui attise la convoitise sexuelle de Joe et…de son propre frère! Friedkin s’octroie aussi quelques bouffées d’humour noir salvatrices. Mais le chaos est en marche, et rien ne l’arrêtera. Les 15 dernières minutes sont assez insoutenables. Et toute la violence retenue pendant le film, éclate et se déchaîne sur un bouc-émissaire.

Vous êtes prévenus, Wild Bill Friedkin est au top de sa forme (77 ans quand même!) et ne va rien vous épargner. Ames sensibles, passez votre chemin! Note: 18/20

Killer Joe de William Friedkin, avec Matthew McConaughey, Emile Hirsch, Juno Temple, Gina Gershon et Thomas Haden Church, en salles depuis le 5 septembre.

THE SECRET-Les innocents

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Julia Denning (Jessica Biel) se lance à la poursuite du Tall Man.

A Cold Rock, petite ville minière désaffectée et ruinée du nord-ouest des Etats-Unis, les enfants disparaissent. La police et le FBI n’arrivent pas à résoudre ces cas de disparitions. La population locale accuse une créature légendaire qui vivrait dans la forêt, le Tall Man (littéralement « le grand homme »), d’autant que certains prétendent l’avoir vu. L’infirmière de la ville, Julia (Jessica Biel), une jeune veuve, ne semble pas trop croire en ces histoires. Jusqu’à ce que son fils de 6 ans se fasse enlever à son tour, sous ses yeux. Mais Julia se met à poursuivre celui qui lui a volé son enfant…

Quatre ans après l’électro-choc Martyrs, Pascal Laugier revient avec un film qui va diviser profondemment ses spectateurs. Pas de demi-mesure içi, on aime ou on déteste. Amateurs de thrillers consensuels et télévisuels, passez votre chemin. Laugier va provoquer des réactions qui vont se traduire par une passion enthousiaste…ou une haine dévastatrice. Au vu de la bande-annonce, tout le monde s’attend à un schocker horrifique. C’est un état de fait que la première partie du long-métrage entérine. L’atmosphère est lourde et pesante, tout comme la misère dans laquelle survivent les habitants de Cold Rock. Le réalisateur s’attarde sur leur quotidien, via le regard du personnage de Julia. Laugier va ensuite multiplier les petits signaux inquiétants avant de balancer, à mi-parcours, une scène d’enlèvement et de poursuite incroyable et prenante. On est agrippé à notre siège. Tous les espoirs que les fantasticophiles plaçaient en Laugier se réalisent. Et puis, arrive la deuxième partie…

Et là, jusqu’à la fin, les spectateurs vont se scinder en deux: ceux qui seront surpris et les déçus. Si vous vouliez voir un mix entre Martyrs et Sixième Sens, passez votre chemin. Si en revanche, vous aimez être surpris par un film et être emmené vers une direction inconnue, alors allez-y! Car Laugier va vous proposer une manipulation narrative qui va chambouler tous vos repères. Vous allez être déstabilisés. Une même scène sera répétée mais elle aura un sens complètement différent. Car le point de vue aura changé. Et c’est le point de vue qui va dicter les surprises narratives.

The Secret est réalisé d’une façon efficace et classique. La mise en scène de Laugier est techniquement irréprochable. Ce mec aime le ciné de genre, ça se voit, ça se sent. Il passe d’une scène angoissante à une scène bouleversante, en un tour de main. Et avec le même talent. Mais il ne singe pas le cinoche américain. Il a un point de vue trés européen, tout en plongeant tête baissée dans les clichés inhérents au genre. Honnêtement, on a hâte qu’il revienne faire un film en France!

The Secret est donc un film angoissant et bouleversant, formellement irréprochable et efficace mais dont le contenu narratif et thématique va plaire ou déplaire. Mais Laugier ne juge pas ses protagonistes et ne donne aucun avis. Il constate. C’est un témoin. Comme Martyrs, The Secret n’est que le triste reflet du triste monde dans lequel nous vivons. Tous ceux qui font des mauvais procés à Laugier se fourvoient, et en plus ils dévoilent toute l’intigue, les saligauds! Voilà, vous êtes prévenus! Pour ma part, j’ai beaucoup aimé le film car il m’a surpris, touché et…manipulé, tout en étant un peu déçu, quand même, de ne pas avoir vu le pur film d’horreur que j’attendais. 

Et Jessica Biel y est magnifique et trouve là un rôle trés fort à la mesure de son talent!

Je mets un 15/20 et j’assume cette note! Et je donne rendez-vous quelques lignes plus loin à ceux qui ont vu le film….

The  Secret (The Tall Man, titre américain) de Pascal Laugier avec Jessica Biel, en salles depuis le 5 septembre. 

 

ATTENTION! A NE LIRE QU’APRES AVOIR VU LE FILM!

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Julia aux mains du Tall Man.

Jusqu’à la moitié du film, nous voyons une femme (Jessica Biel) qui poursuit le ravisseur de son fils; un ravisseur qui aurait déjà enlevé plusieurs autres enfants. Elle n’arrivera pas à l’avoir. Nous nous identifions à cette femme et à sa douleur. Nous voyons toute cette histoire par le prisme de son regard mais Laugier nous a sciemment caché certaines choses. Nous ne voyons qu’une « partie » de la situation mais nous l’ignorons encore. Nous sommes dans un thriller où un maniaque a kidnappé des enfants, dont le fils de l’héroïne. Fausse piste.

Ensuite, Julia se rend compte que les autres habitants savent où est son fils et lui mentent (scène du resto-route). Elle s’enfuit mais la meute se lance à ses trousses, armée et dangereuse. Nous sommes alors dans un film de complot où une femme est seule face à toute une population complice et hostile. Fausse piste.

Enfin, survient la scène où elle retrouve son fils et son ravisseur. Et c’est là que nos repères éclatent. Pendant toute une bobine, nous nous sommes identifiés à Julia et nous avons compatit à son malheur. Laugier nous avait raconté l’histoire de son point de vue et nous n’avions aucune raison de douter (malgré la voix-off d’un autre personnage de l’histoire qui s’improvise narrateur mais ça ne bouleverse pas le point de vue). Or, Julia n’est pas la mère de l’enfant. C’est elle, la vraie ravisseuse. Celle qui lui a repris l’enfant n’est autre que sa propre mère qui avait découvert, par hasard, que Julia l’avait enlevé. Elle s’était confiée aux autres villageois qui l’avaient cru. Pour eux, c’est l’infirmière qui est le « Tall Man » et c’est pour ça qu’ils la poursuivaient. Julia, la prétendue héroïne, est le Tall Man, responsable de l’enlèvement des autres enfants. Donc le spectateur voit ses repères bouleversés. Il ne peut plus s’identifier à Julia. Pourtant, Laugier continue de créer de l’empathie pour elle. C’est une situation inconfortable et trouble. Mais le meilleur arrive avec les raisons des enlèvements…  

A la lumière de ces raisons, nous ne pourrons ni tout à fait condamner, ni tout à fait pardonner à Julia. Laugier refuse toute posture de moralisateur et laisse le spectateur avec ses doutes et ses questions. Il existe donc un réseau de personnes qui se charge d’enlever des enfants qu’elles jugent malheureux et qui les placent dans un environnement plus stable (un environnement bourgeois, donc. Le film reprend la thématique de la lutte des classes, exacerbée par la crise). Mais Laugier ne les enscence pas, loin de là. Qui sont ces gens qui s’arrogent le droit d’enlever des gosses à leur famille, sous prétexte de les aider? Ne condamnent-ils pas un peu trop vite certains parents? La mère de David, le prétendu fils de Julia, n’arrivait plus à payer ses factures. N’y avait-il pas une autre solution que d’enlever David? On pouvait aider la mère, en lui donnant de l’argent. Car toute l’intelligence de Laugier est de ne pas montrer des parents « caricaturaux » (genre pédophiles et violents) mais des gens usés par leur quotidien de misère à l’image de la mère du personnage de la narratrice. Une femme triste mais aimante qui a juste baissé les bras. Le réseau la traumatise encore plus et la laisse dans une situation assez horrible (son mec se met en couple avec sa première fille et lui a fait un bébé). Enfin, c’est plus sa fille qui la traumatise. A-t-elle raison de fuir une vie sans avenir pour une autre meilleure, tout en sachant que sa mère vivra à jamais, dans le chagrin de l’avoir perdue. A-t-elle raison?

Laugier pose des questions mais se garde de juger et de prendre parti. Mais les insultes commencent à pleuvoir sur lui, venant de personnes qui n’ont pas compris son film et qui se drappent dans une morale bobo bien-pensante et écoeurante. Qu’on aime pas un film pour des raisons ayant trait au scénar ou à la réalisation est une chose et chacun son avis! Mais qu’on prête à un artiste un discours qu’il ne tient pas, c’est dégueulasse. Quand on n’a pas compris un film, on évite d’écrire des conneries dessus! 

THE DARK KNIGHT RISES-Ce qui ne te tue pas…

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"Eh Bane, tu descends? -Pour quoi faire? -C'est ton destin!"

Il y a 8 ans, le Chevalier Noir disparaissait dans les ténèbres de Gotham City, se laissant accuser du meurtre de Harvey Dent, afin de faire de ce dernier un héros posthume. Durant ces 8 années, grace aux lois Dent, tous les criminels dangereux de la ville furent emprisonnés, sans espoir de sortie. Depuis, Gotham vit en paix. Quant à Bruce Wayne, il vit reclus dans son manoir, désormais reconstruit, avec son fidèle Alfred. Ravagé par la mort de sa douce Rachel, il n’est plus qu’une ombre, un infirme diminué à la patte folle. Mais une tempête nommée Bane va s’abattre sur Gotham…

Il est peu de dire que ce dernier volet de la trilogie du Dark Knight était attendu; surtout après le magnfique deuxième épisode. Après vision de la chose, force est de reconnaître qu’il est inférieur. Mais le film reste trés bon. Une trés bonne adaptation de Batman. Même si quelque chose cloche…

Alors oui, comme toujours chez Christopher Nolan, le scénario est trés bien écrit. L’histoire est dense et passionante. Les personnages sont travaillés. Les thémes abordés sont riches. Après The Dark Knight et Inception, Nolan confirme qu’il a trouvé une nouvelle voie pour faire des blockbusters qui soient intelligents, émouvants, sombres et funs. Le réalisateur britannique a su imposer sa vision des choses à la Warner et c’est tant mieux. De plus, avec sa trilogie « batmanesque », il nous a bien vengé des deux navets de Joel Schumacher et redoré le blason du Batman. Donc The Dark Knight Rises est bien un blockbuster à la Nolan. Epique, prenant le temps de bien planter tous les enjeux narratifs de son histoire, et d’une tonalité sombre trés éloignée des standards actuels, le film en impose.

Il nous montre un héros prématurément vieilli, désabusé et recherchant la mort. Sa résurrection n’en sera que plus émouvante. Car l’émotion est au coeur de ce film: le chemin de croix douloureux de Bruce Wayne (mais n’a-t-il jamais cessé depuis Batman Begins?) est là pour le prouver. Tout comme ses relations avec Alfred, incarné par un magnifique Michael Caine. Le film a un coeur et une âme. Du commissaire Gordon, en passant par l’agent Blake ou Selina Kyle (Anne Hathaway, incroyable, LA révélation du film), tous les personnages ont des failles et existent sous nos yeux. Ces personnages sont tous en quête de quelque chose: une rédemption ou un nouveau départ. Car pourquoi tombe-t-on? Pour mieux se relever. Et aussi pour les autres. C’est ce que devra (ré)apprendre Bruce Wayne.

Le méchant du film, Bane, est incarné par l’imposant et charismatique Tom Hardy. Il faut voir à tout prix le film en V.O. La voix de Bane est incroyable, loin de l’effet « Dark Vador » redouté. Toutes les nuances vocales du jeu de Tom Hardy (ironie, humour noir, menace) sont rendues à la perfection. Bane est le Mal incarné. Un type capable de manipuler une foule entière, de la pousser à la révolution, uniquement pour la détruire et rayer une ville de la carte. « Je suis l’expiation de Gotham » affirme-t-il à une de ses victimes avant de la tuer. Bane est un fanatique indestructible. Son combat avec Batman est rude, violent. Les coups échangés font mal…et le Chevalier Noir subira une (première) défaite douloureuse qui le conduira dans un enfer souterrain… Bane inversera les valeurs de Gotham, transformant la ville en zone de guerre occuppée où la justice est rendue de façon expéditive par des criminels (ce qui nous vaut un caméo savoureux!). Il serait criminel (!) de vous en révéler plus. Ce troisième volet est trés réussi, un grand film de super héros, trés riche…trop riche?

Car  on a l’impression que Nolan a eu les yeux plus gros que le ventre. L’histoire est parfaite mais certains passages, au demeurant réussis, donnent l’impression d’avoir été survolés (les scènes dans la prison souterraine, la population de Gotham et ses « relations » avec Bane). Comme si le film aurait du avoir deux parties ou être une saison entière d’une série télé. Nolan semblait pressé d’en finir. Avait-il vraiment envie de réaliser ce troisième volet? On peut se le demander vu le nombre de faux raccords (surtout dans la dernière partie) impressionnants et honteux pour une production de cet ordre. La précision légendaire et maniaque de Nolan en prend du plomb dans l’aile! Et puis les flashs-backs sont foireux. Le pire est l’apparition de Liam Neeson, avec ses implants capillaires ridicules. Autre gros point noir: l’interprétation catastrophique de Marion Cotillard, içi ridicule. Attendez-vous à rire à la fin! Heureusement que Anne Hathaway est là! Et puis Christian Bale est FABULEUX! Voilà, c’est dit!

Il manque quelque chose à ce TDKR. Comme si Nolan avait tout donné sur le 2. Alors oui, le film est ample et spectaculaire. Oui il est super émouvant (toute la fin est MAGNIFIQUE). Mais on sort de la projection, en se disant que ça aurait pu être encore mieux et que la formule Nolan s’essouffle légèrement. Peut-être devrait-il revenir à des petits budgets du type Memento ou Insomnia pour se ressourcer…et se relever?  Note: 14/20

The Dark Knight Rises de Christopher Nolan, avec Christian Bale, Michael Caine, Gary Oldman, Anne Hathaway, Tom Hardy, Marion Cotillard, Joseph Gordon-Levitt et Morgan Freeman, en salles depuis le 25 juillet.

TO ROME WITH LOVE-Tous les chemins mènent à Woody

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TO ROME WITH LOVE-Tous les chemins mènent à Woody dans Cinéma mov-to-rome-with-love_320-300x225

Alec Baldwin et Jesse Eisenberg ou quand un homme d'âge mur se penche sur sa jeunesse.

 

A Rome, ville éternelle de l’amour, plusieures histoires se déroulent, mais sans jamais s’entrecroiser: une jeune couple marié fera l’apprentissage de l’adultère, un architecte américain rencontre un compatriote étudiant et sera le témoin de ses amours compliqués, un bureaucrate anonyme devient la star des médias du jour au lendemain et un metteur en scène d’opéras américain rencontre le père du futur époux de sa fille, un croque-mort dotée d’une voix fabuleuse mais qui ne peut chanter juste que sous une condition bien particulière.

A la lumière de ce résumé, on voit qu’on a affaire à un film à sketchs, un genre un peu tombé en désuétude mais remis au goût du jour par le succés récent du sympathique Les Infidèles. Mais Woody Allen n’a pas attendu Lellouche et Dujardin pour écrire son film. Il s’agit d’une coïncidence plus que d’une tendance. Et comment notre cinéaste new-yorkais (en goguette en Europe depuis Match Point) préféré se sort-il de ce genre? Et bien, d’une façon éclatante, mes amis!

Evacuons d’abord le problème du lien entre les sketchs. Il n’y en a pas, à part peut-être les thèmes abordés. Certains trouveront cela décevant mais honnêtement, ce n’est pas gênant. Niveau écriture et dialogues, que dire? Tout simplement que Woody est à son meilleur niveau. Tout le film est léger, drôle, sarcastique, spirituel mais aussi teinté d’amertume (un peu comme dans le sous-estimé Vous Allez Recontrer Un Bel Et Sombre Inconnu). On se demande à quoi carbure le cinéaste de 76 ans pour avoir ce don du dialogue bien senti et des situations cocasses! Alors, bien sûr, au niveau de la thématique, Woody reste dans son fond de commerce préféré, l’amour et ses vicissitudes (adultère, tentation, hésitation, femmes tentatrices, artistes malheureux dans leur quotidien,…), mais quand c’est aussi bien fait que dire? Juste grazie maestro!

Côté ambiance et réalisation, c’est superbe. Woody filme Rome d’une façon ensoleillée. Il insuffle beaucoup de rythme à sa comédie de moeurs. Et n’oublions pas qu’en matière de comédie, si il n’y a pas de rythme, c’est mort! Ceux qui raillent la façon soi-disante vieillote avec laquelle filmerait Allen, on oubliait ce qu’est le Classicisme en matière de cinéma. Les acteurs se mettent au diapason et sont tous géniaux, avec une mention particulière pour Roberto Begnini, Alec Baldwin et Pénelope Cruz. Ah, Pénelope…

Mais dans ce dernier opus, Woody règle ses comptes avec la célébrité et les illusions qu’elle induit. L’histoire du personnage de Begnini est une critique à peine voilée et trés pertinente de la télé-réalité et de ses « stars » célèbres pour montrer leur intimité au yeux de tous. Mais Allen ne tape pas que sur ces pauvres bougres: les médias, complices et manipulateurs, s’en prennent aussi une bonne. A travers cette histoire, Woody flirte avec l’absurde et le surrréalisme. Cette tendance se retrouve aussi à travers la meilleure histoire de ce film: celle d’Alec Baldwin. Il rencontre un jeune étudiant qui lui ressemble et qui est en train de vivre la même histoire qu’il a vécue. Il le suit partout et essaye de le conseiller et de le mettre en garde. On se rend vite compte qu’il s’agit de lui-même et qu’il se promène dans ses souvenirs et essaye de voir comment il aurait pu éviter certaines erreurs. Un homme d’âge mûr, plein de regrets et de nostalgie, sans complaisance vis à vis de sa version « jeune ». Mais cette dernière (excellent Jesse Eisenberg) le regarde de la même façon et lui lancera un « Tu t’es vendu » qui reste au travers de la gorge. Woody plonge dans le « fantastique » avec cet homme qui se rejoue ses erreurs passées dans sa tête et les matérialise sous nos yeux. Original.

Alors, peut-être que la fin s’étire un peu, mais ce film est un vrai bonheur, un cadeau qui fait du bien, qui fait rire (mais pas que!). Bref, Woody Allen n’est pas mort. Et il est attristant de voir qu’une grande partie de la critique crie au navet. Cette même critique qui enscensait Woody, il y a peu. Ce retournement de veste me fait penser, ironiquement, à ce que subit Roberto Begnini dans le film. Note: 15/20

To Rome With Love de Woody Allen, avec Woody Allen, Alec Baldwin, Roberto Begnini Pénelope Cruz, Jesse Eisenberg, Ellen Page,… en salles depuis le 4 juillet.

MEN IN BLACK 3-Paradoxe temporel

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K "version 1969" (Josh Brolin) et J (Will Smith): un nouveau duo en 1969, mais pas en 2012...

 

En 1997, Men in Black de Barry Sonnenfeld avait été le succés surprise de l’été. Ce film était devenu culte pour ceux qu’on n’appelait pas encore les geeks. Cette comédie de SF, adaptée d’un comics, avait su proposer une véritable ode à un tout pan science-fictionnel (hommes en noir, aliens présents sur Terre à notre insu, théorie du complot) via un traitement naviguant, avec un certain talent, entre premier et second degré. Dans la foulée, une série animée voit le jour (assez sympa au demeurant). En 2002, l’inévitable séquelle, toujours signée Sonnenfeld, voit le jour mais la magie n’opère plus: si le film reste regardable, le script (paresseux à souhait) sert la soupe à Will Smith et ses pitreries, sans rien proposer de neuf, excepté 2 ou 3 séquences réussies grâce au talent de Sonnenfeld. Sans être un désastre, le film encaisse une contre-performance au box-office, à tel point que la franchise (série animée comprise) est stoppée net pendant 10 ans. Quand le troisième volet (sous l’impulsion du producteur Steven Spielberg) se met en chantier, personne n’y croit plus, d’autant que les problèmes s’enchaînent (le scénario n’était pas fini au début du tournage, par exemple). Et pourtant, au contraire de la baudruche Prometheus que tout le monde voulait voir, Men in Black 3 s’impose comme une petite réussite.

Déjà, le scénario renferme une idée géniale: le voyage dans le temps. Suite à l’évasion d’un alien trés dangereux, Boris l’Animal, du pénitencier Lunar Max,  la vie de nos agents préférés, J et K, va être chamboulée. Boris trouve le moyen de retourner en 1969 pour tuer K. J va alors tout faire pour rétablir l’ordre des choses car la survie de notre planète en dépend. Confronter l’univers des Hommes en Noir avec le mythe du paradoxe temporel est un pur fantasme qui s’assouvit parfaitement dans le film. Car loin de se contenter de faire une simple comédie « anachronique » (style « Les Visiteurs ») en opposant J au contexte de l’année 69, Sonnenfeld livre une sorte de rêve nostalgique. Car le film n’est pas adapté aux normes du blockbuster de notre époque (genre les Transformers de Michael « je fais mal aux yeux » Bay). On a affaire à un film qui retrouve l’essence du film originel de 97, mais aussi de tout un pan du cinoche des années 80 (Retour vers le Futur, C’était Demain). Le final, par exemple, n’est pas un truc super spectaculaire qui explose partout mais une scéne d’action, certes trépidante, mais finalement assez old school, lisible, trés bien découpée et qui renvoie à la SF des années 70, voire 60.

Men in Black 3 est un film super ludique. Les scènes d’action sont trés réussies et bien montées. Mais elles ne constituent pas l’essentiel même si le plaisir qu’on y prend est grand (voir l’évasion de Lunar Max ou la poursuite en « rétro mobylette »). Le second degré légendaire de Sonnenfeld se déploie içi avec aisance, sans verser dans le cynisme. La double lecture est constante (notamment le racisme des années 60 évoqué là par un contrôle routier ou dans un dialogue entre K et son supérieur qui ne semble pas faire grand cas des pertes extra-terrestres lors d’un accident). C’est malin et assez subtil. D’autant que l’aspect comique est parfois savoureux (ah, Andy Warhol..). Visuellement, Sonnenfeld assure et s’autorise des moments ultra-jouissifs (le passage en 1969 via un plan-séquence hilarant en est le parfait exemple).

Mais le plus surprenant dans ce film, c’est le facteur émotion. La nostalgie, mentionnée plus haut, instille souvent ce sentiment. Le voyage dans le temps aussi. Et le final du film vous sert la gorge. Etonnant pour du Men in Black! Et puis le côté paradoxe temporel est aussi accentué par un personnage instantanément culte: Griffin, un alien doté d’un pouvoir trés particulier. Au début il nous fait rire mais loin d’en faire un bouffon, Sonnenfeld nous le rend attachant et émouvant (la scéne du match de base-ball ou la scène finale sur la plage). Enfin, terminer le film en mêlant la mythologie des Hommes en Noir avec un la grande Histoire est trés pertinent.

Alors oui, certains personnages secondaires manquent d’épaisseur (O par exemple) et on a l’impression qu’il manque des scènes (ceci est du au tournage chaotique) mais arrivé à faire un aussi bon film, cohérent et émouvant, dans ces conditions, est un petit miracle en soi. Note: 13/20

Men in Black 3 de Barry Sonnenfeld, avec Will Smith, Tommy Lee Jones et Josh Brolin, en salles depuis le 16 mai.

PROMETHEUS-Espace vide

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Lawrence d'Arabie (Peter O'Toole)...à moins que ce ne soit l'androïde David (Michael Fassbender) de Prometheus!

 

On peut dire que le film Prometheus était attendu comme le Messie par les fans de S.F. En effet, il s’agit du retour à la science-fiction de Ridley Scott, 30 ans après son chef-d’oeuvre Blade Runner. De plus, le film est annoncé, un temps, comme une préquelle à Alien, autre grand classique de la filmographie du réalisateur britannique. Mais en cours d’écriture, Scott et ses deux scénaristes dévient de leur projet initial et s’orientent vers autre chose qu’une simple préquelle à Alien. Mais Scott annonce qu’il y aura bien un lien avec l’univers de Alien mais que ça ne constitue pas l’axe principal du projet. Les geeks du monde entier commencent à trépigner d’impatience. Puis arrive la première bande-annonce qui enflamme la toile et le coeur des cinéphiles. Malheureusement, à la vision du film, force est de constater que nos grandes espérances sont déçues dans les grandes largeurs, sans que le film soit une purge totale pour autant.

Après un prologue magnifique et d’une beauté confondante, l’histoire nous raconte comment une expédition scientifique est mise au point et envoyée dans l’espace vers une planète inconnue, en l’an de grâce 2093. Cette mission est constituée suite à une découverte archéologique. En effet, sur des peintures murales préhistoriques, est peint une sorte de géant qui montre une certaine galaxie dans l’univers, en tendant le bras. Bien sûr, une fois sur place, la mission va tourner au cauchemar…

Alors, commençons par les compliments. Tout d’abord Sir Ridley n’a pas perdu la main et son retour à la SF s’avère grandiose, du point de vue visuel. C’est simple, sur le plan de l’image, c’est son plus beau film depuis Legend (1985).  Il y a des plans qui impriment la rétine du spectateur et subjuguent. Je pense notamment aux « films » sur la nature qui défilent sur les murs de la cabine de Vickers (Charlize Theron) comme un écho du paradis terrestre perdu pour les membres de l’équipage du Prometheus, le prologue, les scènes où David (Michael Fassbender) est seul dans le vaisseau ou les plans, imposants, à l’intérieur du « dôme ». Scott sait toujours maintenir la tension et le suspens et son film se laisse suivre sans trop d’ennui car le rythme n’est jamais trop lent. Les scènes horrifiques sont spectaculaires et assez effrayantes (voire un peu gore mais pas trop) et Scott nous gratifie d’une séquence d’ »accouchement » absolument tétanisante, mais pas aussi culte que celle d’Alien. Il est appuyé par des décors et une photographie somptueuses. Enfin, les effets spéciaux sont trés réussis. Visuellement, le film est une petite claque. Oui mais voilà, ça ne fait pas tout et quand on se penche sur le scénario, les ennuis commencent.

Car que raconte le film?…Pas grand chose, en fait! Le scénario est vide. Tout cela sonne creux. Il ne se passe quasiment rien d’intéressant sur le plan narratif pendant les 3/4 du film (qui dure 2 heures au passage!). Tout cela sent le mauvais décalque de la structure du premier Alien: une équipe d’astronautes débarquent sur une planète inconnue et découvrent une forme de vie hostile. Ils se proménent dans des galeries interminables, découvrent des trucs cheloux, et parlent pour rien dire. Et à part ça? Rien! Ou si peu. Le spectateur attend qu’il se passe quelque chose mais il faut attendre 1h30 pour que le film décolle. C’est un film complètement désincarné et d’une platitude totale. Il y a quelques bonnes idées de script: les créateurs-destructeurs (les Ingénieurs dans le film), la quête du père qui se double d’un complexe quasi-oedipien, les relations ambigües entre David et Vickers, et le doute distillé sur cette dernière: est-elle un androïde qui s’ignore (on rejoint Blade Runner)? Mais ce n’est pas développé et tout ça reste à l’état d’ébauche.

Les personnages n’ont aucune présence et souffent d’un manque de caractérisation handicapant. Comment s’intéresser à leur sort si on ne s’attache pas à eux? Là où les 8 rôles d’Alien (1979) existaient tous à l’écran, on a içi des personnages secondaires qui ne servent à rien (la femme-médecin, les 2 co-pilotes qu’on retrouve à la fin car le commandant a besoin d’eux!). La palme revenant au personnage de Guy Pearce qui surgit comme un cheveu sur la soupe dans la dernière bobine et qui n’apporte pas grand-chose! Noomi Rapace, d’ordinaire excellente, se promène avec 2 expressions sur le visage pendant tout le film. On a même droit à un flash-back bien pourri sur son enfance (pauvre Patrick Wilson qui fait de la figuration!). Heureusement qu’il y a le personnage de David (le grand, le génial, le superbe Michael Fassbender) qui s’avère être le personnage le mieux écrit.

 Mais le script veut péter plus haut que son cul. Le premier Alien était un faux-film de S.F et un vrai film d’horreur, sans prétention métaphysique. Là, le syndrome 2001 a encore frappé et on a droit à une pseudo réflexion philosophique et religieuse sur les origines de la vie bien simplette et ridicule. Et puis quelles incohérences dans le script! Par exemple, suite à une opération chirurgicale où il a assommé 2 autres personnages, un membre de l’équipage poursuit l’histoire sans que personne l’interroge et il recroise même les 2 autres qui ne réagissent pas! Du grand n’importe quoi pour une production de ce standing! (N.B: j’essaie de ne pas spoilier!).

Et le lien avec la saga Alien? Complètement artificiel! Plaqué là, à la fin, comme ça, pour satisfaire les fans! Franchement, ça n’apporte rien à la mythologie Alien. C’est même du foutage de gueule éhonté. Alors, on essaie de nous expliquer la genèse biologique des Aliens mais dans le même temps, cette volonté de tout expliquer est contredite par cette fin ouverte et surtout des interrogations qui demeurent dans l’esprit du spectateur. Des questions qui resteront sans réponses, à moins d’une suite. Carton rouge, messieurs les scénaristes! On se rend surtout compte qu’ils n’en avaient rien à foutre d’Alien. Ils auraient du s’en affranchir plus, comme c’était prévu. Mais à mon avis, le studio (la Fox) a fait pression pour qu’on intègre des éléments d’Alien afin de ne pas frustrer les fans. Raté, la frustration est quand même là!

Ridley Scott est toujours un grand réalisateur mais il devrait mieux choisir ses scénarios à l’avenir. Parce que tout ça pour ça… Note: 09/20

Prometheus de Ridley Scott, avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Guy Pearce, Idriss Elba et Charlize Theron, en salles depuis le 30 mai.

N.B: Ahurissant de voir, aprés coup, le nombre de plans de la fin présents dans la bande -annonce. Punaise, en fait, ça sentait mauvais depuis le début!

COSMOPOLIS-Le blues du businessman

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Robert Pattinson en pleine crise, existantialiste et économique.

 

Un nouveau film de David Cronenberg est toujours un évènement. Le réalisateur canadien fait partie de ces cinéastes fascinants dont l’oeuvre, riche et variée, suscite l’admiration ou le rejet, selon ses goûts. Mais il y a un avant et un après Spider (2002) chez lui. En effet, depuis 10 ans, Cronenberg a laissé de côté les films trashs, gores et psychanalytiques ( Rage, Chromosome 3, Scanners, Videodrome, La Mouche, Faux Semblants, Crash,…) pour une forme de cinéma plus mainstream, plus accessible mais toujours aussi froide, clinique et….psychanalytique comme le prouve son avant-dernier film, A Dangerous Method (2011). Certains fans de la première heure ont crié à la trahison. Il est vrai que le cinéma de Cronenberg a un peu perdu en viscéralité mais il demeure passionant et finalement pas aussi « commercial » et « grand public » que ça (voir A History of violence et Les Promesses de l’Ombre pour s’en convaincre).

Cosmopolis nous relate 24 heures de la vie d’un golden-boy millionaire (Robert Pattinson) dans un New-York en plein apocalypse de rue (manifestations anti-capitalistes assez violentes). Le monde de notre riche ami va peu à peu se fissurer et s’écrouler. Tout l’intérêt de Cosmopolis est que l’action, pour les 3/4 du long-métrage, se déroule dans la limousine du « héros ». Un véritable monde en lui-même, clinique, aseptisé et ne laissant filtrer aucun bruit du monde extérieur. On voit là la métaphore évidente d’un capitalisme devenu fou et complètement déconnecté du monde réel. De ce point de vue la réalisation de Cronenberg est magistrale. Le canadien arrive à rendre passionant et fascinant les échanges à l’intérieur de cette limousine en variant les cadres et les positionnements des personnages à l’intérieur avec une certaine aisance. D’un point de vue purement formel, Cronenberg réussit son pari.

D’un point de vue thématique, le film est aussi assez réussi. Comme dit plus haut, c’est une charge contre nos sociétés capitalistes et cet univers de la finance qui régente le monde sans le connaître. Le protagoniste principal est un être froid et dénué de sentiments véritables. Il est complètement déconnecté de la vie, dans sa limousine. Son mariage avec une riche héritière est un mariage sans émotion, sans sexe, sans rien du tout en fait!  Il reçoit sa maîtresse (Juliette Binoche) dans sa limo pour avoir une relation sexuelle parce qu’il lui faut du sexe. Ses collaborateurs subisssent le même traitement. C’est un univers triste mais faut-il plaindre un individu pareil qui s’avérera dénué de tout sens moral et de tout sens des valeurs? Cronenberg nous laisse seuls juges.

Il y a aussi pas mal d’humour, souvent noir, dans le film: l’obsession du « héros » d’aller chez le coiffeur malgré les manifestations et les menaces de mort qui pèsent sur lui, une oscultation de la prostate hilarante, certaines répliques absurdes, un personnage d’entarteur (Matthieu Amalric) plus obsédé par le fait d’entarter que de délivrer un quelconque message, etc. Il y a une scène de baise entre Pattinson et une garde du corps assez étrange où le golden-boy essaie de ressentir quelque chose en enjoignant sa partenaire à l’allumer avec son taser. Surtout, il y a  la scène chez le coiffeur, décalée et…émouvante car on a la sensation de voir la mort d’un monde entier, happé par le capitalisme moderne.

Mais pas d’angélisme chez Cronenberg. Les quelques manifestants anti-capitalistes étant trés violents (tentative d’assassinat brutale sur le directeur du FMI en pleine interview télévisée) ou un peu dérangés (les manifestants « aux rats »). Enfin, la « némésis » du golden-boy, un ancien employé revanchard (excelllent Paul Giametti) s’avère être assez pitoyable: un homme seul, broyé par le système et basculant dans la folie.

Malheureusement pour le spectateur, Cronenberg a choisi d’adapter à la lettre le roman de Tom DeLillo dont le film est tiré. Ce qui se traduit par le fait que Cronenberg a laissé tels quels toutes les répliques du livre. Or, la plupart sont assez obscures et incompréhensibles. Et elles nous passent complètement au-dessus de la tête! Ajoutez à cela que nous sommes face à un film qui ne raconte pas une histoire mais qui nous montre des échanges entre des personnages et vous obtenez un résultat certes fascinant, assez drôle et sombre mais aussi long et chiant, il faut bien le dire! Au détour de scertaines scènes longuettes, le spectateur baille et ferme ses yeux. Et c’est dommage car le film se tient et demeure assez réussi. Allez comprendre!  En tout cas, vous êtes prévenus!

Et Robert Pattinson? Il joue bien mais comme il ne devait pas comprendre la moitié de ses répliques, il joue avec un air absent ce qui, paradoxalement nourrit le côté déshumanisé du personnage. Note (du film, pas de Robert!): 12/20

Cosmopolis de David Cronenberg, avec Robert Pattinson, en salles depuis le 25 mai.

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