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Promenade hivernale
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Pour mon camarade holmésien Keneda Neo. Y a pas de malaise, vieux!
Il faisait froid, il faisait gris, en ce triste lundi. Triste? Le mot est peut-être fort. Disons « mélancolique ». C’est un joli mot, « mélancolique ». Il colle bien à ce lundi froid et gris, et il nous rappelle un virus hivernal maudit. Toi, tu étais content, il t’avait épargné. Le virus hivernal, pas le lundi. Le lundi n’épargne jamais personne. Il est sans pitié. C’est à la fois un recommencement et une fin, un renoncement et du chagrin. Bref, c’est pas toujours gai, un lundi. Quoique, le dimanche est parfois plus terrible…Enfin, bref.
Tu marchais dans les rues, désertes et engourdies par le froid, de cette ville déserte et engourdie par le froid. C’était le lendemain du Jour de l’An. C’était encore les vacances pour les écoliers. Pour un jour. Le lendemain, le couperet de la rentrée s’abattrait, sans pitié et meurtrier. Ses victimes préférées? Les cancres, les élèves moyens, les rêveurs et ceux que leurs cons disciples harcèlent, parfois, juste pour rire et tuer le temps, à défaut de tuer quelqu’un, ou alors lentement, à petit feu…Tu repensais à certaines de tes rentrés à toi. Elles étaient loin. Elles dataient du siècle dernier. Certaines te sont pénibles, au souvenir. Comme celles du collège avec certains profs idiots et certains camarades crétins. Les deux semaines de vacances, sans eux, avaient été un tel bonheur…Et puis, entamer la semaine avec deux heures de maths dans un préfabriqué où le chauffage était en panne, en ce début janvier…Mais qu’est-ce qu’ils croyaient, ces cons-là? Qu’on attendait ça avec impatience? Sans dec! Heureusement, dans ton souvenir, il y a aussi des rentrées plus rieuses, à l’école (innocence de l’enfance, peut-être) et au lycée (esprit potache, sans doute). Alors, tu marches dans le froid, bien emmitouflé dans ta grosse parka, les gants sur les mains et la capuche rabattue sur ta tête, alouette. Et tu penses aux gosses qui rentrent demain. Et tu as une pensée compatissante pour les cancres qui n’ont pas fait leurs devoirs, pas révisé pour le contrôle d’histoire du mercredi matin et pour les rêveurs, dont tu étais, qui regarderont par la fenêtre, pendant les cours, s’ennuyant et pensant à d’autres mondes, d’autres aventures, à leurs amours secrets ou tout simplement à un livre, un film ou une revue porno lue en cachette….
Tu pris par le parc municipal, près des facultés où les cours reprendraient aussi demain. Mais tu n’eus aucune pensée pour les étudiants. Tu t’en foutais. Tu as été étudiant mais c’est oublié, maintenant. Une affaire entendue et dont rien de significatif n’est vraiment sorti. Le parc municipal est désert. Le froid polaire en a chassé tout le monde, même les vieux qui promènent leurs chiens et nourrissent les canards sur le plan d’eau. De toutes façons, le plan d’eau est gelé. La volaille se réchauffe comme elle peut. Les arbres sont nus. Les pelouses sont givrées de blanc. Et le silence. Un silence étrange. Pas un bruit. On entend pas les voitures circulant sur le boulevard, on entend pas les oiseaux chanter, on entend pas de rire d’enfants. C’est un jour bizarre. Tu presses le pas, on commence à cailler sévère….
Tu rentres au chaud, quelques minutes, dans une librairie. Tu regardes les livres qui sont là depuis un mois, vu que les nouveautés ne sont pas encore arrivées. Tu furettes, tu finis par trouver des auteurs que tu ne connaissais pas. Cela réchauffe l’esprit, c’est ça qui est bien dans ce genre d’endroit. La librairie est déserte, deux ou trois clients et deux ou trois employés (ça sent les congés pour ceux qui ont bossé non-stop pendant les fêtes). Deux semaines auparavant, c’était pourtant la cavalcade et la foule des grands jours. Tu ressors dans le froid et la grisaille. Tu te rends aussi compte que tu viens de changer de temps. Tout à l’heure, tu utilisais l’imparfait et le passé simple, maintenant tu t’es mis au présent. En relisant, tu verras que c’était pire: tu avais déjà mêlé le présent au passé dès le début! Présent de narration donc pour une aventure tristement banale. Mais le passé semble plus proche quand on se le remémore, non? L’impression de le revivre, fugacement. Une brève étreinte dans le noir, un baiser rapidement, trop rapidement, échangé….
Dehors, c’est l’enfer pour les sans-abris. Hiver comme été, c’est toujours l’enfer pour eux. Mais là, c’est pire. Donc, tu ne te plains pas du froid car toi, tu ne couches pas dehors. Mais que faire pour eux, quand t’es pas bénévole, quand tu n’es qu’un impuissant de plus dans cette société inhumaine? A part donner quelques pièces et un sourire à ceux que tu croises…Aider son prochain, pas toujours facile. Tu te souviens des gens que tu n’as pas aidé alors que tu aurais du. Pas glorieux. Mais bon, y a aussi ceux que tu as aidé et que tu as perdu de vue. C’est la vie, mesdames et messieurs. Tu espères qu’ils vont bien et qu’ils sont heureux. Certains souvenirs réchauffent le cœur. Et je repense à ce petit couple de jeunes qui étaient à la rue…
Le froid se fait plus vif. Tu décides de rentrer. La ville est silencieuse et vide. En y réfléchissant, ce n’est pas désagréable. C’est même joli. Les choses, les lieux, les gens, sont plus nets et ont plus de contours. En attendant le bus, tu ne penses à rien de précis. Bientôt, il sera là et tu rentreras chez toi. Après, devant ton ordi, tu écriras sur cette promenade hivernale peu palpitante. Tu espères que les gens comprendront, un peu. Voilà, tu mets le point final. Meilleurs vœux à tous.
Texte dédié à tous ceux qui souffrent et qui sont malheureux. Je ne vous connais pas mais je pense à vous.
Aux enfants d’hier, aujourd’hui et demain.
A la mémoire de Carrie et de George. Merci pour tout. Vous êtes partis trop tôt.
Kings and vagabonds
Commentaires » 0« Rover, wanderer, nomad, vagabond, call me what you will… » Metallica, Wherever I may roam (1991)
Ils nous disent que nous ne sommes que des voleurs et des moins que rien, des lâches et des profiteurs, des assassins et des violeurs, des vagabonds et des va-nu-pieds. Nous ne sommes chez nous nulle part. Nos maisons sont détruites, nos proches sont morts, les barbares tiennent notre pays. Nous fuyons. Nulle part où aller. Rêves de l’Eldorado. Rêves du pays de la Liberté. On nous accueille mais certains nous regardent de travers, nous insultent et nous crachent dessus. Nous aimerions retrouver notre pays si joli et libéré de l’obscurité mais nous en sommes loin. Nous sommes là, nous existons. Mais c’est déjà trop pour certains. Nous attendons et profitons un peu du soleil et du bon air d’ici. Peut-être serons-nous à nouveau chasser et devrons-nous à nouveau errer? Nos enfants grandiront peut-être apatrides…
Nous dormons dans la rue. Nous mangeons dans la rue. Nous buvons dans la rue. Nous vivons dans la rue. Nous mourrons dans la rue. Pas de maison, pas de repos, pas de famille, pas de boulot. Rien. Quelquefois un ami à quatre pattes, fidèle et loyal. Nous mendions. On espère attirer l’attention pour quelques pièces afin de nous nourrir. Nous portons des guenilles, nous ne sommes pas toujours propres, nous buvons beaucoup parfois, pour nous réchauffer et parce que la bouteille, hélas, console et remplit le vide de notre solitude. Certains nous aident. La plupart nous ignorent ou feignent de nous ignorer. On ne nous voit pas. Les sourires sont rares. On ne le sait pas mais les mêmes qui nous ignorent ou nous traitent d’alcoolos écrivent parfois sur leurs réseaux sociaux qu’au lieu d’aider des migrants, on ferait mieux de s’occuper de nos pauvres dans la rue. S’ils savaient comme on s’en fout, comme on est loin de tout ça! Qu’ils la gardent leur bonne conscience! Nous avons déjà changé d’emplacement ou de ville. Ou bien nous sommes partis vers le grand nulle part car le froid et la faim ont eu notre peau…
Nous n’avons pas la bonne couleur de peau, le bon nom de famille, la bonne religion. On doit jouer des coudes pour s’imposer car on nous méprise et on nous montre du doigt. Etrangers dans notre propre pays. Nous aimerions fuir, nous sommes encore jeunes. Mais ailleurs, est-ce que ça sera mieux?
Nous n’avons pas de boulot. Nous sommes pauvres. Nous avons des enfants. On ne vit pas, on survit. Et les autres nous traitent de feignants et d’assistés de luxe. Le luxe dans un taudis? C’est comment chez eux? En hiver, on a pas le chauffage, on a des courants d’air. Ah oui, on aimerait partir pour que nos gosses aient un avenir radieux. Mais sans argent…
Nous avons travaillé toute notre vie, très dur, jour après jour. Et on nous donne pas grand-chose pour vivre, à la fin du mois. On est vieux, on a qu’à aller à l’hospice! Nous aussi, on voudrait partir, avoir une retraite dorée au Sud. Mais on ne peut pas tous se la payer. Ils nous narguent avec leurs croisières Costa quand on peine à remplir le frigo. Partir pour mourir ailleurs, mais où?
On devrait tous rester. On devrait vivre ensemble, se serrer les coudes, être solidaires les uns envers les autres. Mais nous sommes trop concentrés sur nos propres problèmes. Alors, on rêve d’ailleurs et de vie meilleure. Certains ne partiront jamais. Certains seront sans cesse sur les routes de ce vaste monde. Pourtant, nous sommes les rois du monde car nous sommes nombreux. Mais nous ne le savons pas…
Quelquefois, il neige en avril…
Commentaires » 0au Kid de Minneapolis
Quelquefois, il neige en avril.
Quelquefois, la tristesse est belle et la mélancolie lumineuse. Il y a des chansons tristes qui valent bien des chansons gaies. Elles touchent votre coeur et mettent des mots sur votre souffrance. Ou alors, vous vous reconnaissez en elles. C’est ce que je me disais hier en écoutant le dernier Alex Beaupain.
Quelquefois, il neige en avril et ça nous surprend. Le froid nous fait une petite piqûre de rappel. Il reviendra après l’été.
On se promène en ville. La ville est souvent grise et ennuyeuse, à cette période. Mais elle n’en est que plus belle. Au hasard des rues, tu retrouves des personnes que tu pensais jamais revoir. Et c’est sympa.
Le monde est toujours aussi moche, l’humanité souvent désolante, mais recroiser un arc-en-ciel sur sa route redonne l’espoir. T’as beau essayer de t’endurcir, rien n’y fait. Les mois d’avril sont parfois surprenants. Maintenant, tu sais que tout va bien, alors sourit.
Il fait froid mais le cœur se réchauffe. Sourires de jeunes femmes séduisantes. Séduction et élégance de femmes plus âgées, mariées ou non. Cheveux défaits ou en chignon. Parfums enivrants. Jolies jambes en collants et taillons aiguilles. Mais n’en disons pas plus, le machisme nous guette. On pourrait nous mettre à l’index.
Quelquefois, il neige en avril et sur notre cœur. On se souvient du passé. Il revient nous mordre de façon cruelle. Les bons moments certes mais aussi les blessures, les déceptions et les colères. C’est loin, mais parfois ça revient, comme la neige en avril. Les gens qui nous ont fait du mal et ceux à qui nous avons fait du mal. Parfois, on se comporte comme un salaud et on ne s’excuse pas. « Je suis désolé », est-ce si dur à dire? Je suis désolé…
J’aurais du te le dire. J’aurais du ouvrir ma gueule plus souvent aussi. Pour défendre quelqu’un ou pour m’affirmer. J’aurais du la fermer aussi, en quelques circonstances…
Le vent est frais, les nuages cachent le soleil. On ressort un vieux pull. On marche à l’aventure. On continue. C’est le printemps mais un printemps automnal. Pas grave, l’automne a ses charmes. On aura le temps de le regretter et de l’attendre sous le soleil de la canicule.
Quelquefois, il neige en avril. La vie continue. La nuit tombe. On s’attarde un peu, sous une lune cerise ou une pluie pourpre. Nous sommes vivants. Alors pourquoi s’en faire? La neige peut bien tomber et fondre, nous ne partirons pas avec elle. Ou alors, une autre fois…
Quelquefois, il neige en avril et on s’en fout.
J’ai retrouvé mon flingue…
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2015 se termine, dans la joie et l’allégresse. 2016 se profile à l’horizon. Ce n’est qu’un nombre sur un calendrier mais il nous effraie quelque peu. Que nous réserve cette future année? L’appréhension nous guette, surtout si on se retourne sur l’année écoulée. Comme tous les ans, le bilan n’est pas forcément folichon et ne nous incite pas à l’optimisme. L’Homme ne semble rien apprendre de ses erreurs et continue à pourrir la vie de son prochain.
Au rayon de ceux qui nous ont bien gonflé en 2015, il y a toujours les fanatiques religieux et les intégristes de tout poil. Quelque soit la religion qu’ils prétendent servir, tout en la trahissant, ils veulent faire régner leur nouvel ordre moral dans la peur, l’ignorance et (hélas) le sang. Membres de ce truc barbare qu’on appelle état islamique (et qui ne mérite pas qu’on lui mette des majuscules), tenants de ce truc dégueulasse qu’est la charia et qui ne sert qu’à opprimer et rabaisser les femmes, persécuteurs des homosexuels, opposants à l’avortement et autres membres intolérants et bigots de la manif pour tous (sans majuscules aussi), tartuffes qui veulent censurer les films et les photos où un bout de sein dépasse mais qui matent bien quand même, petits procureurs de la morale et du bon goût, vous tous que je cite, vous êtes à gerber. Si vos dieux existent, ils seraient temps qu’ils sifflent la fin de la récré et vous foutent un bon coup de pied au culte!
Les racistes, xénophobes, islamophobes, antisémites, pétainistes et homophobes ne nous ont pas déçu non plus. Toujours promptes à pointer des boucs émissaires, à manipuler les peurs et les espoirs des peuples, ils s’organisent en partis politiques populistes, vulgaires et dangereux. Les girouettes opportunistes se rallient à leur drapeau, avocat ou ancien président d’association, et se roulent dans la fange pour profiter de leur regain de popularité. Quant aux électeurs trop crédules ou trop naïfs pour croire en eux, je n’ai plus envie de leur chercher d’excuse. Ces gens qui pensent que les migrants leur prennent tout et en jalousent même leur condition d’apatrides et d’indigents…. On marche sur la tête, là! Visiblement, la haine de l’autre et le repli sur soi ont encore le vent en poupe…
Les politiques corrompus sont toujours là. Ils occultent l’action des quelques membres de leur caste qui font leur boulot correctement. Mais on ne voit que ces gangsters aux patrimoines immobiliers délirants et aux nombreux comptes bancaires illicites. Ces gens qui ont trahi le peuple, quelque soit leur bord politique. Dur d’y croire encore mais les nouvelles générations seront peut-être mieux.. Spéciale dédicace aussi à tous les dictateurs de la planète qui massacrent, pillent et violent hommes, femmes et enfants, dans l’indifférence générale…Mais bon, ils sont loin ces pays arriérés, non? N’oublions pas non plus tous ces banquiers et financiers qui mettent les prolétaires à genoux, 2015 ne serait rien sans vous.
La pollution, le réchauffement climatique, les animaux maltraités n’ont pas disparu, hélas. L’Homme détruit la seule planète qu’il habite et tout le monde s’en fout et va consommer à outrance dans les centres commerciaux et acheter sa dinde de Noël. La téléréalité et ses crétins médiatiques remplacent la lecture et la culture en général, imposant leur mauvais goût à des masses de spectateurs qui n’essaient pas de voir plus loin que le bout de leur nez. La tablette numérique remplace le livre. Le premier imbécile venu va, anonymement ou non, sur les réseaux sociaux pour insulter ceux qui ne pensent pas comme lui. Millions de petits « trolls » au discours haineux pathétique et persuadés d’être le centre de l’univers…Tous ces gens qui étalent leur vie privée sur le Web à coup de photos prises en vacances aux Seychelles ou en salle de muscu (curieux, ils ne partagent jamais de photo où ils seraient dans une bibliothèque ou une librairie!).
Voilà, vous tous, vous avez encore pourri l’année écoulée. J’ai certainement oublié d’en citer certains mais je pense bien à vous. Mais curieusement, j’ai encore de l’espoir. J’ai foi en l’avenir. J’ai foi en des lendemains qui chantent. Je me dis que ceux qui viendront après nous, auront conscience que tout cela doit s’arrêter. Tout n’est peut-être pas rose dans notre monde, mais tout n’est pas sombre non plus. Tout autour de nous, il y a des gens qui essaient de faire bouger les choses. Il y a des petites choses dans le quotidien qui donnent envie de continuer et de se battre. Alors oui, on perd souvent le moral mais faut se battre. Il ne faut pas laisser la connerie gagner sinon on sera tous perdants. On peut commencer en 2016. Il n’est pas trop tard. Dans un an, le bilan sera peut-être moins négatif. On peut faire des trucs bien tous les jours. On peut faire des rencontres importantes tous les jours. On peut rêver à un monde meilleur, plus tolérant et plus fraternel. Rêver c’est bien, agir c’est peut-être mieux… En tout cas, moi, j’ai retrouvé mon flingue, je remonte à cheval et je continue. Faites comme moi!
(Je dédie ce court texte au chanteur Renaud. Retrouve ta plume, camarade!)
129 amis
Commentaires » 0Ils étaient sortis pour prendre un verre et discuter entre amis ou pour aller à un concert écouter du bon vieux rock. Ils ne rentreront pas chez eux. Leur chaise restera vide à la table familiale. La place dans leur lit sera à jamais froide. Leurs enfants, leurs parents ou leurs amis ne pourront plus les serrer dans leurs bras. Ils manquent.
Ce vendredi soir, ils étaient dehors pour décompresser de leur semaine et se détendre. Ils ne faisaient aucun mal. Ils étaient juste heureux et insouciants. Ils manquent.
Ce sont des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, des fils, des filles, des mères, des pères, des frères, des soeurs, des conjoints, des amis…Ils manquent.
Des tueurs dans une voiture noire, kalachnikov à la main, ceinture d’explosif à la taille, ont décidé que leurs vie devaient s’arrêter. Ils manquent.
Ce n’étaient pas des soldats ou des combattants, juste des gens comme vous et moi. Mais ils sont devenus des ennemis à abattre. Juste parce qu’ils étaient libres et heureux. On les a tués. On a tué la joie. On a tué la vie. On a tué l’humanité. On nous a tué, vous et moi. Ils manquent.
Cela arrive tous les jours, autour du monde. Vendredi, c’était à Paris. Demain, cela recommencera ailleurs. Cette barbarie sans nom, cette lâcheté, cette souillure sur notre planète. Ils frappent à l’aveugle. Au nom de quoi? de qui? et pourquoi? Il n’y a rien derrière tout ça. C’est vide de sens. Ce n’est plus de la haine. Juste de la démence pure et simple. C’est froid, désincarné et inhumain. Ils ont tué nos compatriotes. Ils sont nos ennemis.
Alors, relevons la tête, gardons le sourire, continuons à vivre, à être libre et à nous amuser. N’ayons pas peur. Ils ne peuvent pas tous nous tuer. Car comme l’a dit Jim Morrison: « Ils ont les fusils mais nous avons le nombre. »
N’oublions pas nos morts. Ils continuent à vivre dans nos coeurs. Ils sont 129 et ils nous manquent.
Au revoir…
Commentaires » 0C’est parfois dur de s’attacher à une personne, sans savoir pourquoi. C’est parfois dur d’avoir peur pour elle, pour son avenir. C’est parfois dur de vouloir l’aider. Mais ça donne de la force, du courage et de la détermination.
Voilà, j’espère que j’ai été utile, que le peu que j’ai fait a servi. J’aurais aimé faire beaucoup plus. Mais ces petites choses, je les ai faites avec mon cœur. Et je sais que cela a fait bouger des choses.
Tu vas me manquer. Nos routes se recroiseront peut-être, un jour. J’espère que tu seras heureuse et que tu feras ce que tes rêves te dictent. Tu le mérites. Moi, je ne t’oublierai jamais. Dans les moments de doute et de cafard, je repenserai à ton rire, si communicatif, si vivant et si joyeux. Tu as une force et une volonté incroyable. Continue comme ça! Et ne baisse pas les bras.
Un au revoir, c’est toujours douloureux. Mais tu vas à la rencontre de ton destin. Il faut te laisser partir.
Au revoir, bonne route à toi.
Ce monde est souvent horrible mais on y trouve de belles choses aussi. Comme toi.
Ce soir, je suis triste et un peu inquiet. Ce soir, je reprends confiance en l’avenir.
Au revoir, petite libellule. Envole-toi bien haut. Je te garde dans mon cœur.
De quoi tu te plains, au juste?
Commentaires » 0Bon, c’est vrai que certains articles de cette rubrique sont rédigés sous l’angle de l’humour et du second degré (j’ai vérifié avec un rapporteur). Quelquefois, je me laisse aller à l’exagération et je me moque de moi-même. Oui, je suis fou de faire ça mais c’est parce que je bois trop de Champomy. Cette boisson monte rapidement à la tête. Dire que certains parents irresponsables en donnent à leurs gosses…C’est un fléau contre lequel les pouvoirs publiques devraient lutter. Cela fait des ravages chez les jeunes générations, comme le disait ma coiffeuse l’autre jour. M’enfin, passons… Donc, j’ai décidé d’écrire un article plus sérieux parce que merde, faut bien être sérieux dans la vie! C’est bien beau de regarder Cyril Hanouna mais ça finit par griller le cerveau!
Alors, je vais vous entretenir d’un sujet qui me tient à cœur: l’existentialisme est-il compatible avec un subconscient débarrassé de la foi religieuse et pourquoi aimons-nous manger des frites avec notre beafteck, sauf Aymeric Caron qui est végétalien?…Ah, le sujet est trop compliqué, j’ai perdu des lecteurs qui ont fait un claquage du cerveau…Bon, et bien, parlons de la vision optimiste et pessimiste de l’existence…Ok, tout va bien? Pas trop compliqué? Tant mieux!
(le reste de cette chronique est écrit sérieusement, sans vannes à la con. Veuillez éloigner les enfants et les spectateurs de Cyril Hanouna. Tiens, encore lui? Oui, je le kiffe pas trop, en fait…)
En ce moment, beaucoup de gens se plaignent: la vie est chère, les impôts élevés, la France va mal, etc. Moi, j’en ai ras le bol! Bon, que des gens qui sont dans la misère perdent espoir, d’accord. Mais la plupart du temps, ce sont des gens qui ont une famille, une maison et un job pas trop mal payé. Bordel de merde, de quoi vous plaignez-vous? Vous n’êtes pas à la rue et vous mangez à votre faim! Et chaque année, c’est pareil: les naufragés de la route pris dans les embouteillages. Il y a tellement de gens qui partent pas en vacances et c’est eux qu’on plaint! La rentrée scolaire trop chère et puis ça fait du boulot. Généralement, on te montre un reportage sur une famille aisée qui vit dans une jolie maison. Mais bon, trois enfants c’est fatiguant, soupire la mère de famille à l’écran. Qui t’a obligé à en faire trois, ma grande? Non mais sérieux…En plus, ils ont bien l’air malheureux. Chaque année, les gens des cités HLM regardent ces reportages à la con et se marrent. C’est toujours ça de pris. Et puis les impôts, ben, tu gagnes ta vie, t’en payes, c’est pour la communauté, t’es pas à découvert quand t’as payé, bon, pourquoi tu te plains? Les SDF, les Népalais, les victimes d’Ebola, les enfants battus, les femmes vendues comme de la marchandise, les clandestins qui se noient et tant d’autres sont priés de se plaindre en silence, merci! Non mais quelle indécence!
Le pessimisme est partout autour de nous. Moi-même, je le ressens. Quand on voit le monde qui nous entoure, comment être positif? Pourtant, pourtant… Etre cynique et pessimiste, c’est comme un bouclier. Cela évite de trop s’investir sur le plan émotionnel et d’être déçu par les autres. Mais c’est aussi une façon de prendre du recul et de réfléchir. Le problème, c’est qu’on finit par être dans l’outrance et la caricature. On fait son cynique en société, parce que ça nous fait marrer et parce que ça fait marrer les autres. Mais on finit par jouer un rôle attendu. On finit par se percevoir d’une façon négative et dévalorisante. On finit par être sourd au monde. Pourtant, pourtant…Il y des tas de choses merveilleuses autour de nous mais on ne s’en rend pas compte. Et généralement, ce sont les gens les plus cyniques ou les plus pessimistes qui les perçoivent.
Je parle par expérience personnelle. Par goût, par jeu et par provocation, je me suis forgé une image de cynique. Cela amuse les autres. Mais cela entretient la confusion. Les gens finissent par me voir vraiment comme ça. Moi-même, je finis par le croire. Pourtant, je reste un idéaliste et un utopiste (un naïf?). Je crois en certaines choses et en certaines valeurs. Je crois qu’un jour l’humanité arrêtera ses conneries…mais quand? Mais le plus important, c’est maintenant. Je ne vois pas que le mauvais côté des choses. Je vois aussi ce qui marche, ce qui est beau, ce qui est pur. Tout autour de nous, il y a de jolies fleurs à cueillir. Elles poussent sur le bas côté, il faut savoir se pencher pour les trouver. Il faut aussi savoir baisser la tête et observer. Les gens ne savent pas observer et sont victimes de préjugés.
Il y a aussi des personnes sur qui on se méprend. Parce qu’elles sont différentes de nous, pas dans la norme acceptée, on les rejette et on en a peur. On ne donne pas leur chance à ces personnes. On a tendance à ne voir que leurs défauts, alors qu’elles ont aussi des qualités. Mais on ne sait pas ou on ne veut pas les voir. C’est bien dommage. Il ne faut pas minimiser ce qui ne va pas mais il ne faut pas non plus éluder ce qui va. Certaines personnes ont besoin d’aide. Pour les aider, il faut faire l’effort de les comprendre. Il faut savoir les empêcher de faire des conneries et les encourager à progresser et à faire ce pourquoi elles sont douées. La bienveillance et la fermeté, tout est là. Alors, merde, y a pas que des cons dans cette humanité! Il y a des tas de gens biens. Mais bon, je dois être vachement cynique, pessimiste et égoïste pour écrire une ânerie pareille, non?
Je commence à être trop sérieux, là. Je vais laisser revenir le bouffon cynique que je suis pour de prochains textes. Après tout, vous aimez ça, non?
Pour conclure, je laisse la parole à Clint:
Le port de l’angoisse
Commentaires » 0Je sais pas vous, mais moi je m’angoisse souvent pour un rien. C’est terrible! La longue liste de tout ce qui m’angoisse fait peur à voir. Mon psy a jeté l’éponge depuis longtemps. Il s’est d’ailleurs suicidé en se mettant la tête dans son four. Mon cas était trop désespéré. Aucun autre praticien n’a accepté de me prendre en thérapie. Ils avaient trop peur de moi. Ici, je suis bien. J’ai une chambre individuelle (avec la télé) et des infirmières qui s’occupent de moi. Je peux faire une promenade une fois par jour. Il y a un joli parc. Je lis beaucoup de journaux. Des trucs genre Astrapi ou Femme Actuelle. Parce que les journaux d’actualité m’angoissaient. A la télé, il ne m’ont laissé qu’une chaîne: Gulli. Même les documentaires animaliers de RMC Découvertes m’angoissaient. Toute cette violence….
Le monde m’angoisse. Toutes ces guerres, tous ces massacres,… J’ai peur de mourir assassiné pour quelques euros ou de périr dans un attentat. Les gens autour de moi m’angoissent. J’ai l’impression que ce sont tous des fous homicides. A chaque fois que je vois un enfant, j’angoisse aussi. Que va-t-il devenir plus tard? Sera-t-il heureux? Va-t-il mourir vieux? Ou va-t-il foiré sa vie et mourir à 20 ans d’une overdose?
Et la montée de l’extrême droite, ça m’angoisse aussi. La crise économique m’angoisse. Le chômage m’angoisse. La nouvelle chanson des Enfoirés m’angoisse. La télé-réalité m’angoisse. Même le Président de la République m’angoisse. Et s’il devenait fou et appuyait sur le bouton atomique, précipitant le monde dans le chaos? A ce propos, M. Poutine m’angoisse aussi. Bachar El Hassad m’angoisse. La Corée du Nord m’angoisse. L’état islamique m’angoisse. Le racisme et l’homophobie m’angoissent. La pollution m’angoisse. Les épidémies m’angoissent. On est cerné! Comment voulez-vous que cela aille?!!
Et c’est pareil au quotidien! La fin d’un tube de dentifrice m’angoisse: il faut appuyer fort pendant 10 plombes, voire ouvrir un nouveau tube et perdre du temps à enlever le machin en plastique qui gêne le passage du produit dentaire et c’est comme ça qu’on arrive en retard au boulot. Les biscottes m’angoissent: et si elles se cassent, hein? La foule dans les transports en commun m’angoisse: vais-je avoir une place assise? Vais-je arriver à l’heure? Les toilettes publiques m’angoissent: seront-elles propres (la plupart du temps, non! Les gens sont vraiment des porcs!)? Seront-elles hors-service? Serrer la main des gens m’angoisse: attraperais-je la gastro? Faire la bise m’angoisse aussi: aurais-je un herpès? Le mauvais temps m’angoisse. Le beau temps m’angoisse. Faire la queue dans une file d’attente m’angoisse. Retirer du liquide au distributeur m’angoisse: le type derrière essaie-t-il de voir mon code? Traverser la rue m’angoisse : la voiture va-t-elle vraiment s’arrêter, même si le feu est rouge? Manger m’angoisse: vais-je tâcher mes vêtements? Vais-je avoir une indigestion? Les chiens m’angoissent: ils peuvent mordre! Mon angoisse m’angoisse. Bref, tout m’angoisse.
Donc voilà, je porte mon angoisse comme un fardeau mais aussi comme un étendard. Après tout, c’est ce que je suis: un éternel angoissé. Je vous laisse. C’est bientôt l’heure de mes cachets. L’infirmière va passer. Mon dieu…et si elle m’oubliait? Ah, l’angoisse….
Horoscope 2015
Commentaires » 2Bélier: C’est votre année! La richesse, l’amour, le sexe, la santé, tout va vous réussir! Vous finirez 2015 multimillionnaire, avec des comptes en Suisse et aux Iles Caïman. Avec un peu de chance, vous éviterez la mise en examen d’un juge d’instruction trop curieux et vous échapperez aux 75 % prélevés par le dangereux gouvernement bolchévique de M. Valls. Vous clôturerez l’année, un verre de champagne à la main et de la coke plein les narines, sur votre yacht, surveillant les cours de la bourse sur votre tablette numérique dernier cri. Les enfants africains qui meurent d’Ebola, les SDF, les pauvres, les chômeurs, les guerres, tout ça n’aura aucune prise sur vous et vous vivrez une année faste et insouciante. Félicitations!
Taureau: Une année de défis à relever! Vous allez vous lancer dans les sports extrêmes, tel que le saut à l’élastique ou le windsurf ou le croquet. Soit tout se passera bien, soit vous décéderez d’un arrêt cardiaque, ou d’un accident. C’est vous qui voyez. Ceux d’entre vous qui se lanceront dans le rallye automobile, ne survivront pas au premier virage. Restez plutôt chez vous et comme disait Churchill: No sport!
Gémeaux: Une année de merde! C’est tellement horrible que je ne préfère pas rentrer dans les détails. Foutez-vous en l’air tout de suite, cela vaut mieux.
Cancer: Vous ne croyez pas en l’astrologie. Vous n’êtes pas un gogo comme ceux des autres signes. Vous êtes plus malins. Par conséquent, vous ne lisez même pas cet horoscope, ou alors pour vous marrer. Vous êtes un être supérieur, continuez ainsi et vivez heureux!
Lion: La première moitié de l’année sera formidable ou détestable. La deuxième moitié sera détestable ou formidable. L’année 2015 sera une année réussie ou ratée. Soit vous irez de succès en succès, soit d’échec en échec. Ou alors, vous alternerez un succès et un échec, un succès et un échec,… En amour, ce sera mieux qu’en boulot mais pire qu’en santé. Cette dernière pourra vite se dégrader ou non. Si vous êtes célibataire, vos chances de rencontrer l’âme sœur sont nulles mais aussi très nombreuses. En couple, vous restez ensemble ou vous vous séparez. Côté finances…Là, on ne voit rien, on ne peut pas être plus précis, désolé!
Vierge: Neptune entre dans votre maison. Accueillez-le bien. Il est parfois sale et bruyant mais si vous êtes gentils avec lui, il deviendra votre esclave sexuel. Ce n’est pas à négliger! Si vous êtes ascendant Capricorne, attention à la marche!
Balance: Vous continuerez à dénoncer les gens qui vous entourent. Le fisc, l’URSAFF et les forces de l’ordre continueront de recevoir vos lettres anonymes. Vous devriez changer votre façon de vivre pour 2015. Neptune étant en Vierge et les poubelles étant descendues, la conjoncture ne vous est plus favorable. Quelqu’un pourrait apprendre la vérité sur vous et vous dénoncez à vos victimes. Vous risquez de mourir assassiné et on ne retrouvera jamais votre corps. Changer d’orientation professionnelle! Adressez-vous à Pôle Emploi, ils vous aideront!
Scorpion: Vous allez entreprendre un grand voyage. Seul ou en couple, vous vous rendrez dans une contrée inconnue pour des raisons professionnelles. Un nouveau travail et de nouvelles responsabilités vous attendent. Votre vie en sera changée à jamais. Vous allez vous épanouir. 2015 est l’année où votre destin s’accomplit. Bienvenue dans la Légion Etrangère!
Sagittaire: Premier Décan: 2015 sera une année que vous traverserez sur un petit nuage. Faites attention à redescendre de temps en temps, on manque vite d’air en altitude…Les autres vous jalouseront. Ne les écoutez pas, mettez des boules Qiès. Et changez de déodorant, par pitié! Celui que vous mettez n’est pas très efficace! Deuxième Décan: même chose que le Premier Décan mais vous, c’est de sous-vêtements dont vous devriez changer plus souvent. Troisième Décan: vous allez vous épanouir dans une nouvelle activité: le naturisme. Pas de problème de sous-vêtements donc! Par contre, ne négligez pas l’hygiène corporelle!
Capricorne: C’est pas simple à résumer…Vous êtes chiants les Capricornes, vous savez! Vous ne faites rien comme les autres. C’est toujours très compliqué avec vous. Vous êtes incapables de faire simple! On essaye de faire des efforts pour vous, mais non, il faut toujours que vous en rajoutiez, c’est plus fort que vous! Vous êtes trop complexes. Même votre horoscope est embrouillé et compliqué. J’en ai marre, je jette l’éponge, débrouillez-vous!
Verseau: Pour vous, 2015 vient après 2014 et avant 2016. Vous êtes comme les autres finalement…Choisissez un autre signe au hasard, son horoscope sera le vôtre! Meilleurs vœux quand même!
Poissons: On n’a plus le temps, désolé, revenez en 2016!
Ego, la grande aventure
Commentaires » 0C’est parfois fatigant de dissimuler ce que vous ressentez vraiment. Cela peut même devenir pesant. Dans nos sociétés modernes, il faut toujours jouer un rôle et composer un personnage que l’on n’est pas. Etre soi-même est pourtant la chose la plus naturelle au monde mais, allez savoir pourquoi, quelquefois on va vous en vouloir et vous montrer du doigt pour avoir osé être vous-même, sans masque et sans artifices. Il faut être politiquement correct, il faut être consensuel, il faut être javellisé de l’intérieur. Bref, il faut être un animal social ennuyeux.
Mais que faut-il faire pour être soi-même? Je n’en sais rien. Vous êtes déçus. Vous pensiez que j’allais vous révéler un grand secret. Ce n’est pas grave. Je ne connais aucun grand secret. Je ne sais pas si il y a une vie après la mort et si l’entrée y est gratuite. Je ne sais pas si Jésus a vraiment existé et je connais pas la recette pour changer l’eau en vin. N’étant pas télépathe, je ne sais pas à quoi vous pensez en lisant ces lignes, sauf toi, petite coquine…Bref, je ne sais rien!
Alors comment répondre à cette question que j’ai posée au paragraphe précédent? Et bien, il me suffit de me prendre comme cobaye. Etant la représentation parfaite et universelle de l’humain moyen, je crois que je pourrais aboutir à un résultat probant.
Donc, comment être soi-même? Comment puis-je être moi-même? D’ailleurs, qui suis-je? Je suis allé demander un extrait d’acte de naissance là où j’étais né. Je fus rassuré d’avoir une existence légale. J’avais un nom, une date de naissance, des parents, bref, un état civil. Je suis bien moi, d’un point de vue légal. Il me fallait en être sûr. Je n’aurais pas aimé découvrir que j’avais usurpé ma propre identité. Vous vous rendez compte? J’aurais été moi mais sans l’être vraiment d’un point de vue administratif. Pire, mon nom n’aurait pu être qu’une invention, tout comme moi. J’aurais pu être une créature de fiction, comme toi, capitaine Haddock. Non, maintenant, j’ai ce bout de papier et je sais que j’existe. J’aime bien me faire peur mais là, j’ai vraiment paniqué pendant un moment!
Rassuré sur mon existence administrative et légale, je décidai de partir à la découverte de mon moi profond. Qui suis-je vraiment? En faisant le bilan de toutes ces années qui constituent ma vie, je m’aperçus que le constat n’était pas terrible. J’ai à peu près tous les défauts possibles et inimaginables: lâche, égoïste, associal, misanthrope, pas souriant et surtout, j’ai le vertige. Cette dernière tare m’a valu d’être exclu d’un club d’alpinistes. Le directeur du club m’a demandé: « Mais pourquoi vous êtes vous inscrit si vous avez le vertige? ». J’ai répondu: « Pour manger de la fondue. » Je suis, depuis, sur la liste noire de tous les clubs d’alpinisme.
Du point de vue du caractère, je suis donc un sale type. J’ai commis tant de mauvaises actions et blessé tant de personnes, que j’aurais du aller me confesser depuis longtemps. Bon, je l’ai déjà fait une fois, le prêtre a refusé de me donner l’absolution et m’a traité de monstre. Je m’en fiche un peu vu que je suis athée à la menthe.
Donc, si je veux être moi, suis-je condamné à être une horreur de la nature? Peut-être… A moins d’avoir en moi des trésors insoupçonnés de gentillesse et d’altruisme? Pas gagné… Cette réflexion sur moi même commence à me faire déprimer. Je vais la réorienter sur le plan des aspirateurs… non, des aspirations (pas une bonne idée d’écrire tout en picolant).
Je crois que je ne fais pas ce que j’ai envie de faire vraiment. Je pense que je n’ai pas encore trouvé ma place et que je n’ai rien accompli dans ma vie. Je suis donc comme les 3/4 des gens. Rassurant! Mais que faudrait-il que je fasse pour être moi-même? J’aime le cinéma, j’aime lire (copyright Bayard Presse), j’aime le chocolat, j’aime les histoires de Sherlock Holmes et qui se passe durant l’Angleterre victorienne, j’aime les westerns, j’aime Winona Ryder, j’aime la nature, j’aime le silence, j’aime les chiens, j’aime l’automne et l’hiver, j’aime Peter Pan et j’aime écrire des conneries. Il me faut donc trouver un mix de tout ça. Trop facile!
Pour être moi-même, je vais m’établir comme détective privé, m’habiller comme un dandy de l’ère victorienne, dresser des chiens policiers, mettre autour de ma taille un ceinturon avec un six coups, abandonner cette carrière au bout de 5 ans, me reconvertir dans le cinéma, faire des films d’après mes enquêtes, faire tourner et épouser Winona Ryder, fuir les mondanités, habiter un manoir à la campagne, m’exiler au Groenland en été, écrire mes mémoires qui seront d’énormes mensonges (le titre: « Comment j’ai rencontré le Yéti ou ma vie aventureuse ») et puis un beau jour, me gaver de chocolat, en faire une overdose, mourir et rejoindre le Pays Imaginaire.
Voilà, j’ai trouvé le moyen d’être moi, sans tricher. J’espère que cela vous aidera à vous trouver vous-même. Moi je commence demain à mettre mon plan à exécution. Il faut vivre ses rêves et envoyer se faire foutre le quotidien banal dans lequel nous nous engluons.
Cela me fait quand même un peu peur. Et si je n’y arrivais pas? Me reste toujours la possibilité d’être meilleur au quotidien et de ne pas me laisser gangréner par la triste réalité de la société dans laquelle je vis…
Le mois prochain, je vous relaterai ma rencontre avec le Yéti.