LES REVENANTS-A l’ombre des jeunes filles en pleurs
Il est des romans assez durs à résumer. C’est le cas des Revenants (The Raising, en anglais) de l’américaine Laura Kasischke. Sachez seulement que l’action se situe dans un campus universitaire de la Nouvelle-Angleterre, aux Etats-Unis, qu’il est question d’un accident de voiture dans lequelle une étudiante, Nicole Werner, est décédée et des conséquences et des répercussions de cet accident sur une poignée de personnages: le petit ami de Nicole et son colocataire, une prof d’anthropologie, une prof de musique, la colocataire et meilleure amie de Nicole,… D’autant que certains affirment voir le fantôme de Nicole, après son accident. Et puis cette université semble posséder de lourds secrets…
Au départ, on s’attend à une ghost story classique. On aurait tort. Le roman s’avère fort différent. La construction est habile: on navigue, d’un chapitre à l’autre, entre deux périodes (avant et après l’accident). Les personnages semblent donc différents d’un chapitre à l’autre. Il y a un décalage subtil qui s’opère dans l’esprit du lecteur et qui renforce le plaisir de la lecture. On est un peu perdu au début, mais on s’habitue vite. Cela sert complètement l’histoire. Le suspens est trés bien entretenu. Kasischke distille de l’étrangeté et de l’inquiétude tout au long de son livre. On sent que quelque chose ne va pas. Et cela entretient le malaise.
L’écriture de Laura Kasischke est précise, juste et, par moments, poétique . Par petites touches subtiles, elle nous dépeint des instants de grâce ou plus sombres avec une utilisation judicieuse de métaphores ou d’images poétiques (Kasischke est aussi une poétesse reconnue) qui nous atteignent en plein coeur. Les personnages sont remarquablements campés. Il se dégage d’eux un sentiment de vérité et d’humanité fort. On ressent (et comprend) pleinement leurs peines, leurs doutes ou leurs joies. A ce niveau-là, c’est du grand art!
La trame de l’histoire est prenante à souhait. Laura Kasischke en profite pour aborder des thèmes intéressants: la place de la femme dans la société, le secret, la rumeur, l’amour, la mort,le deuil, l’absence de l’autre,… C’est assez rare dans un roman mettant en scène de jeunes étudiants. Ici la psychologie des personnages et les thématiques abordées élèvent ce roman au dessus du lot.
Il y a quelque chose qui cloche à l’université de Godwin’s Hall. Cela a peut-être à voir avec cette étrange sororité d’étudiantes, Omega Teta Thau. Ce secret, le lecteur est avide de le connaître, ce qui fait que la lecture est passionnante. Mais c’est là que se niche les deux grandes faiblesses du roman. En premier lieu, l’auteur interrompt trop souvent l’action avec des appartés psychologiques sur l’état d’esprit ou le passé de ses personnages. Au début, ça amène du sens. Mais rapidement, on trépigne pour savoir la suite. Cela ralentit inutilement l’intrigue.
Une intrigue qui connait un dénouement un peu décevant. Sans trop en dire, l’auteur nous laisse entrevoir la vérité mais ne confirme pas. On reste dans le flou. Moi, je veux bien qu’on distille un parfum de paranoïa et de lègende urbaine mais après 589 pages, c’est assez frustrant! En plus, l’auteur se fend d’un épilogue, situé 15 ans après l’intrigue, inutile et franchement mal fichu. Sauf pour les derniers paragraphes, trés émouvants.
En bref, un roman étrange, entêtant et émouvant mais qui décevra un peu les amateurs de suspens et de fantastique. On est passé à deux doigts de l’excellence! Note: 13/20
Les Revenants (The Raising) de Laura Kasischke, Christian Bourgois éditeur, 2011
BEETELJUICE-Les autres (1988)
Résumé: Adam et Barbara Maitland (Alec Baldwin et Geena Davis) sont un jeune couple installé dans un petit village du Connecticut. Victimes d’un accident de la route, causé par un chien, ils meurent. Ils reviennent, en tant que fantômes, dans leur maison. Mais de nouveaux propriétaires, bruyants et horripilants, s’installent. Même si ils se lient d’amitié avec la fille de la famille, Lydia (Winona Ryder), ils décident de chasser les intrus de leur demeure. N’y parvenant pas seuls, il décide de faire appel à un « bio-exorciste », Beetelgeuse (Michael Keaton). Malheureusement, ce dernier s’avère être une vraie calamité doublé d’un escroc…
Contexte: Il s’agit du deuxième long-métrage de Tim Burton, après Pee Wee Big Adventure, en 1985. Malgré le succés de ce dernier, Burton doit encore prouver son talent à la Warner Bros s’il veut réaliser l’adaptation de Batman que prépare le studio et qui l’intéresse. Il tombe par hasard sur un scénario signé de l’écrivain Michael McDowell et propose à la Warner de le réaliser. Le deal est accepté et Burton recoit 13 millions de dollars de budget dont un seul consacré aux effets spéciaux. Malgré des réécritures de scénario demandées par le studio, Burton boucle son tournage en trois mois et parvient à livrer son film. Beeteljuice sera un succés, remportant 73 millions de dollars aux Etats-Unis, permettant à Burton de réaliser Batman.
Décryptage: Il est remarquable de considérer que Beeteljuice contient toutes les obsessions et les thèmes fétiches de Tim Burton, alors que ce n’est que son second long-métrage. En plus de livrer l’une des meilleures comédies fantastiques de ces 25 dernières années, Tim Burton parvient à imposer un style et un univers uniques dans leur genre.
Tout d’abord, comme dans nombre de ses films, les personnages principaux sont des inadaptés sociaux qui vivent en marge du monde. Bien qu’étant propriétaires et gérants de la quincallerie du village, Adam et Barbara vivent à l’écart, sur une colline où se dresse leur demeure. Une demeure isolée qui surplombe le reste de la ville? Bigre, voilà qui rappelle le château d’Edward (Edward aux mains d’argent), le manoir de Bruce Wayne dans les Batman ou l’usine de Willy Wonka dans Charlie et la Chocolaterie!
Adam est aussi une sorte d’artiste. Dans son grenier, il a reconstitué le village dans une somptueuse maquette, dévoilée dans le magnifique générique d’ouverture sur la musique de Danny Elfman. Comme pour Edward, Ed Wood ou Willy Wonka, l’artiste est un solitaire qui exerce son art loin du monde extérieur, tel un incompris. A travers ce type de personnage, c’est un véritable autoportrait que nous livre Tim Burton. Barbara, quant à elle, se passionne pour les oiseaux. Mais ce couple ressent un manque dans son existence: ils n’arrivent pas à avoir d’enfant. La mort les privera de cette joie. Mais ils se trouveront une fille de « substitution » avec Lydia. « Je veux rester avec Lydia » avouera Barbara à Adam.
Personnage étrange et attachant que cette Lydia! Interprétée à la perfection par une Winona Ryder touchante et espiègle, le personnage est pourtant sombre: une ado gothique dépressive et suicidaire, attirée par la mort. Elle envisage même de mourir pour rejoindre ses nouveaux amis. Burton fut lui même un ado solitaire, préférant regarder des films d’horreur plutôt que de fréquenter ses contemporains. Lydia rappelle fortement Vincent, le petit garçon du court-métrage éponyme de Tim Burton.
Mais le père et la belle-mère de Lydia, Charles et Dehlia Deetz, sont aussi des marginaux dans leur style. Lui est un homme d’affaires qui veut simplement se reposer dans son bureau, loin du stress de la ville. Elle est une sculptrice. Encore une artiste à part, d’ailleurs, tant ses oeuvres sont morbides et hallucinées! Tous les personnages de Beeteljuice sont des marginaux. Les morts de l’au-delà vivent dans un monde à part où ils passent leur temps dans des espaces administratifs (l’administration est-elle synonyme de mort pour Burton?) ou à hanter leurs anciennes demeures sans que les vivants ne les voient, comme Adam et Barbara. Seul Lydia les voit car elle se définit elle-même comme quelqu’un d’étrange.
Beetelgeuse (Michael Keaton dans un rôle de dément! Lubrique, paillard, bref, hilarant!) est lui-même un rejeté . Rejeté par les morts parce que c’est un escroc qui ne pense qu’à 2 choses: revenir parmi les vivants (les morts étant des exclus, revenir à la vie est une hérésie!) et…le sexe! Même si le personnage est maléfique, il est trés drôle et annonce le Joker du Batman.
Beeteljuice reste un film « positif ». Car les époux Maitland et Deetz finiront par apprendre à se connaître et à vivre ensemble . Etre accepté et accepter l’autre: une constante dans l’oeuvre de Burton. Si les marginaux et les associaux sont rejetés par l’humanité, ils ne doivent pas rester seuls et doivent vivre ensemble pour être plus forts contre le monde extérieur. C’est ce qui arrive aussi à la fin de Mars Attacks! ou Charlie et la Chocolaterie.
Et le film se finit sur la lumineuse Winona Ryder dansant et chantant dans les airs. La petite fille solitaire et angoissée s’est ouverte au monde et aux autres et a guéri de son trauma grâce à deux fantômes bienveillants.
Beeteljuice malgé son humoir noir et son univers macabre assumé, reste une comédie drôle mais aussi trés émouvante. Le film est devenu culte depuis.
Beeteljuice (1988) de Tim Burton, avec Alec Baldwin, Geena Davis, Winona Ryder et Michael Keaton. En dvd Zone 2 chez Warner.
TOYER-Tuer n’est jouer
Toyer (le Joueur, en français) est un tueur en série qui sévit à Los Angeles. Il a déjà 9 victimes à son actif: 9 jeune femmes qu’il n’a pas violées, qu’il n’a pas tuées mais qu’il a plongées dans le coma, les transformant en légumes pour le reste de leurs jours. Le Docteur Maude Garance est la physiatre (et non pas psychiatre!) qui s’occuppe de ces « patientes » au Centre Kipness. Elle est veuve, séduisante et hait Toyer pour ce qu’il a fait à ses victimes. Sara Smith est journaliste à l’Herald. Elle enquête sur Toyer et cherche LE scoop. Elle va proposer à Maude une association pour stopper le monstre. Pendant ce temps-là, Telen Gacey, une jeune aspirante actrice s’installe à L.A. Le chemin de ces trois femmes va croiser celui de Toyer.
Voilà certainement le roman de « serial-killer » le plus brillant, tordu et dérangeant depuis le Dragon Rouge de Thomas Harris. Il est dû à Gardner McKay. Un type trés éclectique:skipper, éleveur de lions, sculpteur, animateur de radio, acteur ( il a joué le Capitaine Troy dans la série Aventures dans les îles) et écrivain! Toyer a été publié en 1998 aux U.S.A et seulement l’année dernière en France! Un retard fort dommageable vu que McKay est décédé en 2001, à l’âge de 69 ans. Enfin, mieux vaut tard que jamais!
L’histoire est passionnante. Les 760 pages se lisent toutes seules. On ne s’ennuie jamais. Le suspens est constant, pas une seule baisse de rythme. Mais ce n’est pas un thriller traditionnel. Oh, non! Déjà, c’est le portrait le plus intime et fidèle d’un tueur en série qu’on ai lu depuis belle lurette. La plongée directe et totale dans l’esprit d’un détraqué. On saura tout de Toyer. Son trauma (bouleversant) qui le pousse à tuer, ses névroses, ses doutes et…son amour. McKay nous balance son identité à la moitié du livre. Mais le suspens est ailleurs. Et l’histoire emprunte des routes sombres, mal éclairées et originales.
C’est une danse de mort et de séduction entre Toyer et le docteur Garance. Fascination, répulsion, amour, haine. Un combat ou le plus déterminé et retors n’est pas forcement celui qu’on croit. Cela culminera lors du final, hallucinant de tension, qui s’étire sur prés de 200 pages! Un véritable miracle narratif. Et un voyage dont on ne sort pas indemme.
Le style de McKay est hallucinant. On croirait du James Ellroy: rapide, sec, nerveux et précis comme une lame de scalpel. Il rentre dans la psyché de ses personnages et nous livre leurs pensées les plus intimes. Du voyeurisme littéraire. D’ailleurs le voyeurisme est un thème central du roman, Toyer épiant ses futures victimes dans leur intimité. Quand on sait que Brian DePalma, autre grand adepte du voyeurisme, planche sur une adaptation ciné du bouquin, on salive d’avance tant ce bouquin est fait pour lui!
Enfin, c’est un roman trés sexuel. Le sexe y est trés important: fantasmes, passages à l’actes brutaux mais aussi romance et passion. Parfois, c’est trés indécent. Si vous êtes prude, passez votre chemin! Ah oui, le lectorat de Marc Lévy va tirer la tronche, c’est sûr! McKay n’hésite pas à tordre le cou aux clichés, en montrant, par exemple, une héroïne que son veuvage a frustré sexuellement. DePalma étant aussi un obsédé sexuel (dans ses films, hein! Je ne me permettrais pas sinon!), on attend son adaptation de pied ferme!
Toyer est une bombe. Un bouquin monstrueux qui, tel Le Dahlia Noir de James Ellroy, vous ravage le coeur et l’esprit. Note: 17/20
Toyer de Garner McKay, Le Cherche Midi éditeur, 2011
LES PIRATES, BONS A RIEN, MAUVAIS EN TOUT-Les joyeux pirates de l’Ile au Trésor
Les Studios Aardman reviennent enfin (7 ans après Wallace et Gromit-Le Mystère du Lapin-Garou) à l’animation en stop-motion (image par image) et en pâte à modeler, après une incursion un peu foirée dans l’animation traditionnelle (Souris City et Mission Noël). Avec à la barre le co-réalisateur de Chicken Run, Peter Lord, le studio anglais tente de retrouver la folie et l’inventivité de ses débuts, avec un certain talent et un certain panache.
L’histoire se passe dans un XIX éme siècle doucement anachronique (il n’y avait plus vraiment de piraterie à l’époque) et nous narre les aventures du Capitaine Pirate (sic) et de son équipage de bras cassés. Ils sont les bouffons de leur profession, des pirates pas trés crédibles et plus comiques que terrifiants. Ils sont la risée des autres pirates. Mais ils se contentent de leur sort et de vivre des aventures loufoques. Mais le Capitaine Pirate se met un jour en tête de gagner le trophée du Pirate de l’Année remis par le Roi Pirate en personne. Sur leur route, ils rencontreront Charles Darwin et la Reine Victoria et vivront l’aventure la plus palpitante de leur carrière.
Si vous êtes, comme l’auteur de ces lignes, un amateur d’humour british à la Monty Python, de swashbuckler (film d’aventure maritime), de stop motion et de cinéma débridé, courez-voir ce film! Voilà une grande comédie d’aventures qui vous ravit le coeur et l’esprit. On ressort de la projection le sourire aux lèvres. Peter Lord et son scénariste Gideon Defoe (descendant de Daniel « Robinson Crusoë »Defoe) ont réusi leur coup. Adapté du premier tome d’une série de romans humoristiques due à Gideon Defoe himself, ce film est un divertissement familial de haute volée, même si les plus jeunes (le film est conseillé aux enfants à partir de 6 ans) ne comprenderont pas toutes les références du film.
Car ce film marche admirablement sur deux tableaux à la fois: la comédie et le film d’aventure. Au niveau comique, le film y va franchement. Entre anachronismes, non sens (humour absurde), parodie, burlesque, jeux de mots et comique de situation, tout y passe et c’est un véritable festival qui fatiguera vos zygomatiques! La caractérisation des personnages est, elle aussi, à hurler de rire: le pirate albinos, le pirate à la goutte ou le pirate aux formes incoyablement plantureuses (en fait, une femme déguisée en homme que personne, à part le spectateur, ne démasque), un Bonobo muet s’exprimant à l’aide de messages écrits sur de petits cartons imprimés, un Charles Darwin puceau et une reine Victoria perfide, cruelle et…adepte des arts martiaux! Le personnage principal, le fameux Capitaine Pirate, est un looser magnifique, doublé par les excellents Hugh Grant (vo) et Edouard Baer (vf). Un capitaine qui croit que Polly, mascotte de l’équipage, est un perroquet alors que c’est un dodo!
Niveau réalisation, c’est tout simplement magnifique! Cinq ans de tournage ont été nécessaires pour faire ce film mais ça valait le coup! C’est du VRAI cinéma du début à la fin. Peter Lord adopte un style rythmé et inventif et ne laisse pas une seule seconde de répit au spectateur. C’est simple, il y a dix fois plus de folie dans les 89 minutes de ce film que dans un Pirates des Caraïbes de 150 minutes! Pêle-mêle, Lord enchaîne des scènes cultes tels que les abordages foirés de l’équipage, la présentation devant l’Académie des Sciences ou la poursuite dans la maison de Darwin. L’affrontement final est aussi trés échevelé. La bande-son est trés bien faite aussi: l’utulisation judicieuse du London Calling des Clash pour illustrer le périple jusqu’à Londres ou le Allright de Supergrass sur le générique de fin.
Malheureusement, le film accuse une petite baisse de rythme et un relachement narratif entre le second et le troisième acte. La scène finale, bien qu’incroyable et fun, est moins délirante que celle du dernier Wallace et Gromit. Car il manque une personne sur ce film, le créateur de Wallace et Gromit et co-réalisateur de Chicken Run: Nick Park. Il manque sa folie. Même si Lord imprime un rythme d’enfer, on sent qu’il s’est un peu freiné sur la fin et qu’il aurait pu aller encore plus loin. Dommage! Enfin, l’équipage du Capitaine Pirate, bien que trés drôle et attachant, aurait pu être développé et présent un peu plus. Mais ne boudons pas notre plaisir, tonnerre de Brest! Ce film est un bain de jouvence ravigorant. Et qu’est-ce qu’on se marre! Note: 14/20
P.S: le film a été converti en 3D au montage. Moi, je l’ai vu en 2D (les 2 versions sont disponibles dans le cinéma où je l’ai vu). Apparemment, la 3D serait inutile, mais ça, on commence à être habitué. Alors messieurs les distributeurs, cessez d’imposer une version 3D quand vous disposez d’une version 2D! Tout ça pour gagner un peu plus d’argent…
P.S2: ne regardez pas la bande annonce du film avant de l’avoir vu car le dernier plan de cette dernière est….le dernier plan du film! Et en plus, c’est un bon gag!
Les Pirates-Bons à riens, mauvais en tout de Peter Lord, en salles depuis le 28 mars.
LA MAISON DE SOIE-The game is afoot!
Voici une nouvelle histoire « officielle » de Sherlock Holmes. Oui, on emploie le terme « officielle » car depuis la mort du créateur de Holmes, Sir Arthur Conan Doyle, il y a eu des nouvelles histoires « officieuses ». La différence est que l’auteur de La Maison de Soie, Anthony Horowitz, créateur de la série des Alex Rider, a obtenu l’autorisation et la bénédiction des ayants-droits de Conan Doyle pour écrire ce nouvel opus holmésien. On pourrait donc le classer dans le Canon (c’est à dire les histoires de Sherlock Holmes écrites par Conan Doyle en opposition aux récits apocryphes écrits par d’autres, après sa mort). Mais c’est une hérésie que je ne commettrai pas en tant qu’holmésien amateur! Au passage, il est curieux de voir que les héritiers se décident enfin à « parrainer » et « autoriser » une nouvelle histoire alors que ça fait un demi-siècle que d’autres le font, souvent avec réussite. Mystère, mystère…
Cette histoire inédite, relatée of course par le docteur Watson, se déroule en 1890. Elle commence par l’arrivée d’un marchand d’art au 221b Baker Street, Edmond Carstairs, qui vient consulter Holmes pour une affaire. Mais en révéler plus serait criminel de ma part, d’autant que l’histoire est plus complexe que de prime abord.
Après m’être tartiné depuis quelques temps des pastiches homésiens ratés, tels Le Secrétaire Italien et un autre (écrit par un auteur italien) dont j’ai oublié le titre (c’est dire!), j’ai commencé la lecture de La Maison de Soie avec méfiance. Mais j’avais tort car c’est une réussite complète!
Horowitz gagne sur tous les plans. L’histoire est bien agencée, le suspense omniprésent, les personnages sont tous admirablement dépeints et la révélation finale est à la hauteur de tout ce qui a précédé. Bref, d’un point de vue narratif, c’est réussi! Mais tout cela ne serait rien sans le style. Et avec un certain brio, Horowitz retrouve le style de Conan Doyle mais sans le singer bêtement. C’est toute la force de l’auteur. En plus, l’Angleterre Victorienne est admirablement décrite (on s’y croirait!) et le fond social (tels la misère des bas-fonds londoniens) est trés bien rendu. Encore une fois, félicitations à l’auteur.
Horowitz a parfaitement bien intégré la mythologie holmésienne. Les rapports Holmes/Watson sonnent juste tout comme les déductions et le caractère du détective. On retrouve avec plaisir l’inspecteur Lestrade, Mycroft Holmes (géniale discussion entre lui et son frère où avec leur art de l’observation, chacun déduit ce que l’autre a fait récemment) et les Irréguliers de Baker Street (les gamins des rues employés par Holmes) qui jouent un rôle important dans cette aventure. Et là Horowitz introduit de l’émotion et beaucoup de noirceur. Car il est bien sombre le secret de La Maison de Soie… L’horreur à laquelle feront face Holmes et Watson les traumatisera à jamais.
Enfin, il y a aussi un personnage qui n’apparaît que dans un chapitre, un personnage amené à jouer un rôle important dans le futur de Holmes. Le nouvel éclairage sur ce personnage est trés réussi tout comme la scène où il apparaît: un souper mystérieux et trés tendu. Mais chut!
Bref, les fans de Sherlock Holmes se délecteront de ce roman. En espérant que Horowitz se repenche un jour sur le cas de Holmes (il y a une allusion à Jack l’Eventreur)! Note: 16/20
La Maison de Soie (The Soalk House), éditions Calamnn-Lévy, 2011
P.S: le premier épisode de la saison 2 de Sherlock déchire! Vivement la semaine prochaine!
LES INFIDELES-Menteurs, menteurs
Le film à sketchs est un genre cinématographique en voie de disparition. Depuis Les Monstres, Les Nouveaux Monstres ou Creepshow 1 et 2, le genre s’est fait trés rare sur nos écrans. L’iniative des 2 acteurs (et amis dans la vie) Gilles Lellouche et Jean Dujardin est donc à saluer, d’autant que leur film est assez drôle et réussi.
Le sujet du film est l’infidélité masculine vue à travers plusieurs segments. Le prologue et l’épilogue servant d’introduction et de conclusion à l’ensemble, via le portrait de 2 serial infidèles, joués à la perfection par Dujardin et Lellouche. La fin est d’ailleurs assez osée. Fous rires garantis.
Tous les sketchs sont drôles et trés bien écrits. L’humour est potache, osé et décomplexé. Et dans le milieu assez plan-plan de la comédie à la française, ça fait du bien! On croisera pêle-mêle un séminariste en quête d’une aventure lors d’un week-end d’entreprise (Jean Dujardin pathétique et irrésistible en serial looser), un quadra qui sort avec une fille de 19 ans (formidable Gilles Lellouche), un obsédé sado-maso (Manu Payet, hilarant), un bourgeois BCBG (Guillaume Canet, excellent, il faudrait qu’il fasse plus de comédie), une thérapeute pour sex addicts irrécupérables (Sandrine Kiberlain, drôlissime à souhait),etc. Le film se permet tout. Dujardin, Lellouche et leurs co-scénaristes enchaînent les situations cocasses et les dialogues rentre-dedans avec une liberté de ton incroyable. Ils sont bien aidés par des réalisateurs qui ont mis leur talent à leur service (notamment Michel Hazavanicius ou Fred Cavayé).
Mais ce n’est pas que drôle. L’émotion pointe le bout de son nez assez souvent: le segment où Lellouche sort avec une Lolita est assez pathétique pour le personnage mais on finit par le plaindre quand on voit le décalage entre lui et sa copine et la souffrance qu’il ressent (Lellouche livre une de ses meilleures prestations). Et il y a « La Question » d’Emmanuelle Bercot (co-scénariste du Polisse de Maïwenn) où un couple se déchire. Au début, c’est drôle. Après, le malaise s’installe et ça devient assez violent. Alexandra Lamy et Jean Dujardin sont formidables dans ce segment.
Voilà, une bonne comédie,pas forcemment le truc super original qu’on attendait, mais c’est hilarant, (dé)culotté et assez jouissif. Note:13/20
Les Infidèles de et avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche, en salles depuis le 29 février.
JUSQU’A LA FOLIE-Liaison fatale
En 2009, un nouveau talent du thriller américain nous était révélé. Son nom: Jesse Kellerman. Son crime (parfait): Les Visages. Un bouquin incroyable entre tragédie familiale, rédemption et histoire de serial-killer. Dans l’univers codifié du suspense littéraire, Kellerman apportait du sang neuf. Il est, avec R.J Ellory (un génie), l’un des nouveaux écrivains de polar sur lesquels il va falloir compter. On attendait la suite avec impatience.
La suite? Jusqu’à la Folie (Trouble en anglais). Mais, et c’est là la première surprise, ce roman a été publié 2 ans avant Les Visages. Il a fallu le succès de ce dernier pour que les éditeurs français daignent traduire le reste de son oeuvre. Car Kellerman est un dangereux récidiviste. Il avait déjà frappé.
L’histoire est celle d’un jeune étudiant en médecine, Jonah. Il vit et poursuit des études de médecine à New-York. Il est en stage en chirurgie gastrique. Il est un peu cynique et développe une sorte de calme et de froideur pour endurer ce stage assez éprouvant. Une nuit, il sauve une femme d’une agression, la jolie Eve. Il tue son agresseur, en légitime défense. Eve lui est trés reconnaissante. Ils se reverront, tomberont amoureux…et l’enfer va s’abattre dans la vie de Jonah.
Que ceux qui s’attendent à une histoire similaire à celle des Visages, que ceux qui s’attendent à une histoire avec des rebondissements toutes les pages, que ceux qui s’attendent à croiser un tueur en série, tous ceux-là, passaient votre chemin. Parce que Kellerman nous propose autre chose, preuve de la diversité de son talent: une plongée dans la folie et plus exactement l’étude d’un cas pathologique. Car Jonah, en sauvant Eve, est tombé sur la mauvaise personne. Une cinglée, une vraie.
Et Kellerman va prendre son temps pour faire monter la sauce. Il nous décrit la vie de Jonah avec tellement de justesse qu’on croirait que c’est de lui-même qu’il parle. Jonah, prototype d’une jeunesse cynique, qui s’amendera tout au long du récit et deviendra plus humain au terme de cette histoire. A moins qu’il ne soit trop tard pour lui…Ce qui ont lu Les Visages, verront là une ressemblance entre les héros de ses deux romans (même détachement apparent et même humanisation progressive). On s’attache à Jonah. On lui découvre des fêlures. Sa relation avec son ancienne petite amie Hannah, par exemple. Un personnage et une situation bouleversants. Tous les personnages secondaires sont admirablement décrits et crédibles (le père d’Hannah, la soeur de Jonah, son avocat, son colocataire Lance qui introduit un humour bienvenue). Le style de Kellerman est à la fois alerte, précis, minutieux, parfois lyrique mais toujours juste. On prend le temps de découvrir Jonah et son entourage. Et puis tout se dérègle, progressivement.
La violence n’est pas éludée. Kellerman utilise le gore et sait nous retourner l’estomac. La description du service de chirurgie et son mode de fonctionnement est à la fois repoussante et fascinante. On espère une chose: ne jamais avoir besoin d’y aller. Et toujours ce sens du détail qui fait mouche: le personnel soignant qui se moque de l’anatomie des patients endormis qui passent au bloc, par exemple.
Et puis il y a le service pédopsychiatrie où Jonah poursuivra son stage. Au contact d’enfants malheureux, il fera preuve de plus d’empathie, même si ces rapports avec Hannah abondaient déjà dans ce sens, mais peut-être plus par obligation morale de la part de Jonah. Mais Eve est là et va piétiner sa vie.
Ah, Eve! Je ne dirai rien de plus, je vous laisse faire connaissance avec elle. Mais sa psychose peut aller loin et Kellerman, habile, sait doser les effets à son sujet. On a l’impression, au début, qu’elle est gentiment toquée. C’est bien pire. Et l’angoisse monte progressivement pour Jonah et pour le lecteur. Kellerman frappe toujours quand on ne l’attend pas. Eve est un personnage qu’on n’oublie pas. Un personnage qui confond amour et destruction, inadapté à notre monde, ou alors c’est notre monde qui est inadapté à elle. On pourrait presque l’aimer. C’est un personnage fascinant mais dangereux…pour elle et les autres.
En tout cas, voilà un formidable roman. De part son style, ses personnages, sa description des étas d’âme et de la folie, il rappelle furieusement la façon d’écrire de Stephen King. Vivement le prochain crime littéraire de Jesse Kellerman! Note: 17/20
Jusqu’à la folie de Jesse Kellerman, éditions des Deux Terres, octobre 2011
LA DAME EN NOIR-Knockin’ on Hammer’s door
Il y a trois ans et demi, le réalisateur James Watkins nous livrait un survival sauvage et incroyable, Eden Lake. Aujourd’hui, il nous revient avec un film gothique et surnaturel, produit par la légendaire firme britannique Hammer Films qui tente de renaître de ses cendres.
Fin du XIX ème siècle, en Angleterre. Arthur Kipps, un jeune avoué londonien, a du mal à se remettre de la mort de son épouse malgré l’amour qu’il porte à son jeune fils de quatre ans. Il est envoyé par son cabinet dans le nord-ouest du pays, afin de régler les affaires d’une veuve récemment décédée. Celle-ci habitait dans une maison isolée du reste d’un petit village, la maison des marais, qui est séparée du reste du monde pendant 2 à 3 heures chaque jour à cause de la marée. Arthur va vite se rendre compte que les villageois sont hostiles à son égard et que la maison des marais abrite un spectre revanchard qui a peut-être un lien avec les morts violentes et mystérieuses de certains enfants du village.
La Dame en Noire est l’adaptation d’un roman de l’écrivain anglais Susan Hill. L’adaptation est signée Jane Goldman, la scénariste habituelle de Matthew Vaughn (Stardust, Kick-Ass, X-Men-Le Commencement). Le soin accordé à la névrose du personnage d’Arthur, l’empathie qu’on éprouve face à lui ou au personnage joué par Ciaran Hinds (excellent acteur qu’on voit trop rarement), dénote un certain talent pour tout ce qui touche à l’intimité des personnages. Et c’est le point fort du film.
Car La Dame en Noire est avant tout un film d’atmosphère, une atmosphère morbide, délétère mais aussi poétique, émouvante et angoissante. Le ton est d’ailleurs donné dès la scène d’ouverture, étrange et traumatisante. Les apparitions du fantôme font sursauter (même si elles ne sont pas aussi terrifiantes que le réalisateur l’aurait voulu). La maison des marais est remarquablement mise en scène par Watkins, qui joue admirablement de ses longs couloirs et de ses portes mystérieuses. La longue scène centrale où Arthur est seul dans la maison est un modèle de suspense et de gestion de l’espace. La présence de jouets mécaniques dans le décorum accentue l’étrangeté du lieu (tout comme les poupées et la dînette de la scène d’ouverture).
La photographie, tout en clair-obsur, est magnifique tout comme l’ensemble des décors. Daniel Radcliffe livre une bonne prestation même si il est trop jeune pour le rôle et qu’il manque de « vécu ». Certains détails sont à la fois bizarres et émouvants, comme cette femme qui pouponne ses chiens pour compenser la mort de son fils. Une certaine angoisse se diffuse tout le long du film, même si ce n’est pas non plus la grosse frayeur annoncée. Et puis, il y a cette fin à la fois émouvante et terrible, douce et ambigüe, qui vous étreint la gorge.
Malheureusement, il ya quelques défauts: quelques effets spéciaux pas toujours au top et des personnages secondaires laissés à l’abandon, comme le couple d’aubergistes. C’est le même problème que dans le Sleepy Hollow de Tim Burton: les habitants du petit village sont à peine esquissés et manquent de profondeur. Un comble quand on sait que la présence de la dame en noire a des conséquences sur la vie du village! On aurait aimé que Watkins s’y attarde un peu plus.
En l’état, La Dame en Noire reste un trés bon film gothique. Un film hanté par le deuil, la tristesse, la mélancolie et le souvenir des êtres disparus. Bref, si c’est votre truc (comme moi!), n’hésitez pas! Note: 15/20
La Dame en Noire (The Woman in Black) de James Watkins, avec Daniel Radcliffe et Ciaran Hinds, en salles depuis le 14 mars.
TOI SEUL-Le complot de la plage
Il existe une catégorie de romans spécialement écrits pour les scéances de bronzage à la plage. Ces romans sont généralement écrit dans une langue trés simple et raconte une histoire pas trop « prise de tête ». En lisant le premier roman de David Rosenfelt, Toi Seul, j’ai eu cette sensation, sauf que j’étais pas en train de bronzer à la plage.
L’histoire est celle de Tim Wallace, dont l’épouse disparait en mer dans l’explosion de leur bateau. La police le soupçonne, à tort, mais doit classer l’affaire, faute de preuves. Quelques mois plus tard, lors d’une soirée du Nouvel-An, un inconnu aborde Tim. Il est saoûl (l’inconnu, pas Tim). Il lui déclare avoir tuer une femme, lui indique où il a enterré le cadavre et disparait. Le lendemain, en se réveillant, Tim se demande si on lui a fait une mauvaise blague. Il décide d’enquêter.
Que ceux qui s’attendent à un suspens domestique diabolique ou à une histoire de serial-killer machiavélique passent leur chemin! L’auteur se débarrasse rapidement de tout suspens, en nous présentant la chose comme un complot contre le pauvre Tim, un complot politique car Tim travaille à la sécurité de Bâtiments fédéraux. Voilà, encore du déjà-vu! Le postulat de départ, intéressant, ne tient pas trente pages! Dès lors, l’histoire enquille les clichés et les situations convenues (tueur à gage mystérieux et psychopathe, homme politique corrompu, homme d’affaire sans scrupule, etc) et s’enlise dans la routine d’un thriller bas de gamme, tout en lorgnant du côté d’Harlan Coben.
Les rebondissements sont prévisibles à souhait et le frisson, chez le lecteur, inexistant. Le pire, c’est ce style simpliste et plat qui annule toute tension dramatique. Les personnages sont des clichés ambulants (le flic pugnace, le meilleur ami dévoué, la cruche de service). Rosenfelt essaie de leur donner de l’épaisseur mais échoue lamentablement.
Le pire est atteint lors d’un climax final bâclé et d’un épilogue consternant de 2 pages, évacué à la « va comme je te pousse ». Et puis, il ya cette tournure stylisque du début et de la fin écrite à la première personne quand bien même, tout le roman est écrit à la troisième. Sensée refléter le témoignage d’un témoin-mystère du drame (mais on saura qui c’est à la fin), cette figure de style est hautement improbable car comment ce témoin peut-il décrire les pensées du tueur à gage? Ou nous décrire le big boss du complot sur son yacht?
Mal écrit, peu passionnnant, ne réclamant pas un trés gros effort intellectuel, Toi Seul se lit distraitement. Un vrai roman de page! Note:05/20
Toi Seul de David Rosenfelt, Le Cherche Midi , 2011
JOHN CARTER-Un Mars et ça repart!
En décembre dernier, sortait sur nos écrans le sympathique Mission:Impossible-Protocole Fantôme de Brad Bird, transfuge des Studios Pixar. Cette semaine, c’est à un autre réalisateur Pixar, Andrew Stanton (Le Monde de Nemo, Wall-E), de nous livrer son premier film « live ». Pour ce faire, il a choisi d’adapter le premier tome des aventures de John Carter, Une Princesse Martienne, du romancier Edgar Rice Burroughs, le papa littéraire de Tarzan. Stanton est fan de la saga John Carter (qui comporte 11 volumes) et a pu concrétiser son rêve de gosse grâce au Studio Disney qui lui a alloué un budget confortable.
L’histoire se déroule pendant la Guerre de Sécession, en 1878. Recherchant une mine d’or légendaire et poursuivi par l’armée, le capitaine John Carter se retrouve propulsé, en pénétrant un sanctuaire indien sacré, sur Mars, en fait la planète Barsoom pour ses habitants. Là, il devra prendre fait et cause pour libérer une princesse et son peuple du joug d’un tyran.
Au niveau de la réalisation, Stanton asssure. Son film est magnifique. L’imagerie fantastique et science-fictionnelle est riche, colorée et nous propulse dans un monde incroyable. C’est du grand space-opera! Les décors et les effets spéciaux sont trés réussis (la tribu des Tars est même largement mieux que celle des habitants de Pandora dans Avatar). Les scènes d’exposition sont bien écrites. Les scénes d’action sont fluides et bien agencées, même si on peut noter un léger abus de caméra portée qui nuit à la lisibilité de certains affrontements. De ce point de vue, le spectacle est réussi et enthousiasmant. Devant ce film, on retombe en enfance. L’alliance du space opera et du péplum y est pour beaucoup. Personnellement, je voulais rester sur Barsoom, une fois le film fini!
Autre bon point, Stanton n’édulcore pas la sauvagerie de certains aspects de l’oeuvre de Burroughs: notamment les Tars et leurs moeurs guerrières basées sur la loi du plus fort (le sort de leur progéniture est vraiment limite: il est élevé comme du bétail!). Assez incroyable pour une production Disney!
Les personnages sont attachants, même les plus secondaires ( ah le Woola! J’en veux un!). La relation entre le chef des Tars et sa fille est trés émouvante. Sous la cuirasse du guerrier, on sent poindre une sensibilité synonyme de faiblesse pour les autres membres de la tribu. John Carter est incarné par le fougueux Taylor Kitsch (!), qui compense un certain manque de charisme (en gros, c’est pas encore Russell Crowe!) par un côté têtu et volontaire qui sied bien au personnage, avec une petite touche d’humour. Mais le plus intéressant chez Carter, c’est son individualisme forcené et sa volonté de ne s’engager dans aucune guerre et aucune cause. Un flash back douloureux nous révélera l’origine de ce trauma. Bien sûr, tout cela sera remis en cause par sa rencontre avec la princesse d’Helium, dont il va tomber amoureux. Cette dernière est incarnée par Lynn Collins. Trés belle fille mais niveau jeu dramatique, par contre, c’est zéro! Le personnage féminin apparait alors comme une aimable potiche alors que elle est censée être une femme de savoir et de pouvoir!
Néanmoins, le film accuse quelques baisses de rythme (le film dure 2h20). La trame est assez simpliste et souffre d’un air de déjà-vu. Le méchant tyran n’est pas terrifiant pour un sou et les mystérieux magiciens qui l’aident ont des motivations assez nébuleuses (vivement la suite!). Et Stanton en fait parfois trop au niveau péripéties et sombre parfois dans le kitsch (normal, vu le nom de son acteur! lol). Mais quoi? Le spectacle est total! Et on nage en plein esprit sériallesque! Comme je vous l’ai dit, on retombe en enfance et c’est tant mieux! Et il y a une scène où Carter et son Woola font face à une horde d’indigènes en plein désert, je vous dis que ça! Spectaculaire!
En gros, un blockbuster imparfait, un peu kitsch mais attachant, spectaculaire et enthousiasmant! Note: 13/20
John Carter de Andrew Stanton, en salles depuis le 07 mars