HORNS-Ange déchu
La vie de Ig Perrish (Daniel Radcliffe) est devenue un véritable cauchemar: sa fiancée Merrin (Juno Temple) a été assassinée et il est accusé du meurtre. Comme si cela ne suffisait pas, il se réveille un beau matin avec une paire de cornes sur la tête. Il va se rendre compte que ses cornes poussent les gens qui l’entourent à lui dévoiler tous leurs petits secrets inavouables. Ce qui va pouvoir peut-être l’aider à retrouver le meurtrier de Merrin…
Horns est le sixième long-métrage du français Alexandre Aja et le quatrième qu’il réalise de suite aux Etats-Unis après La Colline A Des Yeux (2006), Mirrors (2008) et Pirahnas 3D (2010). Ayant mis en stand-by son projet d’adaptation de Cobra pour cause de financement insuffisant (mais Aja n’a pas renoncé à ce film pour autant!), il se voit confier la réalisation de Horns, l’adaptation d’un très bon roman de l’américain Joe Hill. Ce qui n’aurait pu être qu’une commande alimentaire se transforme en un beau film fantastique dans lequel Alexandre Aja s’est beaucoup impliqué.
Niveau réalisation, le frenchie expatrié à Hollywood n’a rien perdu de son savoir-faire. Sa mise en scène est élégante, classique et dotée de plans qui impriment la rétine. Il faut signaler la magnifique lumière dans laquelle baigne le film et qui lui donne un aspect de rêve éveillé. Dès le début, on est scotché au personnage d’Ig, incarné par un excellent Daniel Radcliffe enfin affranchi de ses binocles de petit sorcier et qui livre une magnifique prestation sur le fil du rasoir entre émotion à fleur de peau et accès de colère. Le film s’ouvre sur le magnifique plan d’un couple allongé dans l’herbe. Puis il enchaîne sur Ig, filmé à l’envers sur le sol, qui émerge d’une cuite. Comme le personnage, nos repères sont brouillés. Nous avancerons doucement dans l’histoire au rythme des souvenirs d’Ig. Le film a parfois des allures de rêve obsédant.
Comme le roman de Joe Hill, le film a un ton particulier. On pourrait dire qu’il y a trois films en un: un film fantastique, une satire au vitriol de la nature humaine et une déchirante histoire d’amour perdu. Le côté fantastique vient des cornes de Ig et de leur pouvoir. Ig doit expier ses fautes et assumer sa part d’ombre pour retrouver la lumière. Le personnage ressemble parfois à un démon tentateur qui pousse les gens à avouer leurs fautes. Ce qui débouche sur l’aspect satire. On rit beaucoup des aveux des « victimes » de Ig. Toutes les petites mesquineries, les petites rancoeurs et les désirs coupables éclatent au grand jour. L’hypocrisie des soi-disant bonnes mœurs de l’Amérique est ici mis à mal. Le film possède un vrai humour noir frontal qui n’a peur de rien. Mais depuis Pirahnas 3D, on savait que Aja était un cinéaste malpoli et qui ne s’en excusait pas! Il nous gratifie ainsi d’une attaque jouissive de serpents sur un personnage particulièrement détestable…
Mais là où le film nous cueille, c’est avec cette formidable histoire d’amour entre Ig et Merrin. Ils se sont rencontrés enfants. Il faut signaler, à ce propos, la formidable séquence où Ig se souvient de son enfance. Ce long flash-back enfantin rappelle les productions Amblin des années 80 et décuple encore plus la sensibilité du film. Cette sensibilité se retrouve dans la manière dont Aja filme, avec délicatesse et romantisme, nos deux tourtereaux (soyons clair, Juno Temple est magnifique). Ig se souvient de son amour décédé et culpabilise de sa mort. Le personnage est un ange déchu, chassé du paradis de l’amour et qui se retrouve confronté au Mal, celui des autres et celui qu’il porte en lui. Le film se mût alors en un vrai mélodrame fantastique, sans cynisme aucun. Et puis impossible d’oublier une scène aussi forte et terrible que celle où Ig confronte son frère Terry ( extraordinaire Joe Anderson) à ses démons.
Alors on pourra regretter des effets spéciaux too much sur la fin qui décrédibilisent un peu le climax émotionnel final, même si l’imagerie fantastique convoquée est hallucinante. Et puis la résolution de la mort de Merrin demeure un poil convenue (cela passait mieux dans le roman). Néanmoins, Horns demeure un film fantastique singulier et attachant, donc à voir! Note: 14/20
Horns de Alexandre Aja, avec Daniel Radcliffe, Max Minghella, Joe Anderson, Juno Temple et David Morse, en salles depuis le 1er octobre.
GEMMA BOVERY-Fantasmes
Un ancien éditeur parisien nommé Joubert (Fabrice Luchini) s’est installé depuis 7 ans dans la campagne normande où il a repris la boulangerie familiale. Un beau jour, de nouveaux voisins s’installent dans la maison d’en face, un couple d’Anglais: Charles et Gemma Bovery (Jason Flemyng et Gemma Arterton) . La tranquille petite vie de Joubert va voler en éclats puisqu’il tombe sous le charme de Gemma et qu’il découvre d’étranges similitudes entre elle et l’héroïne de son roman fétiche: Madame Bovary de Gustave Flaubert.
Le film d’Anne Fontaine (Nettoyage à Sec, La Fille De Monaco) est assez réussi mais demeure étrange. Cela tient principalement à sa construction. La première partie est clairement comique. On voit un pauvre homme lassé et fatigué qui se met à fantasmer comme un malade sur sa charmante nouvelle voisine. Tout cela est léger, drôle et coloré. Anne Fontaine joue très bien de la jolie lumière normande. Elle égratigne, au passage, la vie nonchalante de province, mais sans jamais tomber dans la caricature. Le réveil sexuel de son héros nous fait rire. On passe un bon moment.
Mais le film bascule complètement par la suite et déjoue nos attentes. La deuxième partie est plus dramatique et plus sombre. C’est le portrait d’une épouse qui s’ennuie dans son couple (malgré un mari aimant) et dans sa vie, une femme qui a besoin de s’accomplir et de vivre pleinement sa vie de femme. Anne Fontaine nous intéresse à cette Gemma Bovery, dont on suit les hésitations, les coups de cœur et les peines avec intérêt. Le film s’achemine vers le drame, que personne n’aurait pu prédire, et s’achève sur une note mélancolique. Anne Fontaine conclura cependant avec un épilogue comique, très drôle et bien vu, mais qui casse un peu l’émotion ressentie auparavant.
Ce qui peut décevoir dans son film, c’est que le parallèle entre Gemma Bovery et Emma Bovary n’est pas assez poussé et que les fantasmes de Joubert finissent par être laissés de côté pour une romance assez plate (mais torride!) entre Gemma et le jeune châtelain local. Joubert imaginait des choses et le début jouait très bien de cette situation. Ensuite, Anne Fontaine préfère montrer ce qui se passe vraiment et le film obsessionnel attendu ne vient pas. Du moins pas complètement. Car, heureusement, Anne Fontaine retombe sur ses pieds dans son dernier acte.
La véritable Emma Bovary de l’histoire, c’est…Joubert! Qui s’ennuie à mourir dans sa petite vie provinciale ? Joubert. Qui rêve secrètement de passion romantique en lisant Flaubert et en regardant sa voisine anglaise? Joubert. Joubert se rêve écrivain. Il n’est que le personnage de sa propre histoire…et de sa névrose. Car si le personnage fait rire au début, il devient rapidement inquiétant. Joubert se mêle de la vie de Gemma, persuadé qu’il est qu’un drame va avoir lieu. Le personnage est un obsédé et un voyeur de la pire espèce, assez pathétique. Fabrice Luchini est extraordinaire dans ce rôle: tour à tour drôle, tourmenté, résigné à son sort et amoureux, bien sûr. Joubert causera deux fois le malheur de Gemma, sans le vouloir, mais en se mêlant de ce qui ne le regarde pas.
Et puis, il y a Gemma Arterton. Cette jeune femme est un véritable poème à elle seule. Une promesse. Une lumière d’espoir. La comédienne, belle à se damner, épouse toutes les contradictions de son personnage avec aisance. Après Tamara Drewe et Byzantum, elle prouve qu’elle est une grande comédienne, douée d’une grande sensibilité….et d’une grande sensualité. Rien que pour elle, le film vaut le détour. Note: 14/20
Gemma Bovery, de Anne Fontaine, avec Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Jason Flemyng, en salles depuis le 10 septembre.
LES GARDIENS DE LA GALAXIE-Risque minimum
Alors le voilà, le space opera ultime, le chef d’œuvre auto-proclamé de Marvel, le film que certains vendaient comme culte bien avant sa sortie… et son tournage! Pour le studio Marvel, ces Gardiens représentaient un risque. Les personnages (inventés dans les années 70) ne sont pas les plus populaires auprès du grand public, faisant même figure de parfaits inconnus. Marvel ne choisit pas la facilité, d’autant qu’elle engage, comme réalisateur de la chose, James Gunn. Ancien scénariste de la firme Troma, réalisateur de Horribilis et Super, deux films politiquement incorrects et rentre-dedans (surtout le deuxième), Gunn réalise ici son premier blockbuster. Le doute était parmi. Alors qu’en est-il à l’écran? Et bien, mes amis, ce film est le prototype même du film sur lequel il est très dur d’écrire. Pourquoi? Parce qu’on ne peut ni crier au génie, ni crier à la purge tant le métrage suscite une sorte de léthargie intellectuelle et émotionnelle.
Pourtant tout démarre formidablement bien: un prologue prenant et émouvant qui expose le trauma du personnage de Peter Quill/Starlord, un générique de début où le même personnage danse sur fond de tube des années 80. C’est assez percutant et original pour un space opera. Gunn nous présente ensuite ses personnages d’une façon assez réussie. Le réalisateur a recours à l’humour façon burlesque lors d’une course poursuite entraînante où quatre des futurs Gardiens s’affrontent. Il embraye ensuite sur une longue séquence carcérale qui culmine lors d’une évasion jouissive. Gunn fait des miracles. Tout le long, son film est agréable à l’œil, ses scènes d’action sont bien découpées, les sfx et les décors sont prodigieux. Et puis nous avons 5 personnages principaux qui sont loin d’être conventionnels et font figure d’anti-héros badass. Les personnages de Rocket et Groot sont irrésistibles et demeurent la grande attraction du film. Gunn nous fait rire avec eux et aussi émouvoir, lors de scènes assez déchirantes. Bref, on se dit qu’on tient le blockbuster ultime! Patatra, la suite fait tout retomber par terre.
Il est vraiment curieux de remarquer qu’une première partie aussi jouissive est suivie par une deuxième d’une banalité confondante. Les défauts s’accumulent pour notre plus grand déplaisir. Le principal tient au méchant de l’histoire: Ronan. Encore un méchant monolithique, avec un balai dans le cul, doté d’une grosse voix, qui veut tout casser et détruire les autres. Un personnage sans relief, que Gunn essaie de nous présenter comme terrifiant, et se fait avoir comme une merde par un ahuri qui danse devant lui! Incroyable! On a l’impression de revoir Thor 2! Visiblement, Marvel tient une recette et se contente de l’appliquer sagement de film en film sans rien renouveler, ou si peu. D’autres défauts? Le combat entre Gamora et Nebula, vite expédié. Comment se satisfaire de ça quand on vient de voir l’affrontement entre César et Koba dans La Planète Des Singes-L’Affrontement? Et la liste s’allonge avec le personnage du Collecteur qui ne sert strictement à rien dans le développement de l’histoire et n’a droit qu’à une scène et un retour après le générique de fin en compagnie d’un des personnages les plus insupportables de Marvel! Un gros camouflet pour Benicio Del Toro qui n’a rien à défendre! L’humour et toutes les répliques drôles finissent par tomber à plat et plombent, quasiment à chaque fois, un moment d’émotion très réussi. Quant au personnage de Starlord, il est parfois insupportable!
James Gunn a réalisé un film qui a le cul entre deux chaises. Pas totalement personnel et trop déférent envers le studio qui le produit. Où est passé l’auteur de Super? La bataille finale est très bien faite mais le manque d’intérêt de la trame principale et le rythme poussif (on se surprend à bailler) font trouver le temps long. Et puis ces anti-héros qui rejoignent rapidement le camp de l’autorité et de l’ordre établi…Lamentable! On a même droit à une tirade de Drax le Destructeur sur « mon dieu, toute cette colère, cette haine. Mais maintenant j’ai des amis et c’est bien! Soyons tous unis et heureux! » Voilà, un tueur qui devient un boy-scout! Heureusement qu’il reste Rocket et Groot! On a droit à un début de love story qui ne s’assume pas entre Gamora et Starlord (pas de bisous, pas de sexe, on est chez Disney!). James Gunn livre, au final, un blockbuster lisse, aseptisé, sans aspérité. Franchement décevant de sa part! Tout est calibré pour plaire au public de base: une scène d’action, une scène d’émotion, une scène de rigolade, une scène d’action, une scène d’émotion, une scène de rigolade,… Jusqu’à ce final moraliste sur l’air de « l’union fait la force »….comme dans Avengers, quel hasard, dites donc! Allez, on se console avec les trois premiers quarts d’heures qui restent excellents ainsi qu’avec le personnage de Yondu (hilarant Michael Rooker), plutôt réussi. Quant à Thanos, s’il n’est pas raté sur le plan du design, il n’est pas non plus très effrayant. Vivement la suite? On verra bien… Note: 09/20
Guardians Of The Galaxy, de James Gunn, avec Chris Pratt, Zoé Saldana, Bradley Cooper, Glenn Close, Benicio Del Toro, en salles depuis le 13 août.
Hors sujet
« J’écris à l’aventure » Joachim Du Bellay, Les Regrets
Je n’ai rien de spécial à écrire. Et pourtant, je suis derrière mon clavier (non pas Christian! Vous êtes vraiment dégueulasses!) à taper sur les touches pour former des mots et des phrases que vous êtes en train de lire. Pourquoi? J’en sais rien! J’avais envie d’écrire, sans raison particulière, juste pour le plaisir. Faut-il avoir quelque chose d’important à exprimer pour pouvoir écrire? Je ne crois pas. Tout le monde a le droit d’écrire ce qu’il veut, quand il veut même si l’inspiration lui fait défaut. Regardez, j’entame déjà ma cinquième ligne, c’est incroyable! A la base, je n’avais rien à dire! Zéro inspiration. Juste l’envie d’écrire un article de façon gratuite et soudaine. Là, je vais aller à la ligne, histoire de finir mon premier paragraphe!
Quand je pense que je ramais souvent pour écrire des paragraphes dans mes dissertations à la Fac, alors que j’avais un sujet donné (mais que je n’avais pas choisi!). Là, aucun sujet et je gribouille très facilement! Bref, je suis là, vous êtes là et c’est cool! Mais bon, il faut que je trouve des choses intéressantes à dire sinon vous allez vous ennuyer! Voilà un challenge: écrire un article sans sujet donné ni ligne directrice! Au hasard et à l’aveugle! Allez, on y va! (paragraphe 2 bouclé! Magique!)
Je vais vous épargner les remarques banales et fatigantes sur la météo. Les bulletins d’informations font ça mieux que moi. Je pourrais aussi disserter sur les guerres et les maladies qui ravagent le monde ou vous pondre une chronique sur l’économie et la crise. Mais on a que ça à longueur de journée. C’est important mais bon…Et puis, qui suis-je pour avoir la prétention d’écrire là-dessus?!! Laissons le monde et ses problèmes là où ils sont. Et puis, vous les retrouverez quand vous aurez fini de lire cet article futile et inutile. Alors que nous reste-t-il? Pas grand chose! Mais c’est souvent dans ce pas grand-chose qu’on fait les meilleurs soupes! Et puis la soupe, c’est bon, ça fait grandir, fusse-t-elle froide! (et de 3! Comment ça, je suis lourd?!!)
Il y a des gens sur Internet qui tiennent un blog en forme de journal intime. Ils y racontent leurs vies dans les moindres détails, sans aucune pudeur. Toujours sans aucune pudeur, certains se repaissent à les lire, vivant leur vie par procuration. Mettent-ils du vieux pain sur leur balcon? Je ne sais pas. D’autres essaient de se reconnaître là-dedans et de trouver des gens qui traversent les mêmes galères qu’eux afin d’y trouver une solution. Les blogs, ce formidable outil de communication, sont devenus stériles et répétitifs pour la plupart. Je ne dois pas échapper à la règle. Nous essayons de communiquer et de laisser une trace de nos pensées, de ce que nous étions à un moment donné. Bref, tout ça pour dire que je ne parlerais pas de ma vie privée, elle ne regarde que moi. Dois-je, pour intéresser le lecteur, évoquer ma liaison avec une célèbre actrice hollywoodienne? Non! Achetez-vous Closer ou Voici et basta! Non, la vie privée doit rester privée. Cela nous fait un sujet de moins à traiter!
L’amour? On rejoint le privé! C’est impudique! Mais on peut parler de l’amour en général….Mouaif, bon, c’est saoulant. Et puis, ça va ennuyer les célibataires. Déjà qu’on les fait chier à longueur de journée avec ça! « Et pourquoi t’es seul(e)? », « Pourquoi tu vas pas sur Meetic? », etc. Les sites de rencontres, ça craint, point barre! Tout le monde ment à tout le monde sur ces sites à la noix! La solitude est peut-être le mal du siècle, et alors? Il existe des couples qui passent leur temps à s’engueuler! Mais l’amour reste une belle chose. Un espoir. C’est un petit rayon de soleil qui perce la brume parfois épaisse du quotidien….Mon dieu, que c’est mièvre! Au secours!
Tiens, j’ai une idée! Je pourrais tenter un mix entre vie privée et amour. En évoquant un amour de ma vie passée, sans dire de nom comme ça je dévoile pas un truc énorme sur ma vie actuelle. Quand j’étais au collège, j’étais amoureux d’une fille mais j’ai jamais osé lui dire. Voilà! Pas de détail superflu ni scabreux! Je ne me mouille pas trop! Continuons! Au lycée, j’avais une prof d’anglais iconoclaste et super sexy. Tous les garçons étaient amoureux d’elle même s’ils ne l’auraient jamais avoué. En plus, c’est la meilleure prof d’anglais que j’ai eu! Avec elle, on bossait et on progressait. Je peux pas mentionner son nom mais je la remercie pour tout! Et puis, elle faisait le show en cours. Irrésistible, drôle et spirituelle. La classe! Même quand elle se moquait d’un élève devant toute la classe, ce dernier en venait en rire tellement c’était fun! Un jour, un de mes camarades a mis une rose sur le pare-brise de sa voiture de sport. On a jamais su ce qu’elle en avait pensé. C’est loin tout ça….
Bon, que me reste-t-il d’autre à écrire? Je sais pas. Je dois vous gonfler là. Certains ont déjà du abandonner la lecture de cet article sans queue ni tête. Cela ne fait rien. Tant pour eux et merci aux autres de rester! Si on parlait cinéma? Hier, j’ai vu en salles Nos Pires Voisins. Comédie américaine bien grasse et vulgaire, aux personnages caricaturaux et aux dialogues débiles. Pas terrible mais il y a des moments assez énormes qui font bien rire. On passe plutôt un bon moment. C’est important de rire. Il faut toujours rire! De soi-même, des autres, du retour de Sarko, de la mort, de l’amour! Il faut rire! Le politiquement correct nous bouffe trop la vie! C’est un corset qui nous fait étouffer! Il nous rend malades et tristes et, trop souvent, on le fait payer aux autres. Alors, rions! Même sans raison!
Bon, je crois qu’on commence à entamer notre descente. Nous sommes bientôt arrivés à destination, soit la fin cette chronique. Veuillez attacher vos ceintures. Tout va bien se passer. Le pilote ne sait pas bien ce qu’il fait mais tout va bien, on va arriver entier. Nous aurions pu parler de tant d’autres choses. Du boulot, par exemple. On est en vacances mais la rentrée se rapproche, inexorablement. La reprise se profile et avec elle son lot de problèmes, petits ou grands, réels ou imaginaires. Mais bon, faut bien gagner sa croûte, hein?
Je rame de plus en plus pour finir ce texte. Je suis pathétique. Que dire d’autre? Profitez de la vie, soyez heureux, etc. Voilà, c’est fait! Finalement, c’est encore plus dur d’écrire sans savoir de quoi on va parler. Je crois que je vais finir par du n’importe quoi.
Il fait chaud. Le soleil brille. Les orages guettent. Je mets un CD des Doors, L.A Woman. Riders on the storm… Je n’ai pas mis de chaussettes. Mais j’ai mis un slip propre ce matin. C’est fascinant, hein? Et vous? ça va? Tout va bien? Aimez-vous le son du vent qui siffle dans les arbres?
Bon, je crois que je vais mettre un point final. Vous venez certainement de lire l’article de blog le plus inintéressant qui existe. Mais l’est-il plus que ceux que j’évoquais plus haut, ces journaux intimes où on apprend que machine est sortie en boîte, a dragué le frère de son mec, a passé la nuit avec un inconnu mais a quand même trouvé le temps de se brosser les dents le lendemain matin? Je ne sais pas. A vous de me dire….
NB: Je dédie ce texte à Winona Ryder.
LA PLANETE DES SINGES: L’AFFRONTEMENT-L’âme des guerriers
Dix ans se sont écoulés depuis les évènements de La Planète Des Singes: Les Origines. Le virus dit de la grippe simiesque a ravagé l’humanité. Pendant que le monde des humains sombrait dans la mort et le chaos, la petite colonie du singe César a prospéré dans les montagnes aux alentours de San Francisco. Le groupe s’est agrandi et est devenu une véritable tribu. Désormais père de famille, César veille sur les siens et demeure le leader des singes, épaulé par son bras droit Koba. Mais une colonie d’humains s’installe dans les ruines de San Francisco. La rencontre est inévitable….
En 2011, la Fox lançait un reboot de La Planète Des Singes, une de ses franchises les plus rentables: 5 films (dont un, le premier, devenu un des grands classiques de la SF), une série TV et un remake en 2001. Ce dernier, réalisé par Tim Burton, n’a pas convaincu les fans malgré un gros succès commercial. Une suite avait été envisagée mais rapidement abandonnée. Au bout de dix ans, la Fox décide de tout reprendre a zéro. D’abord craint et décrié sur Internet, le reboot sort à l’été 2011 et fait un carton au box-office. Mais la plus grande réussite (et surprise) c’est la qualité du film présenté. La Planète Des Singes: Les Origines est un bon film, très émouvant, qui relance avec talent et originalité une franchise moribonde. La Fox se frotte les mains et donne son feu vert à la suite. Malheureusement, suite à des désaccords avec la production (notamment sur les délais de tournage) le réalisateur du premier volet, Rupert Wyatt, quitte le navire, bientôt suivi par l’acteur principal James Franco. Matt Reeves (Cloverfield, Laisse-Moi Entrer) est engagé pour remplacer Wyatt. Ces problèmes de pré-production font craindre le pire au public. Jusqu’à ce que la première bande-annonce tombe et jusqu’à ce que le film sorte enfin.
La réussite de ce deuxième long-métrage est incontestable. Dés les premières séquences, Matt Reeves (ancien collaborateur de J.J Abrams) prouve qu’il est bien l’homme de la situation. Le début du film est entièrement centré sur la tribu de César et nous montre son quotidien. Les humains n’ont pas leur place ici. D’ailleurs César et les siens pensent qu’ils sont tous morts et qu’il n’y a aucun survivant (au détour d’un dialogue, on apprend qu’ils n’ont plus vu d’humains depuis deux ans). Le film s’ouvre sur le regard et le visage de César, avec des peintures de guerre. Puis le réalisateur embraie sur une scène où les singes chassent du gibier. C’est rapide, barbare et brutal. On voie les rapports complexes qui se tissent entre César, son fils aîné et Koba, fidèle jusqu’à la mort à César. Les scènes de la vie en communauté sont formidables. La photographie est juste fabuleuse. on a la sensation de ressentir les bois, le froid, l’humidité et la brume. A plus d’un titre, on pense au 13éme Guerrier de John McTiernan. On assiste à une scène de naissance d’une émotion à fleur de peau. Et on découvre que César, sous ses airs de guerrier farouche, est un personnage calme et réfléchi.
Bien sûr, tout ceci ne va pas durer. L’arrivée d’un groupe d’humains va tout changer. Les humains cherchent juste à rallier un barrage pour faire repartir l’électricité. Mais dans les deux camps, le ressentiment est profond envers l’autre bord. Les humains rendent les singes responsables de la propagation du virus qui les a décimés (en fait, les deux se sont échappés du même laboratoire mais les singes n’ont rien à voir avec la contamination). Quant aux singes de la première génération (celle de César), ils ne peuvent oublier les tortures dont ils ont été les victimes durant leur captivité. Koba est animé d’un profond sentiment de vengeance et demeure partisan de tuer tous les humains, sans exception, même si César est contre. Matt Reeves fait intelligemment monter la tension durant tout le milieu du film. En fait, le film va à l’encontre du tout spectaculaire en vogue dans les blockbusters actuels et prend le temps de raconter une histoire. Les relations entre les personnages sont ainsi très bien écrites. Dans les deux camps, il y a deux personnages, ayant beaucoup souffert, et qui souhaitent la paix entre les communautés: César et Malcolm (Jason Clarke). Ils vont apprendre à se connaître et à se faire confiance. L’amorce d’un dialogue se crée. Malheureusement, la haine de l’autre et le fanatisme vont conduire à l’affrontement inévitable. Il est remarquable de constater que le film est proche de l’actualité: intolérance, communautarisme,…
La dernière partie du film concentre des morceaux de bravoure spectaculaires. L’assaut des singes contre la « forteresse » des humains est tétanisant. Matt Reeves le filme d’une façon classique mais spectaculaire. C’est du grand Cinéma! La violence n’est pas éludée. Le spectacle est guerrier et galvanisant. Tout ceci se déroule de nuit, à la lumière des flammes. Il y a un retour à l’état primitif évident. Une fois de plus, on pense à McT et son 13ème Guerrier (Matt Reeves est-il un fan de ce film?). Des images restent: Koba chargeant sur un cheval, mitraillette à la main, ou le plan-séquence sur le char avec la bataille en arrière-plan. Koba est un personnage très important et assez terrifiant voire retors (CF sa parade face aux deux gardes). Dreyfus, le personnage de Gary Oldman, prend son ampleur à partir de ce moment: un ancien militaire, leader malgré lui d’une communauté, mais qui ira jusqu’au sacrifice pour la protéger. Le film s’achève sur un duel épique entre deux personnages, sur une ancienne tour en construction: là aussi un formidable morceau de bravoure cinématographique.
Le film est aussi politique. Il évoque le pouvoir et les responsabilités qui incombent à celui qui l’exerce. La trahison et la manipulation politique ainsi que la terreur (début de dictature) et le concept d’extermination d’une race sont aussi traités. Pas mal pour un simple blockbuster! Mais ce qui fait le plus mal, c’est l’amère déception qui domine à la fin. Ceux qui veulent la paix, malgré l’amitié et le respect qui les unissent, ne peuvent accomplir leur rêve d’unité. Et la guerre se profile dans les yeux d’un chef juste et pacifique, qui doit redevenir un guerrier sans pitié pour protéger les siens… Note: 17/20
(à souligner les extraordinaires performances de Andy Serkis (César) et Toby Kebbell (Koba), qui méritent tous les oscars du monde! Et, bien sûr, le boulot formidable des responsables des effets spéciaux!)
Dawn Of The Planet Of The Apes, de Matt Reeves, avec Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell et Toby Kebbel, en salles depuis le 30 juillet.
THE RAID 2-Action!
En 2012, le réalisateur gallois, mais expatrié en Indonésie, Gareth Evans scotchait tout les fans de film d’action (à quelques exceptions) avec The Raid. The Raid était un film ultra-généreux en terme d’action mais aussi un formidable défi cinématographique: l’action se passe dans un lieu unique, un immeuble, durant un raid de la police contre des malfrats. Les combats d’arts martiaux succèdent aux fusillades dans une ambiance putride, à la limite du film d’horreur (certains plans évoquent Carpenter). Quant aux prouesses martiales des combattants, elles sont hallucinantes! Alors comment faire une suite à un film qui repoussait les limites sans tomber dans la redite et la surenchère?
Réponse: en faisant quelque chose de différent et en répartissant et améliorant les scènes d’actions. Ainsi, The Raid 2 devient un film de…2h30! Assez incroyable! Mais le film n’est jamais ennuyeux tant Gareth Evans sait imprimer du rythme à son scénario, à son montage et à sa réalisation (il occupe les trois postes sur les deux films). La grande surprise de cette séquelle est la qualité de son script. Là où le premier volet sacrifiait l’histoire et les personnages sur l’autel de l’action, la suite s’évertue à raconter une histoire plutôt bien écrite. Le film est ainsi ample et a des résonnances tragiques. C’est une histoire de gangsters qui évoquent Infernal Affairs ou Le Parrain (toutes proportions gardées, hein!). Les trahisons et les rapports de force se succèdent sans temps mort. Les dialogues sont bien écrits et riches en menaces et sous-entendus. On assiste à des rapports entre un père et son fils (formidables Tio Pakusodewo et Arifin Putra) qui oscillent entre l’amour et la haine. Gareth Evans y appose une réalisation léchée avec de très beaux mouvements d’appareil et une photographie sublime (les scènes d’intérieur sont remarquablement éclairées). Bref, vous vous dites « Mais c’est vraiment la suite de The Raid?!! »
Oh que oui! Déjà le film démarre juste après l’assaut du 1. On suit le même héros, Rama, dans une nouvelle mission: infiltrer une organisation criminelle pour faire tomber des policiers corrompus. Et surtout, côté action, on est dans la droite ligne du premier. Gareth Evans s’est surpassé! A ce niveau, c’est une symphonie de coups de pieds, de coups de poings, de combats à mains nues et de quelques fusillades. Sans tout dévoiler, on peut citer le combat carcéral dans la boue, celui dans la boîte de nuit (un seul contre toute une bande) ou dans l’atelier vidéo porno clandestin (très glauque!) la poursuite en voitures, le combat final dans la cuisine (véritable duel entre deux combattants sur près de 10 minutes, le clou du spectacle!). D’autant que Evans les filme à merveille: tantôt caméra à l’épaule pour souligner la brutalité des combats, tantôt dans un style plus posé, et toujours de façon assez lisible. Et il nous tricote des mini plans-séquences impressionnants! Certains personnages impriment la rétine: le tueur clochard, la muette et borgne aux marteaux, son compagnon à la batte de base-ball). Il y a des touches d’humour (très noir) mais aussi beaucoup de sang et de larmes (le film est interdit aux moins de 16 ans). Mais Evans arrive à caler des petits moments d’émotion (comme les rapports entre le tueur clochard et son ex-femme et son amour pour son fils) très intenses (l’un d’eux sur fond de Grande Sarabande de Haendel est proprement déchirant).
Mais qu’on ne s’y trompe pas! The Raid 2 est avant tout une série B d’action musclée, qui n’a pas d’autre justification que d’en foutre plein la tronche au spectateur. Un idéal de film d’action qui ridiculise pas mal de ses concurrents américains ou européens (pleure Luc Besson!). C’est presque du cinéma de quartier décomplexé, s’il n’y avait pas la durée et le script ambitieux. Est-ce le film le plus original de la décennie? Non! Est-ce un putain de roller-coaster émotionnel et violent qui ravira les fans de films d’action? Oui! Note: 15/20
The Raid 2-Berandal, de Gareth Evans, avec Iko Uwais, Arifin Putra, Tio Pakusodewo, en salles depuis le 23 juillet.
BIG BAD WOLVES- Loup, y es-tu?
Israël. Des petites filles sont enlevées, torturées et décapitées par un maniaque. Un suspect, professeur de collège, est appréhendé mais relâché, faute de preuves. Le flic chargé de l’enquête et le père d’une des victimes, le kidnappent pour lui faire avouer ses crimes. Mais la situation va déraper…
A lire le résumé de l’intrigue, on ne peut s’empêcher de penser au récent Prisonners, sorti l’automne dernier dans nos salles. Mais le traitement est radicalement différent. A l’ambiance grise et pluvieuse du film de Denis Villeneuve, les réalisateurs/scénaristes Aharon Keshales et Navot Papushado optent pour une ambiance lumineuse et chaude. Mais ce qui marque le plus dans le film israëlien, et qui n’était à aucun moment présent dans Prisonners, c’est l’humour noir qui est présent dans les 3/4 des scènes. Et c’est peut-être cela qui va décontenancer certains spectateurs. Ce qui se passe dans Big Bad Wolves est proprement horrible, que ce soit au niveau des meurtres d’enfants ou des actes de torture sur le principal suspect. Et tout cela est contre-balancé par des dialogues incisifs et des situations parfois burlesques. On se croirait chez Tarantino (d’ailleurs, ce dernier a adoré le film!). On se met à rire. Mais pour autant, le rire s’étrangle face à l’horreur. C’est tout le talent des réalisateurs qui nous font passer de l’humour à la détresse la plus totale.
Tarantino est convoqué mais aussi Polanski, pour l’aspect huis-clos. La majeure partie du film se déroule dans une cave, avec trois personnages. Leurs rapports changent tout au long du film. Les trois acteurs sont remarquables, chacun dans leur rôle respectif. On comprend les trois à la fois et on ressent toute l’ambigüité morale de la situation. Les repères entre le bien et le mal sont brouillés. Le film est inconfortable et nous interroge sur notre sens des valeurs. Voilà un film qui n’est pas du tout formaté!
Le scénario ménage quelques surprises cocasses comme la rencontre avec le cavalier arabe, où le conflit entre juifs et musulmans est évoqué sans lourdeur et d’une façon subtile (l’un des protagonistes a peur, l’autre, vétéran du Liban, respecte son « adversaire »). Il serait criminel de tout dévoiler. La réalisation est brillante, avec des mouvements de caméra et des plans admirables (la partie de cache-cache du début avec une superbe musique, la poursuite dans les rues de la ville, toutes les scènes de la cave). Et l’émotion éclate quand on s’y attend le moins. Il faut attendre le milieu du film pour que le père évoque sa fille assassinée et son trauma personnel. Et le métrage s’achemine vers une fin terrible, cruelle et traumatisante. On sort de la salle secoué.
Alors, oui, il y a peut-être un excès d’humour noir, mais ce film mérite le détour. Ames sensibles s’abstenir. Note: 16/20
Big Bad Wolves de Aharon Keshales et Navot Papushado, avec Lior Ashkenazi, Rotem Keinan et Tzahi Grad, en salles depuis le 2 juillet.
Hier ne meurt jamais
L’autre jour, j’écoutais tranquillement une compilation des plus grands succès de la Motown, ce studio américain de soul music qui a connu son heure de gloire dans les années 60 et 70. Une personne de mon entourage m’a fait remarquer que j’écoutais de la musique de vieux. Une autre personne présente a opiné en lançant un « C’est clair! ». Stupeur, indignation, consternation! (oui j’aime bien me victimiser en employant des grands mots. Je suis un peu comme Caliméro, sauf que j’ai pas de coquille sur la tête et que je suis pas un poussin.)
C’est le genre de réflexion que j’ai du mal à supporter. Car qu’est-ce que ça veut dire « musique de vieux »? Si par là on entend de la musique qui date de plus de 20 ans, nous sommes un paquet à en écouter de la « musique de vieux! » Non, il vaut mieux être à la page, écouter la bonne musique de maintenant, le dernier truc à la mode qui fait danser les foules et chavirer les cœurs (putain, c’est beau, on dirait du Barbelivien!). Cette attitude s’appelle le jeunisme. Je hais le jeunisme. Je le hais depuis que je suis jeune. En fait, j’étais déjà vieux quand j’étais jeune. Ce principe de n’écouter que ce qui se fait maintenant, ce manque d’ouverture et de culture, ça m’hérisse le poil. Je bloque sur ce genre de réflexion, je l’avoue. Je manque de souplesse, c’est vrai. Mais quand même, faut pas abuser!
J’ai toujours cherché à savoir ce qui se faisait avant. J’avais l’impression (et je l’ai toujours) que c’était important. A 12-13 ans, j’ai commencé à regarder des films classiques (Hitchcock, Chaplin, films des années 70, etc). J’ai entamé une éducation cinématographique. C’est comme ça que je suis devenu cinéphile. J’ai fait la même chose pour la musique. En 91, j’avais 12 ans quand Freddie Mercury, le leader de Queen, nous a quitté. Un copain m’a alors fait découvrir les compils du groupe Queen. Je suis devenu fan et durant le reste de mon adolescence, j’ai écouté tous leurs albums studio. Je les écoute encore car c’est toujours mon groupe préféré. Cela m’a donné envie d’écouter et de découvrir les musiques d’avant: ACDC, Dire Straits (suite au sublime On Every Street qui passait en boucle sur les ondes en 92), Led Zeppelin, Iron Maiden, Metallica, Pink Floyd, U2, Billy Joel (oui, je suis fan!), les Beatles, les Rolling Stones, etc. Et puis j’ai découvert le rock américain des années 50/60 ainsi que Frank Sinatra ou Dean Martin…punaise, j’ai des goûts de vieux, hein?
1994, le film Philadelphia sort sur les écrans et Streets Of Philadelphia cartonne. J’adorais cette chanson. Je décide d’en savoir plus sur son auteur/interprète: Bruce Springsteen. J’écoute toutes ses anciennes chansons. Je les traduis avec un pauvre dico franco- anglais. Et je deviens fan. De la musique. Des textes. Les paroles résonnaient en moi. Une chanson comme The River me procure toujours une émotion intense quand je l’écoute. Même chose pour le chanteur français Renaud. J’étais plutôt rebel et la découverte de ce chanteur m’a conforté dans mes idées! Et je crois que j’ai pas trop changé…
Alors oui, je m’intéresse aux œuvres du passé. J’aime découvrir des trucs modernes et nouveaux. Mais je ne laisse pas tomber les classiques pour autant. Si écouter une compil de la Motown, c’est être « vieux », ok, je le suis. Je pense que ça a plutôt à voir avec le fait d’avoir une culture musicale (ou cinématographique dans le cas du 7ème Art, ou littéraire pour la littérature). Savoir ce qu’on faisait avant permet aussi de comprendre ce qui se fait maintenant. Ce n’est pas être « vieux » que d’avoir cette démarche. Mais c’est parfois dur de le faire admettre!
(N.B: finalement, je ne leur en veux pas à ces deux personnes qui ont critiqué ce que j’écoutais, c’était plus pour me taquiner qu’elles ont fait ça. Enfin, j’espère!)^^
THE ROVER-L’homme de nulle part
Dix ans après la « chute » (une sorte de catastrophe mondiale dont on ne saura rien de plus précis), un homme (Guy Pearce) arrive dans un relais perdu du désert australien, au volant de sa voiture. Mais il va se faire voler celle-ci par une bande de braqueurs. L’homme, déterminé à récupérer son bien, se lance à la poursuite des voleurs. Il emmène avec lui le frère blessé d’un des braqueurs, un retardé mental (Robert Pattinson), pour qu’il lui montre le chemin…
Il y a trois ans, le réalisateur australien David Michôd avait frappé un grand coup avec son premier long-métrage Animal Kingdom. Faux film de gangsters et vraie tragédie familiale, Animal Kingdom avait révélé un réalisateur/scénariste doué pour les ambiances poisseuses et sachant remarquablement gérer la tension dramatique de son récit. Le voir revenir avec un film à la Mad Max avait de quoi séduire. Et le début de The Rover est juste formidable. Michôd, sans jamais rien expliquer de la catastrophe qui a plongé le monde dans le chaos, dépeint un univers apocalyptique crédible sans discours superflu et sans voix-off de narrateur. En cinq minutes, on sait où on est. On est déjà scotché aux basques de son « héros ». Celui-ci est un homme taciturne, frustre et fermé. Il est incarné à la perfection par un Guy Pearce minéral à souhait mais dont chaque regard peut exprimer une menace sourde et diffuse.
Le début est donc bluffant: vol de la voiture, poursuite et prise d’otage du frère du chef des braqueurs. Tout cela est non seulement extrêmement fluide mais la tension est palpable à chaque plan. Tout le film est filmé de main de maître, à ce niveau. La réalisation de Michôd est ample et il sait tirer le meilleur parti du désert australien et de ses longues routes abandonnées. Michôd sait aussi resserrer son cadre sur les personnages quand il le faut (lors des moments de discussions et de violence). Bref, il donne à son film une allure de cauchemar. Un cauchemar écrasé par le soleil et la chaleur où les hommes sont prêts à défendre les armes à la main le peu qu’ils possèdent. Michôd nous gratifie aussi de scènes bizarres voire malsaines (l’achat de l’arme, la vieille femme sur son fauteuil) voire émouvantes (la visite chez la femme médecin). Après ce début fracassant et terrassant, on se dit qu’on tient un chef d’œuvre du genre.
Malheureusement, Michôd semble ne pas savoir comment meubler son histoire minimaliste. Le milieu du film est assez ennuyeux et la tension retombe. On se surprend même à bailler. Il ne se passe plus rien. Pourtant, la réalisation est toujours aussi parfaite. Et les acteurs sont remarquables. Pattinson joue enfin avec talent, incroyable! Dans un rôle d’homme-enfant à la fois candide et imprévisible (voire violent), il est littéralement bluffant. Le problème est qu’on ne croit pas, à l’écran, à ce duo improbable. Quelque chose ne fonctionne pas. L’alchimie entre les deux acteurs est parfaite mais leurs scènes dialoguées sont assez longues et redondantes. L’ennui guette le spectateur qui se dit que tout cela va se traîner vers une fin paresseuse.
Et c’est là que Michôd se réveille et nous sort de notre torpeur! L’acte final retrouve le niveau du début. Tout cela se finit par un règlement de comptes tendu et bouleversant entre deux frères (là, on retrouve l’auteur d’Animal Kingdom). Mais c’est la toute fin qui emporte l’adhésion. Le personnage de Guy Pearce, qui était jusqu’ici un homme borné qui veut simplement récupérer sa voiture, devient plus humain et son obstination plus compréhensible (une scène du milieu du film trouve alors un autre éclairage). Ce final nous serre la gorge et on ne peut s’empêcher de se dire: « Toute cette violence simplement pour… ».
The Rover est un film qui sort des sentiers battus, qui est une véritable expérience émotionnelle, un film singulier donc précieux mais qui souffre de longueurs inutiles. Michôd le fait durer 103 minutes là où 80 ou 85 auraient suffi. Néanmoins, on continuera de suivre la carrière de ce réalisateur atypique. Note: 13/20
The Rover, de David Michôd, avec Guy Pearce et Robert Pattinson, en salles depuis le 4 juin.
THE HOMESMAN-A l’ouest, du nouveau?
Fin du 19ème siècle, au Nebraska, une femme seule (Hilary Swank) est chargée de ramener des femmes ayant perdu la raison dans leur foyer d’origine. Elle engage un cow-boy bougon (Tommy Lee Jones), qu’elle sauve d’une pendaison, pour la seconder dans ce long voyage.
En 2005, l’acteur Tommy Lee Jones (Le Fugitif, Men in Black) nous avait étonnés avec son premier long-métrage, le formidable Trois Enterrements. Près de dix ans plus tard, il remet le couvert, cette fois pour un western. Et le résultat est loin d’être aussi convaincant. Le film a pourtant de nombreuses qualités. Pour commencer, s’intéresser à des femmes malades mentales est assez nouveau dans le western. A l’aide de quelques flashs-backs violents et assez insoutenables, Jones nous montre ce qui les a amenées à perdre la raison (inceste, viol, mort d’un enfant). Il évoque ainsi la dure vie des femmes à cette époque, victimes d’un milieu hostile et de la violence des hommes (les hommes sont ou des lâches ou des brutes, ou les deux à la fois). Peu à peu, les deux héros du film tissent des liens avec ces femmes. De ce point de vue, le résultat est touchant et émouvant.
Toujours dans cette optique féministe, le personnage d’Hillary Swank est remarquable. Il s’agit d’une femme en apparence dure et déterminée mais qui s’avère souffrir de la solitude et qui a peur de vieillir seule. Tour à tour forte et fragile, agaçante et émouvante, revêche et généreuse, Hilary Swank livre une formidable prestation. Elle est le cœur et l’âme de ce film. Dès la première scène, drôle mais cruelle, on la comprend et on finit par l’aimer.
Côté réalisation, Tommy Lee Jones a fait du bon boulot. C’est du classicisme assumé (voire un peu désuet) mais il filme admirablement ses paysages et la photo est magnifique. Surtout, Jones se révèle très fort dans les scènes intimistes. Il arrive à susciter beaucoup d’émotion chez le spectateur. Le film demeure quasiment jusqu’à la fin juste et touchant. Jones nous gratifie aussi d’une scène formidable: celle de l’hôtel perdu en plein désert. Il y évoque la lutte des classes déjà à l’œuvre à l’époque et le mépris des classes dirigeantes envers les simples gens. La vengeance n’en sera que plus terrible!
Alors qu’est-ce qui ne fonctionne pas? Tout simplement que Jones n’assume pas le fait de faire un western pur et dur mais plutôt une étude de caractères. Le film manque singulièrement de rythme et de péripéties. Les Indiens? Les trafiquants? Vite évacués! Le film se traîne jusqu’à une fin quelque peu ratée. Pressé de délivrer un message féministe, Jones accouche d’un final pas terrible, trop lourd et pas assez subtil. Dommage! Autre gros défaut: son interprétation calamiteuse. Jones en fait des tonnes dans le registre vieux grincheux vulgaire et ne nous amuse pas beaucoup. Et puis il y a cette scène de sexe ridicule qui n’a rien à faire là! D’autant qu’elle précède un moment de grande intensité dramatique très réussi, lui.
Dommage donc! Le film demeure singulier mais Jones ne réitère pas son exploit de Trois Enterrements. Mais bon, c’est toujours mieux qu’une horreur comme La Dernière Caravane! Note: 12/20
The Homesman de et avec Tommy Lee Jones, avec aussi Hilary Swank, en salles depuis le 18 mai.